Barlen munusami : «un deux-roues n’a aucune protection»

À la suite de l’accident fatal ayant coûté la vie à Jhanvi, une fillette de 7 ans, mercredi, à Port-Louis, le sergent Barlen Munusami met en garde les motocyclistes. Ces derniers, dit-il, ne sont pas protégés, car une moto n’a pas de carrosserie.

Que prévoit la loi concernant un enfant à moto derrière un adulte ?
La loi est silencieuse sur la question. Selon la Construction and Use of Vehicles Regulations de 2010, le passager doit pouvoir poser ses pieds sur les repose-pieds.

Mais un enfant n’est pas assez grand pour le faire…
Oui, si l’enfant est très jeune, il ne pourra pas atteindre les repose-pieds.

Admettons que l’enfant puisse le faire, doit-il impérativement s’agripper au pilote ?
Le seul problème est que même s’il atteint les repose-pieds, alors que le conducteur est costaud, il ne pourra s’agripper à lui. Il ne fera que le tenir légèrement et pourra chuter de la moto au moindre choc.

Existe-t-il des casques appropriés pour enfant ?
Il y a des casques qui ne sont pas aux normes. Souvent, l’enfant porte un casque d’adulte, trop grand pour lui et qui ne peut donc assurer un maximum de protection, car il ne sera pas bien sanglé. La loi est encore floue sur la question. Any helmet is an helmet. On peut porter un helmet de chantier ou du modèle karay badia.

Any helmet is an helmet. On peut porter un helmet de chantier ou du modèle ‘caraye badja’»

Peut-on mettre l’enfant devant ?
Si l’enfant est devant le conducteur, il devra s’agripper aux guidons. A-t-il assez de force pour le faire et ne pas tomber s’il y a un choc ?

Souvent, on voit un enfant ou un bébé sans casque entre deux adultes. Cela au nez et à la barbe de la police…
Il est illégal de rouler à trois à moto. C’est une infraction et la police, si elle le constate, doit prendre des sanctions et mettre à l’amende. Toutefois, la loi ne dit pas si la police peut mettre à l’amende l’enfant sans casque, qui a enfreint la loi.

Le nombre de morts ne cesse d’augmenter sur nos routes. Où est-ce que le bât blesse ?
Il y a d’abord l’irrespon-sabilité des automobilistes et des piétons. Puis, des parents qui ne jouent pas leur rôle et qui cautionnent leurs enfants. Il y a également des chauffeurs agressifs au volant, qui ne font pas de la sécurité routière une priorité. Ils pensent que les accidents n’arrivent qu’aux autres. Il y a aussi l’attitude qui entraîne un mauvais comportement. Sans oublier l’alcool et le portable au volant.

Parmi les 84 morts, on dénombre 37 motocyclistes. Sont-ils aussi vulnérables que cela ?
Ce qui se passe depuis le début de l’année est chagrinant. Cette catégorie de conducteurs est très vulnérable. De plus, les motocyclistes ont souvent un mauvais comportement sur nos routes. Ils zigzaguent ou doublent à gauche, certains sont en quête d’adrénaline. Ils ne réalisent pas qu’un deux-roues n’a pas de carrosserie pour les protéger.

Venons-en à la moto-école. Depuis la mise en place de deux unités, il y a 21 conducteurs pour les « Learners » qui ont été faire leurs examens aux Casernes centrales la semaine écoulée. Un seul a réussi le test pratique. Faut-il remettre en cause ce concept ?
La mise en place de deux motos-écoles est une bonne chose. Le concept est excellent, mais la façon dont elles ont été mises en opération laisse planer des doutes. C’est plus un business qu’une moto-école. Selon nos lois, il faut impérativement que les auto-écoles aient des instructeurs formés. Au final, même si quelqu’un paie pour apprendre à piloter une moto, il n’y a aucune garantie qu’il réussira ses examens pratiques.

Il y a pourtant eu une équipe de 21 instructeurs formés…
Je l’admets, mais seuls deux ont obtenu un job. Les autres sont livrés à eux-mêmes. Ils sont au chômage forcé.

Se peut-il qu’ils donnent des leçons au noir ?
Il y a un risque, car des 10 auto-écoles promises, il n’y en a que deux en fonction.

Le gouvernement a menacé de leur enlever le permis si elles travaillent au noir…
Ces instructeurs formés peuvent tous rendre leur permis. Qui pourra les empêcher de travailler au noir ?