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Basic Retirement Pension : le CDS réclame une application plus humaine

Les membres du Conseil des syndicats (CDS) lors de la conférence de presse consacrée aux mesures budgétaires 2025/26.

Le Conseil des syndicats (CDS) émet de vives critiques à l’encontre de certaines mesures du budget 2025/26, notamment l’âge d’éligibilité au Basic Retirement Pension (BRP), désormais fixé à 65 ans. Il appelle le gouvernement à revoir sa copie pour plus d’équité sociale.

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Malgré certaines intentions louables du Budget 2025/26 visant à redresser l’économie du pays, le CDS s’insurge contre plusieurs mesures annoncées. L’une des plus controversées : le relèvement de l’âge d’accès au BRP de 60 à 65 ans. Cette réforme suscite une vive inquiétude, notamment chez les travailleurs manuels, les femmes de ménage, les petits planteurs, les pêcheurs ou encore les employés à bas salaire. Parmi ces derniers, certains ont souvent commencé à travailler très jeunes dans des conditions éprouvantes.

Selon Sanjay Sembhoo, président du CDS, cette décision, prise de manière arbitraire, n’est ni humaine ni équitable. « Aujourd’hui c’est 65 ans, demain ce sera 67, puis 70… Et après ? », a-t-il demandé lors d’une rencontre avec la presse. Il plaide pour une approche différenciée du droit à la retraite, fondée sur l’âge réel de sortie du marché du travail, en tenant compte du parcours professionnel et de la pénibilité des métiers. 

« Le BRP devrait être appliqué de manière flexible, en tenant compte de l’âge réel de départ à la retraite. Cette approche serait plus juste, plus humaine, et plus conforme à la réalité du terrain », souligne-t-il. Exclure les travailleurs de 60 ans du BRP, alors qu’ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes, serait injuste, estime-t-il.

Le CDS, qui regroupe la Confederation of Free Trade Unions (CFTU), la Confederation of General Trades Unions (CGTU), le Congress of Independent Trade Unions (CITU), le Mauritius Labour Congress (MLC) et le Mauritius Trade Union Congress (MTUC), invite également le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, à assumer pleinement ses responsabilités face à ce qu’il qualifie de « drame humain ». 

Le Conseil propose que l’État explore d’autres sources de financement pour cette pension non contributive, telles que des investissements dans l’or ou dans des projets rentables comme des fermes photovoltaïques, dont les profits pourraient durablement alimenter le BRP. « En vieillissant, les problèmes de santé s’accumulent, et les dépenses augmentent. Comment ces personnes feront-elles face ? », fait ressortir Sanjay Sembhoo.

Croissance ou illusion ?

De son côté, Deepak Benydin, président sortant du CDS, pointe du doigt le document intitulé « State of the Economy », qu’il juge responsable de la situation actuelle. Selon lui, ce rapport - dont la source des chiffres reste inconnue - présente l’état de l’économie à Maurice, en Europe et dans le monde. Il note que l’économie locale se portait relativement bien jusqu’en 2018, avant de chuter brusquement en 2020, puis de remonter après la pandémie de la Covid-19, au point de dépasser celle de l’Europe en 2024. « Je me demande d’où proviennent ces chiffres ? », a-t-il lancé.

Il fait également référence aux données du Fonds monétaire international (FMI), qui indiquent que l’économie mauricienne a enregistré une croissance de 4,7 % en 2024. Le secteur de la construction a connu une hausse de 13,3 %, tout comme les logements sociaux et les réseaux de drainage. Le secteur des services financiers, lui, a également progressé de 4,7 % en 2024, soutenant d’autres branches économiques, selon Deepak Benydin. « Ces chiffres ont été validés par le FMI. Est-ce que le gouvernement remet en question ces données ? », demande le syndicaliste. 

Il ajoute que le ministre du Tourisme a lui-même reconnu que le secteur génère plus de revenus qu’avant. « Maurice est-elle en phase de contraction ou en croissance ? », interroge-t-il encore, avant de se demander si le gouvernement cherche à démanteler l’État-providence.

Agriculture : inquiétude et incompréhension

Au-delà du BRP, d’autres mesures budgétaires suscitent incompréhension et désaccord. Sur le plan environnemental, le CDS appelle à une interdiction totale des bouteilles en plastique d’ici trois ans. Il dénonce un décalage entre les discours en faveur d’une agriculture saine et les décisions prises. Les subventions pour les semences, notamment de pommes de terre, ont été réduites et les pesticides cancérigènes restent autorisés. Le Conseil s’inquiète aussi des risques de l’agriculture verticale, jugée inadaptée au climat mauricien et nuisible pour les sols et les nappes phréatiques.

En outre, la réduction des subventions pour les semences de pomme de terre – de 75 % à 50 % – pourrait, aussi avoir des répercussions sur les prix à la consommation. Une mauvaise nouvelle pour les foyers modestes, pour qui la pomme de terre demeure un aliment de base.

Santé, routes et emplois : critiques et propositions

Le CDS déplore le manque d’ambition dans la prévention en santé publique. Il préconise l’intégration de pratiques telles que l’ayurvéda, le yoga ou encore la méditation dès le milieu scolaire, afin d’encourager un mode de vie équilibré et de prévenir certains fléaux, comme la drogue. Il regrette l’absence de mesures fortes contre la consommation de produits raffinés ou OGM, ainsi que le manque de reconnaissance des liens entre alimentation et maladies graves, comme le cancer.

Concernant les transports, le CDS estime que l’augmentation de la Road Tax et des taxes sur les devises (FOREX) ne suffira pas à résoudre la congestion routière. Il recommande plutôt le retrait progressif des véhicules anciens, leur recyclage, ainsi qu’une amélioration concrète des transports en commun : confort, ponctualité, sécurité. Il propose également la création de couloirs réservés aux bus dans les zones urbaines.

Le Conseil critique par ailleurs la hausse annoncée du prix des billets d’avion vers Rodrigues, qui pourrait pénaliser la mobilité des Rodriguais. Autre sujet de préoccupation : les licenciements au LGSC et au CEB. Le CDS demande un moratoire sur ces suppressions de postes et la réintégration immédiate des employés concernés.

Mesures positives

En dépit de ses réserves sur certaines propositions du budget, le CDS salue plusieurs mesures qu’il juge porteuses de changement positif. Parmi, les propositions fiscales visant à renforcer la transparence, la responsabilité et la lutte contre le gaspillage. Il espère également que les débats parlementaires sur les rapports du National Audit Office deviendront une réalité. Il se réjouit enfin des investissements annoncés dans le secteur portuaire, espérant qu’ils s’inscrivent dans une vision de développement touristique plus inclusif.

Les annonces autour de l’intelligence artificielle (IA), notamment dans l’éducation, sont également bien accueillies. Toutefois, le CDS rappelle que pour faire de l’IA une réalité à Maurice, il faudra des infrastructures numériques robustes, un cadre légal clair et une meilleure interopérabilité, notamment dans le secteur de la santé.

 

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