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À Bambous : Expulsé, un couple dort sous une tente de fortune 

Une bâche sert d'abri à Reza et Valisha.

Dormir à la belle étoile n’a rien de romantique pour Reza Bakri et sa compagne Vilasha. Ces derniers vivent depuis le samedi 20 octobre, sous une tente dressée sur la rue menant aux maisons NHDC à Geoffroy, Bambous. Le couple a été expulsé de la maison qu’il occupait et cherche désespérément un logement.

« Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles », écrit l’artiste Oscar Wilde. Cette phrase énigmatique traduit parfaitement, les conditions dans lesquelles vivent Reza, 55 ans, et Vilasha, 25 ans, depuis une semaine. 

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Le quinquagénaire confie que cela fait 16 ans qu’il occupait cette maison. « Je payais un loyer de Rs 2 500 avec un surplus de Rs 200 par chaque année d’occupation à la bénéficiaire de cette maison NHDC. Maintenant qu’elle a le contrat de propriété en main, elle a logé une plainte en cour me réclamant une somme de Rs 40 000 et m’a servi une mise en demeure me demandant d’évacuer sa maison. Lorsque je suis venu ici, il n’y avait rien dans la maison. J’ai refait le carrelage et effectué certains travaux », dit Reza. 

En novembre 2017, il a été appelé à se présenter en cour. On lui a accordé un délai de cinq mois pour évacuer la maison. « Je n’ai pas payé le loyer car je devais trouver une maison. En septembre dernier, des policiers munis d’un mandat se sont présentés chez moi, mais je n’étais pas là. Ils sont revenus samedi dernier pour vider la maison. Je travaillais lorsque j’ai appris ce qui se passait », explique Reza. 

Une bâche sert d'abri à Reza et Valisha.

Le camping forcé dans une tente

Le quinquagénaire affirme qu’il a toujours payé son loyer, sauf en 2004 lorsqu’il a été victime d’un grave accident de la route. «  Je ne travaillais pas et je devais à la propriétaire Rs 21 000. Nous avons trouvé un arrangement pour que je puisse régler ma dette. Ainsi, lui rembourser Rs 300 chaque mois. Je ne comprends pas comment on en est arrivé là », dit-il. 

Après son expulsion, Reza a dressé une tente devant la maison qu’il occupait depuis 2002. Quelques meubles et utensils de cuisine sont empilés dans la cour dont l’accès n’est pas restreint pour le moment. Le reste des effets personnels du couple, comme les appareils électroménagers, l’armoire et d’autres babioles, est également empilé. 

Les nuits sous les étoiles défilent et l’angoisse de Reza s’accentue car il se soucie du confort de Vilasha. Il soulève un semblant de porte réalisée avec un morceau de bâche pour montrer leur intérieur improvisé. Dans la pénombre, on distingue un lit et des couvertures. À côté, un four à gaz, des électroménagers, des vêtements entassés dans divers paniers et boîtes. Le four à micro-ondes cale un coin de la tente afin d’éviter que le vent de la montagne, ne l’emporte. 

Reza et Vilasha racontent leur sommeil pied dans l’eau lors des récentes pluies. Trempés jusqu’aux os, la nuit dans la tente a été un calvaire. Mais les deux se serrent les coudes pour surmonter cette douloureuse étape. Après la pluie, le couple peine à trouver le beau temps malgré un soleil de plomb, qui les force à sortir de leur abri de fortune qui se transforme en un véritable four. Les moustiques eux, bourdonnent en continue. Mais ce qui les dérange le plus, c’est que leur tente plantée en pleine rue incommode les habitants du quartier. Certains se sont plaints.  Pour circuler dans cette rue, les automobilistes doivent faire preuve de vigilance. Une fausse manœuvre et ils riquent de terminer droit dans la tente de Reza. 

Sans toit 

Le quinquagénaire tente de dissimuler ses émotions, mais son angoisse est palpable. Vilasha essaie de le soutenir du mieux qu’elle peut, dans ce moment tragique. Le couple cherche désespérément un toit pour s’abriter. « Tou lakaz ki nou pe gete, lokasion kout Rs 5 000- 6000. Nou pena mwayin », dit Reza. Il gagne sa vie en vendant des boissons gazeuses, quelques boîtes de conserves et des gâteaux dans un tricycle à La Valette. « J’ai repéré une maison de la NEF abandonnée à cet endroit. J’envisage d’y trouver refuge, le temps de trouver un logement, mais je veux tout faire dans la légalité », confie le quinquqgénaire.  

Depuis cinq jours, Reza ne se douche pas. Les bois à proximité lui servent de toilettes. Vilasha confie qu’elle peut faire un brin de toilette chez une voisine. Cette dernière lui donne aussi à manger. 

La tente qu’occupe le couple a été fournie par le président du conseil de district de Rivière-Noire. Celui-ci  leur offre aussi le déjeuner. Reza et Vilasha vouent une gratitude à cet homme qui n’est pas resté insensible à leur situation.  Sans argent et avec à peine de quoi manger, Reza et Vilasha ne savent pas à quel saint se vouer. Ils lancent un appel à toute personne ou autorité, qui purrait les aider à sortir de cette impasse. 

Victime d’un accident de la route 

Accommoder un lit dans l’espace restreint de la tente est primordial pour Reza. « Ma santé ne me permet pas de dormir sur un matelas posé à même le sol », dit-il. Quatorza ans après son accident, Reza souffre toujours de douleurs à la hanche et aux jambes. « J’étais à moto lorsqu’une voiture m’a percuté de plein fouet. J’ai passé 24 heures dans le coma », se souvient-il.   

Le quinquagénaire qui autrefois gagnait sa vie tour à tour en tant que peintre, carreleur, maçon et charbonnier ne peut plus effectuer des travaux manuels. D’où l’idée de vendre des aliments et boissons. Et depuis trois ans, il a veillé à ce que Vilasha ne manque de rien. « Cette expulsion est comme une enclume qui m’est tombée sur la tête. J’ai fait de mon mieux pour chercher une maison. Faute de moyens et d’un logement abordable, la rue est devenue mon refuge. » Vilasha, est, elle, actuellement en quête d’un emploi afin de soutenir financièrement Reza. 

Rejeté par ses enfants 

Reza est a cinq fils et d’une fille âgés entre 20 et 30 ans. Depuis qu’il s’est séparé de sson épouse, sa relation avec ses enfants s’est détériorée. Depuis 2002, il y vit seul. Cela avant qu’il décide en 2015, de se mettre en couple avec Vilasha. 

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