Barlen Vyapoory, le vice-président désigné prêtera serment ce lundi 4 avril. Il promet de faire de son mieux pour être à la hauteur des attentes de la population.
La motion vous proposant comme vice-président de la République a été approuvée à l’unanimité mardi dernier au Parlement. Qu’est-ce que cela représente pour vous?
Je suis très honoré. Cette unanimité me donne une légitimité nationale et cela me réconforte. La vice-présidence est un poste de responsabilité nationale. Je remercie le leader du Mouvement socialiste militant, Pravind Jugnauth, ainsi que le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, et tous ceux qui ont soutenu cette motion. Je suis conscient de la lourde tâche qui m’attend. Je m’efforcerai d’être à la hauteur en occupant ce poste constitutionnel. Je vais œuvrer avec la présidente pour sauvegarder la constitution et pour l’avancement du pays.
Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a eu, avant votre nomination, des controverses autour du choix d’un candidat à ce poste…
Je préfère ne pas m’attarder sur cet aspect . C’est le passé. Regardons l’avenir.
Quand avez vous été approché pour ce poste?
J’ai reçu un appel du leader du MSM le 17 mars m’informant de la décision gouvernementale de proposer mon nom pour ce poste. Je l’ai remercié et j’ai accepté tout de suite. Il faut dire que cette éventualité avait déjà été évoquée dans le passé. On m’avait d’ailleurs dit que je ferai un bon vice-président. Mais entre-temps, j’ai eu le poste de haut commissaire en Afrique du Sud.
Vous avez quand même dû être surpris par cette proposition?
À demi surpris, parce que mon nom avait déjà circulé en tant que candidat probable à ce poste. Je n’ai rien demandé, même pour être haut commissaire en Afrique du Sud. J’ai laissé faire les choses. Après l’appel de Pravind Jugnauth, j’ai enclenché les procédures pour rentrer. J’ai démissionné le 22 mars et suis rentré le 27.
Les attentes sont grandes vous concernant…
Il ne faut quand même pas placer la barre trop haut. Je donne l’assurance que je ferai de mon mieux. Je resterai moi même et j’apporterai ma contribution, conjointement avec la présidente, pour faire respecter la constitution et faire avancer certaines causes sociétales.
[blockquote]
“Je ne pense pas qu’il y ait vraiment un glass ceiling qui entrave la progression des femmes. […] bien souvent ce sont elles-mêmes qui décident de ne pas aller bien loin.”
[/blockquote]
Vous pensez qu’il y a beaucoup de problèmes sociaux?
Comme toute autre société, la nôtre aussi a ses problèmes. Je veux et je vais aider à trouver, ensemble avec les partenaires concernés de la société civile, des solutions.
Dans quel domaine par exemple?
Je me sens très concerné par la jeunesse mauricienne. Il faut lui faire prendre conscience des valeurs qui font l’individu, des valeurs qui font une famille et des valeurs qui font une société. Il faut que les jeunes comprennent qu’il faut avoir un but dans la vie. Et qu’il faut travailler dur pour atteindre ce but. Il y a la loi de cause à effet. On dit souvent que l’enfant est le père de l’homme (the child is the father of man).
On devient l’homme que notre enfance a produit. Dans mon cas, par exemple, je me suis toujours intéressé à ce qui pouvait me rendre meilleur.
Vous vous dites très concerné par cette jeunesse. Mais croyez vous en elle?
Oui, j’y crois. La jeunesse mauricienne a un énorme potentiel mais il faut qu’elle soit encadrée. On accorde peut être trop d’importance à la réussite académique et on ignore la formation de base. Il faut plus d’initiatives pour favoriser le character building et des techniques pour résoudre des conflits. Le pandit Jawaharlal Nehru, le premier Premier ministre de l’Inde, avait, à l’époque, déclaré qu’il faut développer le scientific temper, c’est-à-dire l’esprit d’analyse, avant de prendre des décisions. Il faut encourager les enfants et les jeunes parents à lire et d’appliquer les connaissances apprises.
/div>
Quid du plafond de verre qui souvent est un obstacle pour l’avancement des femmes ?
Je ne pense pas qu’il y ait vraiment un glass ceiling qui entrave la progression des femmes. Il ne faut pas oublier que les femmes ont plus de responsabilités et bien souvent ce sont elles-mêmes qui décident de ne pas aller bien loin. Prenons le cas de la présence des femmes en politique. On ne cesse de déplorer qu’il n’y en a pas assez. Mais c’est un fait que ce sont les femmes elles-mêmes qui ne viennent pas de l’avant. Ce qu’il faut faire, c’est analyser les statistiques et chercher les raisons qui font qu’il y ait moins de femmes à des postes de responsabilité.
Y a-t-il d’autres sujets qui vous préoccupent?
L’environnement. C’est un réel problème. Il ne faut pas attendre que la municipalité ou le gouvernement fasse le travail. Chacun à son niveau peut aider. « If you want change, be the change », avait dit le Mahatma Gandhi. Ses paroles de sagesse sont toujours d’actualité de nos jours. Je suis aussi très à cheval sur le niveau de l’anglais parlé à Maurice. Je vais proposer des programmes en ce sens aux institutions concernées.
Quel style adopterez vous en tant que vice-président ?
Je vais être à l’écoute. Je serai moi même, un homme simple et terre à terre. J’ai beaucoup risqué dans ma vie, j’ai aussi beaucoup perdu. Aujourd’hui je ne regrette rien. Je ferai de mon mieux pour être à la hauteur des responsabilités et répondre aux attentes des Mauriciens. Je vais travailler aux côtés de la présidente pour l’épauler dans sa tâche.
Le mot de la fin?
Je remercie ma famille pour son soutien indéfectible et aussi tous ceux, parents, amis et connaissances, qui m’ont soutenu et félicité pour cette nomination. Je remercie aussi SAJ pour qui j’ai une grande admiration. Je donne l’assurance que je resterai l’homme que je suis. I will not lose the common touch.
Cette jeunesse en laquelle vous avez grande foi est exposée à des fléaux. La drogue, par exemple…
Il y a un grand travail à faire. Il faut concevoir des programmes de prévention à travers l’éducation et la connaissance de soi. Il faut sensibiliser les jeunes, les autonomiser. Il faut leur faire prendre conscience de l’interdépendance des êtres. Que nous vivons en société et que toute action a un effet sur soi et sur les autres. Il ne faut pas s’auto détruire. Il ne faut pas mourir par ignorance. Le ministère de l’Education fait déjà un bon travail en ce sens et je vais tâcher d’apporter ma contribution à cette cause.
Pédagogue, politicien et bientôt vice-président
Agé de 70 ans, Barlen Vyapoory est marié à Sarojini. Le couple a une fille unique, Anjali. Barlen Vyapoory est issue d’une fratrie de 10 enfants. 5ème né de Somoo et d’Adilakshmi, il a vu le jour à Plaine-Verte. Ancien Lecturer au Mauritius Institute of Education (MIE), Il a été candidat MSM battu aux élections de décembre 1995 dans la circonscription No 6, Grand-Baie/Poudre-d’Or et candidat battu aux élections municipales à Quatre Bornes en 2005. Nommé haut commissaire en Afrique du Sud l’année dernière, il a démissionné le 22 mars pour accepter le poste de vice président. <Publicité
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !