Baisse du prix du carburant et transport gratuit pour tous : les implications pour les ménages, les entreprises et l’économie  

L’alliance PTR-MMM-ND a annoncé, lors du meeting du 1er-mai, ses mesures phares concernant le transport, notamment la révision de la fiscalité sur les carburants permettant une baisse du prix de l’essence et du diesel ainsi que le transport public gratuit pour tous. À quel point ces mesures seront-elles réalisables ? Quelles sont les implications sur le pouvoir d’achat des Mauriciens et sur l’économie ? Le point.

L’alliance de l’opposition a dévoilé un ensemble de mesures axées sur le secteur du transport à Maurice. Parmi celles-ci, figure une baisse du prix de l’essence et du diesel. Aussi, l’annonce de la gratuité des transports en commun pour tous a retenu l’attention. Ibrahim Malleck, Managing Partner d’Ebonia Capital et économiste, affirme qu’il s’agit de mesures préélectorales destinées à attirer l’attention des électeurs et à influencer les votes en leur faveur. « Les mesures peuvent bien sûr être mises en œuvre, mais elles ne seront efficaces que si elles sont bien réfléchies et si elles s’inscrivent dans une stratégie socioéconomique définie pour le pays », dit-il. 

Pour lui, l’élément le plus important pour tout futur gouvernement est « une feuille de route pour l’économie », mettant en avant les secteurs de croissance et les gains de productivité, et garantissant que les politiques budgétaires et monétaires sont alignées pour mettre en œuvre une stratégie définie, qui comprend un État-providence durable. 

Manisha Dookhony abonde dans le même sens. « Toute mesure est réalisable s’il y a de l’argent dans les caisses du gouvernement », fait ressortir l’économiste. Pour elle, la baisse du prix du carburant semble être une bonne mesure qui sera bénéfique à la population. Cependant, elle exprime des doutes concernant la gratuité du transport public pour tous. « Je pense qu’il faudra adopter un système de ciblage et rendre le transport en commun gratuit pour ceux qui sont dans le besoin », recommande-t-elle.

Claude Canabady, secrétaire de la Consumer’s Eye Association (CEA), affirme que les prix de l’essence et du diesel sont « surtaxés ». « Je me demande pourquoi il y a une contribution pour la Road Development Authority. Les automobilistes et motocyclistes paient déjà la taxe annuelle (road tax) pour tout ce qui concerne la maintenance de nos routes », martèle-t-il. 

Selon lui, il est grand temps de revoir les taxes appliquées et leur pertinence à présent en prenant en considération la cherté de la vie. « Je dirai qu’une révision de la fiscalité sur les carburants visant une baisse du prix est bel et bien réalisable », soutient-il.

Les moyens possibles pour financer les mesures 

Ibrahim Malleck estime que ces mesures pourront être financées via un réalignement du soutien budgétaire en faveur du secteur du transport. Il indique que les prix du carburant sont alourdis par divers prélèvements (RDA ou encore les subventions pour le riz et la farine, entre autres). « Ces prélèvements pourraient être supprimés pour réduire les prix à la pompe pour le consommateur », avance-t-il. Cependant, l’économiste souligne que la réduction de ces prélèvements aura un impact sur d’autres aspects économiques et restera donc un coût pour le gouvernement. « Tout gouvernement en place devrait procéder à un audit de nos finances nationales pour répondre à une question fondamentale : notre structure budgétaire actuelle est-elle alignée sur ces mesures et suffisamment solide pour supporter celles-ci ainsi que les autres coûts sociaux liés au vieillissement de la population ? », dit-il. 

De son côté, Manisha Dookhony est d’avis que le financement peut se faire à travers la location de Diego Garcia. « En louant Diego Garcia, le gouvernement peut augmenter ses revenus et investir davantage dans des projets sociaux », soutient-elle. Sinon, dira l’économiste, l’État doit chercher d’autres nouvelles sources de revenus. 

Claude Canabady, pour sa part, avoue qu’il n’est pas un expert financier et qu’il n’est pas très bien placé pour donner des conseils économiques. « Je dirai seulement pourquoi ne pas taxer les produits de luxe à un niveau plus élevé. Cela permettra au gouvernement de remplir ses caisses  », suggère-t-il.