Le généraliste Basdeo Goolaup revient sur les nombreux thèmes, concernant la santé, qui font l’actualité. Il aborde également le volet politique.
[blockquote]« Les gens estiment avoir été dupés et les tiraillements au sein de l’Alliance Lepep n’arrangent guère les choses. »[/blockquote]
Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de la Protection des consommateurs a annoncé l’interdiction de l’Ajinomoto. Mais le ministère de la Santé ne semble pas être sur la même longueur d’onde. Comment est-ce possible ?
Ces deux ministères auraient dû d’abord accorder leurs violons avant l’annonce de cette mesure. Nous savons tous que le monosodium glutamate peut provoquer certaines allergies et même être lié au cancer. De plus, il est déconseillé pour les patients atteints d’hypertension artérielle. Si dans certains pays, on recommande de ne pas en abuser, à ma connaissance, il n’est interdit nulle part dans le monde. Il ne semble pas y avoir eu concertation avant l’annonce de cette mesure. Cela est dommage. On met des doutes dans la tête des consommateurs.
Les autorités indiennes ont interdit 344 médicaments, dont quatre sont disponibles chez nous. Est-ce normal ?
Pas du tout ! Si l’Inde a jugé que ces médicaments doivent être interdits, car nuisibles à la santé, Maurice aurait dû automatiquement en faire de même. Car ils constituent également un risque pour notre population. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de système de contrôle de qualité des médicaments chez nous. C’est ce qui explique la vente de toutes sortes de produits médicamenteux chez nous, y compris certains génériques, dont l’efficacité est remise en question. Il n’est pas normal non plus d’avoir une cinquantaine de différentes marques en circulation pour un seul type de médicaments. Comment les malades vont-ils s’y retrouver ? Comment différencier entre les médicaments de qualité et ceux qui ne le sont pas ? Ne soyez pas surpris d’apprendre que des médicaments contrefaits sont en circulation chez nous. Pourquoi ne pas soumettre tous les médicaments importés à des analyses pour certifier leur qualité, avant d’autoriser leur mise en circulation chez nous ?
Autre sujet de santé d’actualité : l’abus des antibiotiques. Est-ce toujours un sujet préoccupant ?
Plus que jamais ! Il faut d’abord comprendre que les antibiotiques agissent seulement sur les bactéries et non sur les virus. Ainsi, ils ne sont pas indiqués pour traiter les cas de grippe, d’origine virale. Seuls les patients souffrant d’une surinfection bactérienne à la suite d’une grippe ont besoin d’antibiotiques. Sauf qu’il y a abus de ces médicaments et les patients ne sont pas les seuls fautifs. D’un côté, certains médecins ne savent pas dans quels cas prescrire les antibiotiques.
De l’autre, les patients pensent à tort que les antibiotiques sont plus efficaces en cas de grippe. Certains en exigent de leurs médecins, qui finissent souvent par céder. D’autres s’en procurent dans les pharmacies, où les antibiotiques sont en vente libre, alors que cela n’aurait pas dû être le cas. Par conséquent, beaucoup de malades ont développé une résistance aux antibiotiques, à force d’en abuser. Ce même phénomène est responsable de 23 000 décès aux États-Unis chaque année. Ces personnes qui ont contracté des infections bactériennes n’ont pu être soignées. Les bactéries sont toujours en mutation pour devenir plus résistantes aux antibiotiques. De plus, les chercheurs ne parviennent pas à mettre au point de nouveaux antibiotiques.
Mais encore...
La situation est préoccupante, car en sus d’abuser des antibiotiques, nous sommes en train d’en consommer indirectement à travers le poulet et la viande. On leur injecte des antibiotiques pour qu’ils grandissent plus vite, afin de répondre à la demande à grande échelle. En Chine, pour l’année 2012, 38,6 millions de kilos d’antibiotiques ont été utilisés dans les élevages. Cela aggrave notre problème de résistance aux antibiotiques. En même temps, si on arrête cette pratique, les infections vont tuer ces animaux. Le monde fera alors face à une crise alimentaire. Nous ne sommes donc pas sortis de l’auberge !
Parlons politique. Que pense l’ancien candidat aux législatives 2014 (sous la bannière du Parti Justice Sociale) des récents événements ?
Il y a un profond sentiment de déception au sein de la population. J’entends souvent mes patients dire que, finalement, c’est du pareil au même ! Les récents événements ont contribué à accentuer ce sentiment de déception. Je crois que les gens s’attendaient à ce que les choses bougent vite, que leurs conditions de vie s’améliorent rapidement, mais il n’en a rien été. Ce gouvernement, depuis qu’il est au pouvoir, semble avoir d’autres préoccupations. Les gens estiment avoir été dupés et les tiraillements au sein de l’Alliance Lepep n’arrangent guère les choses.
Les petits partis, comme le Parti Justice Sociale, semblent toujours avoir du mal à exister. Pourquoi ?
C’est vrai ! Je pense que ceux qui étaient à la tête de ces petits partis ont été déçus des résultats. Ils s’attendaient peut-être à un miracle. Or, compte tenu du système politique, ce sont toujours les « grands partis » qui raflent tout. Et ceux qui dirigent ces formations, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition, n’ont pas intérêt à voir les choses évoluer. Le système actuel ne changera pas de sitôt. C’est ce que les dirigeants des petits partis n’ont pas compris. Ils étaient persuadés qu’il allait y avoir une révolution. C’était une erreur ! Une autre erreur, c’est de disparaître après les élections. En fait, nous aurions dû être en permanence sur le terrain, à l’écoute des gens et aider à faire évoluer les mentalités. Une seule personne est demeurée au front. Il s’agit de Jack Bizlall. Chapeau ! Même si je ne partage pas ses points de vue, je le félicite pour sa sincérité.
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