On les appelle les mamans-anges. Elles ont eu la douleur de perdre leurs bébés. Mayrose a perdu son nouveau-né le 26 juillet, quelques heures après son accouchement. Elle pointe du doigt le personnel hospitalier, car, selon elle, on aurait oublié de placer son bébé dans un incubateur comme recommandé par le médecin. Elle nous ouvre son cœur pour un témoignage déchirant.
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Elisa. Elle s’appelait Elisa et elle devait faire le bonheur de ses parents, Mayrose et Richard Laprovidence. Mais, elle n’est plus. Née à 15h07 le jeudi 26 juillet, elle est morte vers 23h45. Mayrose, admise cinq jours plus tôt, a accouché à sept mois d’un bébé prématuré, mais en bonne santé. « Le médecin nous a dit qu’elle se portait bien, mais qu’il fallait la placer en incubateur, car elle était prématurée. C’est la recommandation que le docteur a faite au personnel soignant en service ce jour-là. » C’est là qu’il y aurait eu une faille de la part du personnel soignant, selon le papa. « Après l’accouchement, il n’y avait pas d’incubateur disponible, mais les infirmiers nous ont rassurés qu’ils feraient le nécessaire dans quelques minutes. »
Entre-temps, Mayrose est conduite en salle post-natale. Après les heures de visite, soit vers 17h45, son mari décide d’aller voir le bébé avant de rentrer chez lui. « Quand je suis arrivé pour demander si tout allait bien, c’est là que l’infirmier, paniqué, est allé chercher le bébé pour le placer en incubateur, explique Richard. J’ai remarqué qu’ils courraient dans tous les sens, l’un d’eux a lancé que le bébé avait des difficultés à respirer et on m’a demandé de rentrer chez moi. » Peu avant minuit, le même soir, il reçoit un appel téléphonique et une voix lui annonce la mauvaise nouvelle: « Bebe la inn desede. Dezole. Sinpati. » Ces mots résonnent encore dans sa tête...
Les excuses de l’infirmier
Il décide de ne rien dire à sa femme tout de suite. « So tension ti for ek mo pa ti anvi ki so letat anpire. » Personne donc n’en a parlé à Mayrose qui demandait des nouvelles de son bébé. Le lendemain matin, Richard se rend avec sa mère et sa belle-sœur à l’hôpital. «On a refusé de me montrer le bébé, j’ai insisté et nous avons pu le voir. Par la suite, ils ont repris le petit cadavre pour l’incinération. »
Richard ajoute avoir réclamé des explications à l’hôpital. « Dan lopital, zot habitie truv dimoun, zanfan, ti baba mor ek kitfwa sa nepli sok zot, me pou nou se pa enn lekor ki met dan bwat pou al brile. Pou nou, se enn zanfan ki nou ti pe atann depi lontan, ki ti pou vinn sanz nou lavi net ek ki nou inn perdi. » Puis, il y a eu une rencontre avec les infirmiers. « Responsab lopital inn koz ek docter, ek docter inn dir ki li ti dir met baba dan incubater deswit. Kan responsab la inn fer appel infirmier, linn dir pa ti ena plas apre li ti pu met li, me linn blie. » Il précise que l’infirmier lui aurait par la suite présenté des excuses. « Linn dir mwa exkiz li pou sa erer la ek linn demann mwa pa al de lavan ek sa akoz li ena 11 ans servis ek li pou gayn problem dan travay. »
Un tatouage en hommage
Mayrose confie que c’est de retour chez elle qu’elle a appris que son bébé était mort. « Mon mari se comportait d’une manière bizarre et, finalement, il m’a tout dit. Nous avons longtemps pleuré ensemble. Toutes les affaires du bébé étaient prêtes. Elle avait une belle chambre qu’on lui avait spécialement préparée.» Pendant des jours, elle fait des cauchemars Elle sombre dans la dépression. Aujourd’hui, elle souhaite obtenir des réponses. Elle veut que justice soit faite. « Si on avait placé ma fille immédiatement dans l’incubateur, elle serait toujours en vie », argue-t-elle.
Nous avons contacté le ministère de la Santé et l’hôpital Jeetoo. Un préposé a répondu qu’après les doléances des parents, enquête est en cours. Le certificat de décès du bébé fait mention d'‘extreme prematurity’ comme cause de mortalité. Toute une famille pleure le départ de cette petite princesse qui n’a vécu qu’une dizaine d’heures. Ses parents ont tatoué son prénom en souvenir de leur ange.
Les doléances ne correspondent pas à la plainte
Richard et Mayrose avancent que le document, remis par l’hôpital pour faire part de leur plainte, ne correspond pas à ce que le papa a dit. « Mon mari ne sait pas lire, souligne-t-elle. Quand il est allé à l’hôpital pour faire enregistrer sa plainte, il a expliqué que le bébé n’avait pas été placé dans l’incubateur. Or, ce n’est pas ce qui a été écrit. Sur le papier, on parle d’un incident selon lequel « enn infirmiere inn koz for ek mo madam ». Il a signé le papier sur des mots qu’ils ont choisis d’écrire. Zot pe anvi casiet zot kamarad".
L’hôpital lui refuse un certificat médical pour son congé de maternité
Mayrose ajoute qu’elle a eu du mal à obtenir un certificat médical en bonne et due forme. « Mon mari a dû solliciter l’intervention d’un policier pour que le surintendant de l’hôpital accepte de le rencontrer. J’avais obtenu un certificat de six semaines de congé pour ‘surgery’ alors que je venais d’accoucher. Le responsable de l’hôpital ne voulait rien savoir, même après avoir parlé à un inspecteur du Bureau du Travail. Il a fallu que ce ministère envoie un fax pour confirmer que j’avais droit à mon congé de maternité du fait que le bébé avait survécu plus de deux heures. C’est ainsi que j’ai pu obtenir un nouveau certificat de congé. »
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