Les habitants de Bain des Dames, Cassis font appel à Raj Dayal. Ils dénoncent l’intensité du bruit causé par les activités de Fort Victoria. Ils estiment que seul le ministre de l’Environnement pourra les aider à combattre ce problème qui perdure depuis dix ans. Ils rejettent l’idée d’une nouvelle centrale dans la région. Visite.
Pendant que le gouvernement tente de trouver un consensus autour de la construction d’une nouvelle centrale à Bain-des-Dames, des habitants sont contraints de subir les vrombissements qu’émettent les turbines du Central Electricity Board (CEB) à Fort Victoria. Et ce, depuis dix ans. Plusieurs familles ont évacué l’endroit tant le bruit est insupportable. Une équipe du Défi Quotidien s’est rendue sur place pour vérifier leurs dires.
Mardi, 11 heures. Le soleil brille de mille feux. La chaleur est torride. Nous sommes à la rue Fok Seung, Bain-des-Dames. On se croirait à l’aéroport de Plaisance, en raison du bruit d’un moteur qui tourne. Le son agresse les tympans, provoque aussi un mal au cœur. Soopramanien Gopal, un résident de l’endroit nous sert de guide. Il nous conduit au domicile d’une famille qui a abandonné sa maison pour trouver refuge ailleurs.
À Bain-des-Dames, les murs sont lézardés, des fissures apparaissent. Le vrombissement fait trembler des objets posés sur la table. Ce qui nous choque énormément, c’est que les habitants de cette agglomération de la capitale parlent tous à haute voix pour se faire entendre. «Mo lakaz fine endommagé. Mo fine construire ene lot lakaz, mo mur pé commence lezardé. Nou fatigué avoye pétition CEB, zot fer la sourde d’oreille », déplore Gopal Soopramanien.
A la rue Noormohamed Oosman, le bruit est infernal, c’est à peine si l’on entend nos interlocuteurs. Il faut quitter les lieux au plus vite, tant le bruit est intense. Pourtant, une centaine de familles vit là.
Les riverains sont très remontés après la décision du gouvernement de bâtir une nouvelle centrale à Les Salines. D’une capacité de 135 à 150 mégawatts, elle coûtera Rs 7 milliards aux contribuables. Cette centrale sera opérationnelle en janvier 2018.
Selon Gopal, « ce grondement a eu des effets néfastes sur la santé des vieilles personnes : maux de tête, irritabilité ou privation de sommeil. Ceux qui portent des râteliers sont contraints de les enlever. Des gens prennent des calmants pour dormir. J’ai dû quitter la maison pour me réfugier chez un proche », dénonce Roddy Vadeevalloo.
Lors de notre visite, nous avons appris que le CEB a dédommagé deux familles, après que la Cour suprême leur eut donné gain de cause. Ces familles avaient engagé des poursuites pour réclamer des dédommagements pour les préjudices causés par les vrombissements et vibrations. Depuis que les habitants ont appris le projet d’une nouvelle centrale, ils ont écrit au Premier ministre sir Anerood Jugnauth, à Raj Dayal, ministre de l’Environnement et aux députés de la circonscription Grande-Rivière Nord-Ouest/Port-Louis-Ouest.
Contacté au téléphone, Patrice Armance de l’Alliance Lepep, se dit conscient que les habitants de Bain-des-Dames font face à une situation inquiétante. Au Défi Quotidien, le député orange promet d’effectuer une visite en compagnie du secrétaire parlementaire privé (PPS) de la région. Une visite qu’il n’a pu mener avec le ministre Ivan Collendavalloo en novembre dernier, n’étant pas invité. « C’est le ministère des Utilités publiques qui travaillent sur ce projet. Il est dommage que mes mandats n’aient pas cru utile de me contacter. Ce problème a été évoqué à l’Assemblée nationale », indique le député.
En novembre 2015, Paul Bérenger, leader de l’opposition avait axé sa Private Notice Question sur la construction d’une autre centrale à Bain-des-Dames. La PNQ était adressée au ministre Ivan Collendavelloo. Le projet du CEB avait suscité une polémique avec le comité Ramsar, la construction de la centrale devant se faire sur des zones marécageuses. Selon le comité Ramsar, le CEB devrait revoir ses plans d’aménagement du site.
Le ministre Collendavelloo devait répondre à la PNQ que le « site n’est pas marécageux. Pour preuve, le comité Ramsar a donné son autorisation au CEB. » Le ministère des Utilités publiques dit solliciter l’expertise d’un consultant. À la lumière de ce rapport, une décision sera prise.
Au niveau du Central Electricity Board, personne n’a cru utile de répondre à nos nombreux appels téléphoniques.
En attendant que le gouvernement conclut sur la construction de cette nouvelle centrale ou non, les habitants de Bain-des-Dames continuent de subir les inconvénients provoqués par les vrombissements et vibrations des turbines de Fort Victoria.
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