Bébé abandonné - La maman : «Je regrette...»

En abandonnant son nourrisson d’un jour dans une mosquée de Port-Louis, A. A. ne pensait pas que ses moindres faits et gestes étaient filmés. Interpellée jeudi, la jeune femme dit regretter son geste et vouloir s’occuper de son enfant.

Des regrets… A. A., une Accounts Clerk de 26 ans habitant Vacoas, s’est retrouvée, bien malgré elle, sous les feux des projecteurs cette semaine. Ayant mis au monde un enfant, mardi, elle a pensé l’abandonner, en toute discrétion, à la mosquée Noor-E-Islam, à Port-Louis, le lendemain. Toutefois, la police, alertée de la découverte du nourrisson dans ce lieu de culte, a vite fait de remonter jusqu’à elle grâce aux images des caméras de surveillance aux abords de la mosquée. Ce qui devait être pour A. A. une opération discrète « pour ne pas ternir la réputation de sa famille » fera alors le buzz sur les réseaux sociaux et sera répercuté dans les journaux.

La jeune femme a été interpellée jeudi et a été interrogée, avant d’être relâchée sur parole. Elle a été traduite devant la Bail and Remand Court, samedi, pour son inculpation. Lors de son interrogatoire, vendredi, A. A. a, en présence de son avocat Yousuf Mohamed, Senior Counsel, expliqué ce qui s’était passé mardi et les raisons de ce geste qu’elle « regrette ». « Je ne savais pas que j’attendais un enfant », dira l’Accounts Clerk, Dans un premier temps, elle avait nié être la mère du bébé. Informée qu’elle aurait à se soumettre à un test ADN, la jeune femme a fini par avouer que le bébé était bien le sien.

A. A. raconte aux hommes du surintendant de police Sam Bansoodeb qu’elle a fait la connaissance d’un IT Officer en 2015. « Il a 34 ans et habite Sodnac. Nous étions collègues. Puis, j’ai pris de l’emploi dans une autre compagnie, mais nous avons continué à nous voir. » Ils entretiennent alors une relation intime, selon sa version aux policiers. 

Contraception

A. A. explique qu’à aucun moment, l’idée qu’elle était enceinte ne lui a effleuré l’esprit. Elle dit avoir utilisé des moyens de contraception lors de leurs rapports sexuels. Selon elle, personne ne s’était rendu compte qu’elle attendait un bébé. « Je n’ai jamais eu de nausées », explique A. A. aux policiers. « Ni d’autres complications de santé. »

C’est mardi que tout a basculé. L’Accounts Clerk était dans la salle de bains quand elle a été prise de contractions. « J’avais mal au ventre. Je pensais que ce n’était qu’une douleur passagère, mais c’était loin d’être le cas… Le bébé est arrivé », poursuit la Vacoassienne. Prise de panique, elle ne savait quoi faire. « J’avais peur, car je pensais à la réputation de ma famille. J’ai passé la nuit avec le bébé », ajoute-t-elle. Ses proches, qui vivent à l’étage, n’ont rien entendu.

Nuit agitée

Après une nuit agitée, l’idée lui est venue de laisser l’enfant à la mosquée Noor-E-Islam à Port-Louis. « J’y suis déjà allée. J’ai donc pris la voiture de ma mère et m’y suis rendue seule. » À 13 h 45, elle est entrée dans la mosquée et en est ressortie aussi vite pour ne pas se faire remarquer. La jeune mère n’avait pas pensé aux caméras de surveillance qui scrutent les alentours.   

C’est un habitant de Camp-Yoloff qui a découvert le bébé. Il a alerté la police qui a ouvert une enquête pour retracer la mère. Une tâche rendue facile grâce aux images CCTV qui ont permis aux policiers de relever le numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture de la jeune femme.

A.A. a été interpellée jeudi. L’affaire a été confiée à la Central Investigation Division. Le père, apprenons-nous, n’est pas à Maurice. Il était attendu au pays samedi. Les limiers comptent l’interroger. « Je regrette ce geste. Je compte prendre en charge mon enfant », a soutenu la jeune femme à la police au cours de son interrogatoire. 

Selon ses proches, A. A. est « traumatisée ». « C’était une erreur. Maintenant, elle va reprendre son enfant et assumer ses responsabilités », explique un oncle de la jeune maman. Le nourrisson est actuellement à l’hôpital sous observation. Il est sous la garde de la Child Development Unit.

Cette affaire a touché nombre de personnes. « Dès le lendemain, nous avons reçu beaucoup de gens, des parents surtout. Ils voulaient adopter le petit. Ils veulent connaître les procédures pour en avoir la garde », confie un policier.