La soprano Barbara Hendricks donnera un concert unique ce vendredi au Swami Vivekananda International Convention Centre, à Pailles. Avec une carrière de plus de 40 ans, la chanteuse dispose d’un répertoire varié, allant de la musique lyrique au blues en passant par le gospel. Rencontre avec cette grande dame.
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Humble et souriante. Barbara Hendricks, qu’on a rencontrée, mardi, à l’hôtel Paradis, au Morne, a parlé volontiers de son parcours.
« J’ai commencé à chanter dans la chorale de mon père qui était à l’époque pasteur dans mon Arkansas natal aux États-Unis. » Puis elle fera un passage dans l’univers du blues. « J’ai toujours tendance à dire que le gospel et le blues sont des jumelles. L’un a une dimension sacrée alors que l’autre est beaucoup plus profane. N’empêche, les deux se rejoignent par la force des messages qu’ils véhiculent. »
Pour passer du lyrique au blues, selon l’artiste, le plus important est de rester naturel. « Il n’y a pas une variante dans ma voix quand je chante de la musique classique ou lorsque j’évolue dans le blues. La voix est la même, c’est d’ailleurs ce qui fait que les gens reconnaissent ma voix dès les premières notes. Il y a certes une technique pour maîtriser ces deux registres musicaux. Mais je dois avouer que quand je chante, je ne pense pas à la technicité. L’important pour moi, une fois sur scène, est d’offrir de l’émotion à mon audience. »
Également très impliquée dans les actions humanitaires, Barbara Hendricks s’est engagée en faveur des apatrides. « Étant donné que je suis officiellement à la retraite, j’ai beaucoup plus de temps de m’engager dans des actions humanitaires. Actuellement, je milite pour que les apatrides puissent être reconnus comme des citoyens d’un pays. Je fais ici référence aux Rohingya qui sont sans cesse persécutés en Birmanie. »
Barbara Hendricks estime que l’art peut apaiser les tensions du monde.
« L’art a ce pouvoir. Concernant la musique, elle peut être une échappatoire à la souffrance. Mais il ne faut pas non plus oublier que nous avons tous une responsabilité et un devoir d’agir quand on est en présence de la souffrance qui touche nos semblables. »
Devant tant de souffrances, seul l’amour peut guérir les plaies.
« Nous vivons malheureusement dans un monde où il y a beaucoup de guerres. Toutefois, la solution est toute simple. Pour que tout cela cesse, il faut aimer. » En parlant d’amour, la chanteuse reviendra sur l’histoire d’amour qui la lie à la France. « Je ne sais pas d’où ça vient, mais je sais que j’ai une place spéciale dans le cœur des Français et c’est réciproque. »
L’artiste caresse aussi le projet de sortir d’autres albums. « Je suis toujours dans un processus de création. étant donné que j’ai mon propre label d’enregistrement, il se pourrait effectivement que je sorte un autre album. »
Une petite biographie
Née en Arkansas aux États-Unis, Barbara Hendricks obtient à l’âge de 20 ans une licence de mathématiques et de chimie. Elle étudie ensuite à la Juilliard School of Music de New York avec Jennie Tourel. La chanteuse fait ses débuts sur les scènes d’opéra en 1974, à l’Opéra de San Francisco et au Festival de Glyndebourne. Elle débute en récital la même année, à l’Hôtel de Ville de New York.
Depuis, la carrière et l’art de Barbara Hendricks n’ont cessé d’évoluer et elle est devenue l’une des artistes les plus aimées et les plus admirées au monde. Elle s’est produite sur toutes les plus grandes scènes d’opéra, notamment l’Opéra de Paris, le Metropolitan Opera de New York, Covent Garden à Londres et La Scala de Milan. Elle a chanté sous la direction des chefs les plus prestigieux de notre époque, comme Daniel Barenboim, Leonard Bernstein, Karl Böhm, Sir Colin Davis, Carlo Maria Giulini, Bernard Haitink, Herbert von Karajan, Lorin Maazel, Zubin Mehta, Wolfgang Sawallisch et Sir Georg Solti. Le récital occupe également une grande partie de sa vie et elle a donné des concerts avec des pianistes, tels Dmitri Alexeev, Michel Béroff, Yefim Bronfman, Michel Dalberto, Love Derwinger, Youri Egorov, Ralf Gothoni, Radu Lupu, Maria Joao Pires, Roland Pöntinen, Andras Schiff ou encore Peter Serkin.
Barbara Hendricks a joué le rôle de Mimi dans « La Bohème », film réalisé par Luigi Comencini, ainsi qu’Anne Truelove, en 1994, dans la production du Rake’s Progress dirigée par Esa-Pekka Salonen, film récompensé de nombreux prix internationaux. Elle a été membre du jury présidé par David Cronenberg lors du Festival de Cannes, en 1999.
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