Dans les ruelles ombragées du littoral sud-ouest où les traces de la précarité sont présentes, un nouveau dynamisme se fait ressentir : Bouze Zenes. Ce programme social novateur donne aux jeunes l’opportunité de révéler leur potentiel et de construire un avenir meilleur. Avec Le Dimanche/L’Hebdo, découvrez cette initiative reflétant la résilience d’une communauté en pleine transformation.
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Un souffle nouveau anime les jeunes de Bel-Ombre, Baie-du-Cap, Saint-Martin et Rivière-des-Galets. Dans un environnement où ils sont nombreux à se retrouver marginalisés, souvent confrontés à l’oisiveté, aux défis sociaux et aux cicatrices laissées par la précarité, Bouze Zenes apparaît comme une lueur d’espoir. Ce programme social transforme leur quotidien en offrant des outils d’autonomisation, des espaces d’expression et des moments de partage.
Réalisé par la Rogers Foundation en partenariat avec des ONG telles que Lovebridge, PILS, DRIP, Active Mauritius et JA Mascareignes, Bouze Zenes a vu le jour grâce au soutien de Heritage Villas Valriche et d’Agrïa, avec la collaboration de Rogers Hospitality, filiales du Groupe Rogers opérant à Bel-Ombre. Initié en avril 2024, ce programme social se déploie autour de trois axes essentiels. D’abord, il favorise le développement personnel, encourageant les jeunes à grandir tant sur le plan social que personnel. Ensuite, en matière de sport et de remise en forme, Bouze Zenes offre l’opportunité de découvrir de nouveaux sports et d’adopter un mode de vie plus actif. Enfin, il se concentre sur l’employabilité, en renforçant la rétention d’emploi, en préparant les jeunes au marché du travail, en les initiant à l’entrepreneuriat et à la littératie financière.
Plus de 100 jeunes, âgés de 8 à 20 ans, pleins d’enthousiasme et de curiosité, ont participé à une dizaine d’ateliers variés, couvrant un large éventail de thématiques, de l’employabilité au développement personnel, durant les week-ends et les vacances scolaires. La collaboration avec les ONG a permis de garantir une expertise de qualité et une adaptation aux besoins des participants.
En ligne avec sa stratégie de développement durable et inclusif, le Groupe Rogers, à travers Bouze Zenes, s’engage à dynamiser les communautés locales et à favoriser un développement inclusif à Bel-Ombre. Pour évaluer son efficacité, des indicateurs de performance sont utilisés afin de suivre l’impact à court et à long terme. Bouze Zenes vise à semer les graines d’un changement durable dans la vie de ces jeunes.
« Depi Avril, monn dekouver boukou zafer ki zame mo ti panse mo ti pou aprann. Monn trouv bann nouvo pasion. Monn osi gagn plis konfians an mwa ek mo espere ki program-la kontinie pou ed ankor plis zen kouma mwa », confie Grégory, un des jeunes participants. C’était lors de la cérémonie de remise des certificats de cette première cohorte, à La Place du Moulin, le vendredi 29 décembre, en présence d’une centaine d’enfants, de partenaires, de Philippe Espitalier-Noël, CEO de Rogers, et de Thierry Sauzier, CEO d’Agrïa. L’événement s’est terminé par une prestation de Norah Julie et un concert de Bigg Frankii, tous deux très appréciés par les jeunes présents.
Alors que le programme Bouze Zenes poursuit son chemin à Bel-Ombre avec une nouvelle saison qui débute en janvier 2025, de nouvelles opportunités verront le jour pour renforcer les compétences et améliorer le bien-être de ces jeunes participants. Représentant un véritable levier pour l’autonomisation des jeunes et le développement durable de la communauté, Bouze Zenes aspire à créer un impact positif et durable sur le long terme dans la région de Bel-Ombre en mettant l’accent sur le développement personnel, le sport et l’employabilité.
