Live News

Banque de Maurice et MIC : entre polémiques et gouvernance

Ashna Nuckcheddy-Rabot et ses invités, les journalistes Narain Jasodanand et Rajen Valayden, l’avocat Neelkant Dulloo et l’ancien cadre au FMI Ali Mansoor.

L’émission Au cœur de l’info, le vendredi 19 septembre, animée par Ashna Nuckcheddy-Rabot, s’est intéressée aux polémiques concernant la Banque de Maurice et la Mauritius Investment Corporation. Les invités, le journaliste Narain Jasodanand, l’avocat Neelkant Dulloo et l’ancien cadre au FMI Ali Mansoor, ont analysé la situation. La diffusion de bandes sonores et les allégations de détournement ont relancé le débat sur la gouvernance financière à Maurice. 
 
Cette affaire, qui évoque de possibles irrégularités et interventions controversées dans les dossiers de la Banque centrale, a soulevé des questions cruciales sur la transparence, la responsabilité et la crédibilité des institutions publiques. Le rôle de Tevin Sithanen, fils du gouverneur Rama Sithanen, et la gestion de la MIC, ont provoqué de vives réactions dans le pays. L’émission a permis de décortiquer les enjeux financiers et politiques, tout en donnant la parole aux experts, aux journalistes et aux citoyens, qui réclament des décisions claires et des mesures pour restaurer la confiance du public.

Publicité

Le journaliste Narain Jasodanand a mis l’accent sur le respect des droits fondamentaux à l’information et à la liberté d’expression. Il a expliqué qu’on a empêché certains citoyens et médias d’accéder à des informations essentielles. Et selon lui, certaines décisions, comme la descente effectuée à son domicile, n’ont pas été clairement justifiées. Ce qui soulève des questions sur la transparence et la responsabilité des autorités. Il demande au Premier ministre de prendre une décision ferme, car il estime que ce n’est pas acceptable de laisser cette situation en l’état ou d’adopter une politique de l’autruche.

Narain Jasodanand a également analysé la situation à la Banque de Maurice. Pour lui, le gouverneur Rama Sithanen se trouve confronté à des dossiers qui posent des problèmes graves pour la crédibilité de l’institution. Il a relevé certaines irrégularités dans les propos du gouverneur, qui mettent, selon lui, sa crédibilité en péril : comment un gouverneur peut-il évoquer un embezzlement au sein de la banque ? Est-il possible qu’une personne ou une entreprise s’auto-octroie des prêts sans intervention de l’administration ? Selon le journaliste, le manque de clarté dans l’octroi de prêts importants et dans la gestion de la MIC reflète un système dans lequel les grands acteurs économiques bénéficient de privilèges, tandis que la population reste dans l’ignorance.

Sujets peu pertinents 

Ali Mansoor, ancien cadre au Fonds monétaire international, a apporté un éclairage technique sur les implications de cette situation pour la gouvernance financière à Maurice. Il a rappelé que la Banque de Maurice a pour mission principale de réguler l’inflation et de stabiliser les taux de change. Et elle ne devrait pas gérer la MIC, qui n’a pas été créée avec un cadre transparent. Selon lui, la MIC a accumulé des actifs et des portefeuilles de prêts avec un manque de suivi et de contrôle. Ce qui nécessite aujourd’hui un transfert vers des institutions publiques solides, comme la Maubank, et des enquêtes sur les éventuels prêts irréguliers.

Ali Mansoor a aussi mis en avant que les autorités doivent se concentrer sur des dossiers essentiels pour l’avenir du pays au lieu de perdre du temps sur des sujets peu pertinents. Il cite notamment la préparation aux défis liés à l’intelligence artificielle. Selon lui, la MIC constitue une distraction. Il estime qu’il est possible de trouver une solution en deux semaines si l’on se concentre sur l’essentiel. Enfin, il a insisté sur le fait que le système financier repose sur la confiance. Restaurer cette confiance est indispensable pour garantir la stabilité et permettre à Maurice de se positionner comme une plaque tournante régionale des finances.

Communication 

L’avocat Neelkant Dulloo a quant à lui analysé les implications politiques et institutionnelles. Pour lui, la population mauricienne est mature et vigilante. Elle exige transparence et responsabilité. Le Premier ministre et le gouvernement ont placé des personnes de confiance à des postes clés, et chaque responsable doit assumer ses actes. Neelkant Dulloo a précisé que la perception publique concernant Rama Sithanen est critique : le gouverneur doit clarifier sa position, car son rôle et le prestige du poste sont aujourd’hui remis en question. Il a également évoqué le besoin d’une meilleure communication gouvernementale pour informer correctement le public et éviter les malentendus. Selon lui, il est nécessaire de rationaliser les structures financières, d’éliminer les doublons et de mettre fin aux pratiques qui détournent l’attention des priorités économiques du pays.

L’émission a ainsi mis en lumière plusieurs constats partagés par les intervenants : la MIC constitue un problème structurel qu’il faut résoudre rapidement, la Banque de Maurice doit se concentrer sur sa mission fondamentale. La transparence et la responsabilité des acteurs publics sont essentielles pour rétablir la confiance du public. Les participants ont aussi insisté sur l’importance de prendre des mesures pour garantir la bonne gouvernance financière et protéger la réputation du pays. La décision du Premier ministre Navin Ramgoolam est attendue et elle sera déterminante pour l’avenir du système financier mauricien.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !