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Base militaire des États-Unis sur Diego Garcia: controverse autour de la prolongation du bail

La base militaire américaine restera opérationnelle sur Diego Gracia, du moins jusqu’en 2036
L’extension de 20 ans du bail des États-Unis sur Diego Garcia qui expire, en décembre 2016, soulève des interrogations. En 2014, le Foreign Affairs Committee du parlement britannique avait recommandé que dans une telle éventualité, il faudra revoir l’Accord initial de 1966 pour imposer un contrôle accru des activités américaines. La base militaire américaine restera opérationnelle sur Diego Gracia, du moins jusqu’en 2036, conformément à l’Accord initial signé, en décembre 1966, entre l’Angleterre et les États-Unis. Il était prévu que le bail de 50 ans (1966-2016) peut être étendu sur 20 ans.
« Accordingly, after an initial period of 50 years this Agreement shall continue in force for a further period of twenty years unless, not more than two years before the end of the initial period, either Government shall have given notice of termination to the other, in which case this Agreement shall terminate two years from the date of such notice », peut-on lire dans l’Exchange of Notes entre les deux pays en 1966. Cela après qu’en 1965 l’archipel des Chagos a été détaché de Maurice et rattaché au British Indian Ocean Territory (BIOT). Du coup, la gestion des Chagos est chapeautée par un Commissaire et un Administrateur, tous deux basés à Londres.

Historique

1965: L’archipel des Chagos est détaché de Maurice. 1966: Accord entre la Grande-Bretagne et les États-Unis pour que Diego Garcia soit utilisé aux fins de défense. 1972: Construction d’une « limited naval communication facility ». 1976: Aménagement d’une base navale militaire. 1986: Construction d’un aérodrome pouvant accueillir des bombardiers.

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[row custom_class=""][/row] En dépit de cette clause de l’Accord de 1966, la prolongation de ce bail est suivie avec attention par les autorités mauriciennes et des parlementaires britanniques, surtout ceux siégeant sur le Foreign Affairs Committee, institué par le parlement britannique. Dans son rapport intitulé « The use of Diego Garcia by the United States », en 2014, ce comité parlementaire avait recommandé que l’Accord initial de 1966 entre la Grande-Bretagne et les États-Unis soit revu au cas où le bail serait étendu. « We recommend that, if the UK allows the 1966 Agreement to be extended beyond 2016, the text should be revised », soutiennent les parlementaires britanniques sir Richard Ottaway, John Baron, sir Menzies Campbell, Ann Clwyd, Mike Gapes, Mark Hendrick, Sandra Osborne, Andrew Rosindell, Frank Roy, sir John Stanley et Rory Stewart qui siègent sur le Foreign Affairs Committee.

L’Accord de 1966

Cette recommandation de revoir les conditions de l’Accord de 1966 fait suite aux soupçons que les États-Unis aient utilisé Diego Garcia comme un lieu de torture pour les suspects d’actes terroristes. Cependant, cette pratique s’est révélée être une vérité d’après un rapport de l’« US Senate Select Committee on Intelligence » paru en avril 2014. Après des années d’investigation, ce comité est arrivé à la conclusion qu’à la suite de l’attentat terroriste du 11 septembre 2001, la CIA avait mené l’interrogatoire de « high-value suspects » ponctué de méthode de torture sur Diego Garcia avec la « full cooperation » du gouvernement britannique. Le Foreign Affairs Committee britannique souhaite qu’une condition soit incluse dans l’Accord initial pour contraindre les États-Unis à rechercher le feu vert du gouvernement britannique avant d’entreprendre toute opération militaire ou politique additionnelle. « It should specify that any extraordinary use of the US base or facilities, such as combat operations or any other politically sensitive activity, requires prior approval from the UK Government; and it should state explicitly that the British Indian Ocean Territory should not be used for rendition unless authority has first been granted by the UK Government, on a case-by-case basis », suggèrent ses membres.  
   

Le PMO examine les différentes options

Mis devant le fait accompli du prolongement du bail des Américains sur Diego Garcia jusqu’en 2036, le gouvernement mauricien travaille sur sa riposte. « Nous continuons notre combat pour la souveraineté des Chagos. Nous consultons toutes les parties concernées, y compris nos avocats ici ou en Angleterre pour décider de la marche à suivre », livre une source au Bureau du Premier ministre. Dans un premier temps, le gouvernement mauricien veut savoir de quoi il en revient exactement. Ce prolongement du bail s’est fait par la Grande-Bretagne en faveur des Etats-Unis. Et cela sans même que la partie mauricienne en soit informée, car l’Angleterre estime qu’elle est souveraine sur l’archipel et qu’en dépit des revendications mauriciennes, cette souveraineté lui revient de plein droit. Interrogé mercredi par la presse, le ministre des Affaires étrangères, Etienne Sinatambou, devait indiquer que le dossier concernant les Chagos ne relève pas de lui. La sous-secrétaire d’Etat américaine pour l’Afrique, Linda Thomas-Greenfield, en visite à l’île Maurice cette semaine, devait pour sa part révéler que le bail qui devait expirer cette année-ci avait été étendu de vingt ans encore. Cela à la grande surprise du gouvernement mauricien. « Le bail ne prendra pas fin avant 2036. Pour nous, c’est une question bilatérale sur laquelle le gouvernement britannique et votre gouvernement discutent et nous allons encourager la poursuite des discussions. Je suis au courant que cette affaire a été soulevée par votre gouvernement avec la partie britannique. C’est arrivé jusqu'à nous et nous avons été clairs que c’est une affaire bilatérale qui doit être traitée par Maurice et la Grande-Bretagne, a-t-elle déclaré à la presse. Shari Villarosa, l’ambassadrice des Etats-Unis à Maurice a, elle aussi, confirmé les dires de Linda Thomas-Greenfield et a même parlé d’un arrangement entre les Etats-Unis et l’Angleterre. Elle aussi est catégorique sur le fait que la question de la souveraineté ne concerne par les Etats-Unis, mais les gouvernements mauricien et britannique.  
   

Les États-Unis dépensent Rs 100 milliards

L’espoir semble s’amenuiser pour les Chagossiens qui rêvent de retourner dans l’archipel. Primo, le bail a été étendu de 20 ans. Secundo, compte tenu de la situation dans le monde, il est peu probable que les États-Unis décident de plier bagage en 2036. Tertio, la militarisation de Diego Garcia a coûté une fortune aux Américains.  Les États-Unis ont investi trois milliards de dollars (plus de Rs 100 milliards) dans les infrastructures sur Diego Garcia, selon les renseignements recueillis par le Financial Times en août 2015. D’importants travaux ont été menés en mer pour permettre l’installation d’une base navale qui abritera des bateaux de guerre ainsi que des sous-marins. Une piste d’atterrissage a été aménagée pour pouvoir accueillir des bombardiers B-25.  Bien naïfs ceux qui croient que les États-Unis ont l’intention de délocaliser sa base militaire de Diego Garcia. Un Research Paper en date du 22 mai 2013 intitulé « Disputes over the British Indian Ocean Territory : A survey » du parlement britannique, confirme que Diego Garcia est un lieu stratégique pour les États-Unis. « Diego Garcia remains one of the closest US bases to the Persian Gulf and is one which can be used with minimal restriction. If in future the US were to undertake military operations against Iran, Diego Garcia would be one of the nearest bases. Without it the US would be reliant upon partners in the Middle East for basing and overflight rights which would not necessarily be guaranteed in the event of a crisis. Saudi Arabia, for example, refused permission for the US to launch air attacks on Iraq in 1998 (Operation Desert Fox) from Saudi soil ».
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