Corinne Stoutenbeek, Project Manager au sein du groupe Rogers, souligne que Bouze Zenes vise à montrer aux jeunes qu’il existe de nombreuses opportunités et possibilités pour leur avenir : « C’est ce qui les encouragera à rêver et à envisager d’autres projets de vie. En leur offrant un accès à une discipline sportive, à des sensibilisations sur leur corps et leur sexualité ainsi qu’à des ateliers de gestion financière (Financial Literacy), Bouze Zenes leur fournit des outils essentiels pour leur avenir. Ces initiatives sont particulièrement cruciales pour les adolescents vivant dans des zones reculées et précaires de Maurice. »
Pour plus d’informations et rejoindre cette communauté, rendez-vous sur la page Facebook : Bouze Zenes.
Corinne Stoutenbeek, Project Manager chez Rogers : «Cette démarche vise à favoriser l’inclusion»
Elle reste résolument engagée sur les questions de justice sociale et climatique. « C’est le fil rouge qui traverse toute mon expérience personnelle et professionnelle depuis plus de 20 ans », confie Corinne Stoutenbeek à Le Dimanche/L’Hebdo. Project Manager au sein du groupe Rogers, elle est au cœur des initiatives de développement durable pour le territoire de Bel-Ombre. En poste depuis septembre 2023, elle se consacre pleinement à l’évolution de cette région en harmonisant les dimensions sociales, culturelles et environnementales.
En l’espace d’une année, plusieurs projets ont été lancés sur le territoire de Bel-Ombre. L’aspect social est l’un des grands axes qui se distinguent. Corinne Stoutenbeek explique qu’une étude socio-économique, réalisée en collaboration avec Kantar Analysis, a été menée pour la zone allant de St-Martin à Rivière-des-Galets, en passant par Bel-Ombre, couvrant ainsi toute la partie littorale du sud-ouest. « À partir des principaux besoins identifiés, nous avons ajusté le programme social Bouze Zenes que nous poursuivrons dans les années à venir », dit-elle.
Quels sont les besoins urgents de la communauté de la région ? La Project Manager met en avant des priorités telles que l’éducation, la santé, les infrastructures, l’employabilité, le logement, et les défis économiques. Elle met également l’accent sur la perception générale de la région. « Parmi ces enjeux, l’éducation et l’employabilité sont les deux priorités majeures », précise-t-elle.
En effet, parmi les 620 personnes interrogées dans cette zone, seulement 3 % ont atteint un niveau d’éducation tertiaire. De plus, 45 % des sondés se disent pessimistes quant à leurs perspectives professionnelles. « Ces deux problématiques ont orienté l’élaboration du programme social que nous avons conçu. C’est également pour cette raison que nous avons décidé de nous concentrer sur la jeunesse. »
Avec le programme Bouze Zenes lancé en avril 2024, elle concède que l’un des plus grands défis a été de définir la tranche d’âge cible à mobiliser. « Initialement, nous avions choisi de viser les 15-18 ans, pensant qu’ils allaient bientôt entrer sur le marché du travail et qu’il fallait les préparer. Cependant, nous avons constaté qu’ils étaient souvent les plus occupés, moins disponibles et moins ouverts. » De plus, ajoute-t-elle, des enfants plus jeunes étaient également intéressés. « Finalement, nous avons élargi la cible du programme pour inclure différentes catégories d’âge, ce qui nous permet d’accompagner ces jeunes jusqu’à leur maturité. »
Co-construire ensemble est un processus porteur qui donne du pouvoir aux villageois»
Le programme Bouze Zenes a été très bien accueilli par les résidents et les parents de Bel-Ombre, poursuit Corinne Stoutenbeek. « En collaboration étroite avec Caritas, qui gère un centre d’éveil que nous soutenons, nous avons réussi à mobiliser la jeunesse », précise-t-elle. Une campagne de communication a été lancée sur les réseaux sociaux pour atteindre les jeunes. « Les jeunes, notamment ceux de plus de 13 ans, ont été particulièrement réactifs aux messages diffusés via WhatsApp et Facebook. Une page dédiée, Bouze Zeness, a été cruciale pour engager les participants et les informer des activités », souligne-t-elle.
