
Le bras de fer entre Chidanand Rughoobur, analyste à la Banque de Maurice et président de la Bank of Mauritius Employees Union, et la direction de la Banque centrale franchit une nouvelle étape. Suspendu depuis juillet à la suite d’une affaire policière controversée, le syndicaliste a porté l’affaire devant l’Employment Relations Tribunal.
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Dans l’après-midi de mardi, l’Employment Relations Tribunal (ERT) a convoqué la Banque de Maurice (BoM) et Chidanand Rughoobur à une première rencontre (preliminary meeting), au Newton Tower. Rughoobur était accompagné du négociateur syndical Narendranath Gopee, représentant de la Federation of Civil Service and Other Unions.
Face à eux, Mᵉ Sanjay Bhuckory, Senior Counsel, et Shardanand Gopaul, Director of Accounting à la Banque de Maurice, ont représenté la direction.
Une prochaien audition a été fixée au mardi 23 septembre à 13 heures, quand l’affaire sera entendue sur le fond.
Interrogé à sa sortie d’audience, Chidanand Rughoobur a exprimé son incompréhension face à l’attitude de la BoM : « La banque centrale me reconnaît comme syndicaliste, mais elle refuse toujours de reconnaître la Bank of Mauritius Employees Union… Pourtant, plus de 50 % des employés de la BoM y sont affiliés ! »
Il rappelle que la Bank of Mauritius Employees Union (BoMEU), créée en 1976, est une structure syndicale pleinement légitime. L’ancien Second Deputy Governor, Gérard Sanspeur, avait d’ailleurs été mandaté pour apaiser les tensions entre la banque et le syndicat.
Chidanand Rughoobur a été suspendu par la BoM après son arrestation le 13 juillet. Il répond d’une accusation provisoire de « rogue and vagabond ». Et il est accusé d’avoir tenu des propos obscènes envers la police en public. La BoM considère que ces accusations peuvent constituer des manquements graves aux obligations professionnelles du syndicaliste.
Lors d’une réunion convoquée le 29 août par le ministre du Travail, des représentants syndicaux, les avocats de Chidanand Rughoobur et de la direction de la Banque étaient présents. Le ministère avait alors recommandé la levée de la suspension. Une recommandation que la banque a rejetée, affirmant qu’elle a déjà suspendu d’autres employés dans des circonstances similaires.
Dans une lettre datée du 2 septembre, Chidanand Rughoobur a assuré qu’il a mis dès le 16 juillet l’ancien Second Deputy Governor, Gérard Sanspeur, au courant de sa situation judiciaire. Une correspondance que la banque dit qu’elle n’était pas au courant, mais qu’elle s’est engagée à examiner.
Parallèlement, l’employé a porté plainte contre la police, accusant celle-ci d’agression physique. Il a saisi à la fois l’Independent Police Complaints Commission et la Human Rights Commission. Toutefois, selon la banque, ces accusations n’ont pas été entendues devant un tribunal
Ce litige met en lumière les tensions persistantes entre la Banque de Maurice et la BoMEU. Le refus de reconnaissance formelle du syndicat par l’employeur reste un point de discorde majeur. La présence de plus de la moitié des employés au sein du syndicat rend cette non-reconnaissance très controversée.
Pour Narendranath Gopee, figure syndicale bien connue, cette affaire dépasse le simple cadre disciplinaire. « C’est une tentative déguisée de museler le syndicat et d’affaiblir la représentation des employés. »
La prochaine audience à l’ERT, le 23 septembre, sera cruciale. La décision du tribunal pourrait établir un précédent important sur la reconnaissance syndicale et les droits des salariés dans les organismes parapublics.
En attendant, alors que la Banque centrale est en proie à d’autres remous, elle se serait bien passée de ce litige qui écorne un peu plus l’image longtemps lisse de cette institution.

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