La majorité des analystes craignent de voir le monde entrer dans une nouvelle crise financière qui sera toutefois de moindre envergure que celle de 2008 mais affectera Maurice.
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Après le plongeon des marchés boursiers, 57% des analystes voient poindre une nouvelle crise financière mondiale qui affectera notre pays, très ouvert et trop dépendant du monde extérieur. Beaucoup précisent toutefois que celle-ci ne sera pas de l’envergure de la crise de 2008. Sinon, deux sondés sur cinq n’entrevoient pas de crise financière, mais seulement « a period of high volatility and stagnation » qui se traduit en « economic woes ». Un opérateur boursier pense que « commodity-driven economies will experience a rough spell ». Dans un contexte de baisse du prix pétrolier, de hausse du taux d’intérêt américain et d’incertitudes chinoises, « markets are over reactive to small bits of information ».
La Bourse de Port Louis remonte, mais c’est davantage un « technical rebound » qu’un « fundamental-driven rally », car « the market was over
sold » avec des « panic sell-off ». Le rebond des titres Sun et Terra ainsi que l’annonce d’une fusion IBL/GML ont fait grimper l’indice boursier. Mais pour 77 % des sondés, le mouvement boursier est influencé soit par la spéculation (des rumeurs d’une offre publique d’achat sur NMH) soit par les turbulences internationales. On assiste en Europe à un véritable krach des valeurs bancaires avec les pertes de la Deutsche Bank et du Crédit Suisse. À Maurice, les investisseurs étrangers n’y reviennent pas « not only because there is a broad-based reduction in allocation to Africa, but also because fundamentals here are not as strong as in 2007 ».
Davantage un gaspillage de ressources qu’un bon investissement public, le projet Heritage City ne constitue pas une priorité pour l’économie mauricienne, estiment 73 % des analystes. La décentralisation géographique des ministères est une bonne chose, mais des dossiers plus urgents à traiter sont le chômage et les infrastructures routières. Il n’est pas clair comment ce projet sera financé. Le gouvernement ne doit pas se substituer au secteur privé dans les affaires immobilières. Un consultant en investissement se demande s’il y aura assez d’acheteurs pour les différentes composantes du projet. Et puis, « anyone who thinks that one will generate a return on equity of 30 per cent in a market that has already excess office space is not living in reality but in Excel virtual world ».
Prenant le contre-pied du gouverneur de la Banque de Maurice, 53 % des sondés pensent que la publication d’une version expurgée du rapport nTan sur l’ex-groupe BAI met à mal la juridiction mauricienne, au lieu de renforcer la crédibilité de son secteur financier. Un économiste est déçu de constater que le rapport ne contient pas de « findings » dans la mesure où il ne dit rien de nouveau. La mise à la disposition du public du rapport envoie toutefois le bon message que « we can clean up the mess ». De plus, « investors may be reassured that steps are being taken to reinforce the financial sector ». Pour 37 % de répondants, les étrangers restent indifférents, car c’est un problème local.
1 Une crise financière de moindre envergure
Voyez-vous se profiler une nouvelle crise financière mondiale ?OUI, et Maurice sera affectée: 57% OUI, mais Maurice ne sera pas affectée: 3% NON: 40%
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2 Les fondamentaux ne tirent pas la Bourse
Quel facteur influence le plus la Bourse de Port Louis en ce moment ?Les Fondamentaux: 23% La Spéculation: 37% Les Turbulences internationales: 40%
3 Les économies sur le carburant dépensées
Selon vous, suite aux baisses des prix des carburants, les économies réalisées par les automobilistes seront pour la plupart... Les prix du litre d’essence et de diesel ont subi une baisse cumulative de Rs 13,40 et de Rs 14,45 respectivement depuis leur plus haut niveau. Les analystes sont quasiment unanimes à dire que les automobilistes dépenseront les économies ainsi réalisées dans des biens et services de consommation. Ce qui favorisera la croissance de l’économie. Les gens vont plus souvent au restaurant et font plus de sorties lorsque leur revenu disponible augmente. Maurice n’est d’ailleurs plus un pays d’épargnants, puisque beaucoup vivent au-dessus de leurs moyens. Un économiste fait toutefois ressortir que la déflation pétrolière aura un impact négligeable sur la croissance économique du pays.4 De l’insignifiance du taux repo
Quelle orientation du Repo Rate prévoyez-vous à la réunion du comité de politique monétaire du 17 février ? Le comité de politique monétaire, qui se réunit aujourd’hui, laissera intact le taux repo, selon 73 % des personnes interrogées. Depuis la dernière réunion d’il y a trois mois, où il fut décidé d’abaisser le taux directeur par 25 points de base, les perspectives de croissance n’ont pas vraiment changé pour justifier une nouvelle détente monétaire. On ne sera toutefois pas surpris d’une deuxième réduction consécutive du taux d’intérêt en raison d’éventuelles répercussions sur Maurice de la crise globale des marchés financiers. Dans ce cas, « small savers and pensioners will suffer ». Quoi qu’il arrive, « the Repo Rate is meaningless », affirme un analyste, car les taux sur le marché monétaire n’évoluent pas dans la même direction que le taux directeur.5 Le projet Heritage City n’est pas une priorité
Pour vous, le projet Heritage City est pour l’économie mauricienne...Un bon investissement public: 10% Un gaspillage de ressources: 17% Pas une priorité: 73%
6 Notre secteur financier remis en question
D’après vous, la publication d’une version expurgée du rapport nTan sur l’ex-groupe BAI...Renforce la crédibilité de notre secteur financier: 10% Met à mal la juridiction mauricienne: 53% Laisse indifférents les investisseurs étrangers: 37%
7 Tous au banc des accusés
Parmi les responsables de surveillance, qui seraient le plus à blâmer dans ce qu’est devenu le groupe BAI ? Ils ont tous une part de responsabilité dans ce qu’est devenu le conglomérat BAI : les membres des conseils d’administration du groupe qui sont restés passifs, les auditeurs qui ont fait preuve d’indulgence, les régulateurs qui ont été lents à s’imposer, et les politiciens qui ont laissé faire. Tous ont failli à leur devoir parce qu’ils savaient mais ne faisaient rien. Nos analystes blâment le plus les régulateurs (57 %) et les politiciens (30 %), les premiers étant nommés et contrôlés par les seconds. Gênés par « the heavy-handed intervention of the politicians », les régulateurs, supposément indépendants, « did not perform their true role » et finissent par sombrer dans des « incestuous relationships ». Si bien que « derogations became permanent instead of being temporary ».8 Pas de bonne gouvernance sans éthique
Comment évaluez-vous le niveau de l’éthique des affaires à Maurice ? Selon la grande majorité des analystes, l’éthique des affaires (Business Ethics) à Maurice est d’un niveau moyen, ni élevé ni faible. Il y a eu une amélioration depuis les années 1980, mais un long chemin reste encore à parcourir. Certains y voient même une absence d’éthique, soulignant que de hauts cadres impliqués directement dans le scandale BAI demeurent toujours à leur poste. L’éthique est une composante essentielle de la bonne gouvernance. Or l’exécutif n’est pas suffisamment « taken to task » par des « directors who are happy to sit down, drink tea and eat biscuits ». C’est le cas de trop nombreux conseils d’administration, que ce soit dans les entreprises privées, les corps paraétatiques ou les agences de régulation.Enquête réalisée par PluriConseil du 9 au 11 février 2016 auprès d’un échantillon représentatif de 30 analystes économiques et financiers..
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