L’objectif principal de ce projet social est de favoriser le développement personnel à travers des animations sportives, la préparation à la vie professionnelle et des ateliers éducatifs. Ainsi, pour les plus jeunes, des ateliers créatifs ont été organisés, mettant en avant le vivre-ensemble. Les adolescents, quant à eux, ont participé à des séances de partage et d’écoute, ainsi qu’à des discussions sur des thématiques cruciales comme la sexualité et les dangers de la drogue. Les jeunes ont également participé à des sessions de sensibilisation à la gestion d’un budget personnel sous forme d’ateliers de Financial Literacy. Des sorties pédagogiques ont, de plus, été organisées à leur intention, notamment à La Vanille Nature Park, La Terre des Sept Couleurs et Odysséo.
La participation des jeunes à Bouze Zenes a été variée mais constante, adaptée selon l’âge des participants. De plus, les activités sportives et sorties pédagogiques ont également accueilli 25 enfants à chaque fois, avec un système de rotation qui a permis à chaque participant de bénéficier pleinement du programme.
Corinne Stoutenbeek partage une observation surprenante de la première édition de Bouze Zenes : « Nous avons réalisé que nous avions sous-estimé combien il est important pour les jeunes de se rassembler. Habituellement, ils vont à l’école et rentrent ensuite directement chez eux, sans véritable moment de réunion ou de rencontres collectives. »
Elle confie avoir fait le même constat lors de la cérémonie de clôture de la première édition de Bouze Zenes. « La cérémonie de clôture, avec la remise des certificats, concert et danse, a été marquante. On sentait l’enthousiasme de ces jeunes. Les voir se réunir et danser tous ensemble était un moment fort et révélateur. »
L’essentiel, aujourd’hui, est que ce programme social continue pour accompagner durablement cette génération de jeunes à Bel-Ombre, tout en accueillant de nouveaux participants. Ainsi, si pendant les vacances scolaires, différentes sorties seront organisées, « en janvier 2025, les ateliers reprendront, avec des thèmes variés. Une nouvelle dimension culturelle et artistique sera introduite, avec des cours de musique qui commenceront dès janvier. Nous envisageons aussi de mettre en place l’accompagnement scolaire des jeunes ».
Consciente que tisser des liens solides avec la communauté est un défi majeur, elle reste optimiste : « Co-construire ensemble est un processus porteur qui donne du pouvoir aux villageois. C’est une démarche visant à favoriser l’inclusion et le mieux-vivre ensemble. »
Les défis
Les lieux de rencontre pour le programme Bouze Zenes ont été variés : la Place du Moulin, le terrain de football de Saint-Martin et les installations du Mauritius Sports Council. Malgré cette diversité, le manque d’un véritable complexe multisports se fait cruellement sentir dans cette région.
« Le village hall n’est pas adapté aux besoins des jeunes. Pour l’instant, nous utilisons les infrastructures existantes, mais un espace dédié, où nous pourrions développer des activités sur le long terme, serait idéal. Une collaboration avec les ONG et les institutions publiques serait nécessaire », précise-t-elle.
Pour Corinne Stoutenbeek, une infrastructure sans animation est inutile : « Il faut un accompagnement, un encadrement personnel et professionnel durable. Ce n’est pas seulement une question de loisirs, mais bien d’un encadrement humain et d’un engagement fort des animateurs. »
Quant aux besoins évidents de la région, Corinne Stoutenbeek énumère : « Une équipe de rugby est sans terrain pour s’entraîner, des champions de boxe sont sans infrastructures adaptées et il y a un réel manque de coachs pour accompagner les jeunes. »
Un suivi financier solide est indispensable pour assurer la pérennité des séances sportives et des ateliers pédagogiques et récréatifs. « Le Groupe Rogers, à travers ses diverses entités comme Agrïa et Rogers Hospitality, reste pleinement engagé. Il est essentiel de garantir la pérennité du projet. Le groupe s’investit beaucoup et continuera de s’engager », précise-t-elle.
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