Baie-du-Tombeau : 19 cas de vol en une journée

Les résidents de cette périphérie de Port-Louis montent au créneau, exaspérés par le nombre de vols commis dans la région.

Steeve Lo Yee, président du conseil de village, avance que des propositions seront faites pour l’installation d’une cinquantaine de caméras CCTV et le nettoyage des quelque 400 terrains laissés à l’abandon.

Baie-du-Tombeau. Midi. Les ruelles sont désertes. À l’ombre d’un bananier, Boum-boum vaque à ses occupations. Il confectionne des baye koko. N’ayant pas la langue dans sa poche, le sexagénaire confie que les vols sont « plus que fréquents » dans la région. Il nous indique les nombreux terrains en friche et broussailleux qui peuvent servir de « planque » aux voleurs.

« C’est un véritable pillage. Ces gens sans vergogne dérobent tout ce qu’ils voient », s’insurge cet habitant de St-Malo. « Tout y passe. Les bijoux en or et en argent, les appareils électroménagers et les fruits de saison. C’est la raison pour laquelle il n’y a plus de fruits à Baie-du-Tombeau depuis des années », poursuit Boum-boum. Il est d’avis que les voleurs qui y sévissent ne sont pas de la région, mais pourraient être de mèche avec quelques habitants. Le sexagénaire blâme également « un manque de patrouilles policières ».

Rencontrée non loin du poste de police, Marie-Noëlle, habitant Résidences Ilois, soutient que le taux de chômage élevé est la cause de ce fléau. « Beaucoup d’habitants ont des antécédents judiciaires. Ils peinent donc à trouver un emploi qui leur aurait permis de vivre décemment. Voler devient alors pour eux un moyen de subsistance », dit-elle.

Outre les maisons, les lieux de culte sont aussi fréquemment cambriolés. Durant ces 10 dernières années, le musjid Azmatoul Quraan a été visité une dizaine de fois par les voleurs. Robinets, ampoules, ventilateurs, microphones et autres pendules ont été emportés. Le dernier cas, explique Jaffar Houssain Sobha, le responsable, remonte à trois mois. Un prélart de 24 pieds par 24 pieds et un aspirateur ont été volés. Le butin est estimé à Rs 10 000.

À la cure de St-Malo, les cambrioleurs ont également sévi. Selon le père Sylvio Lodoïska, ses effets personnels et d’autres objets ont été volés l’an dernier. Il flaire un « vol organisé ».

Situation alarmante

Selon Steeve Lo Yee, le conseil de village met les bouchées doubles pour faire chuter le nombre de vols. « Pas plus tard que la semaine dernière, il y a eu 19 vols rapportés à la police en une seule journée. La plupart étaient des vols à l’arraché », s’indigne-t-il.

« La situation est alarmante. Il faut réagir. Nous souhaitons rencontrer le commissaire de police Mario Nobin. Nous soumettrons une pétition pour réclamer l’installation de caméras de surveillance. Le conseil a également pris note du nombre de terrains en friche. Des démarches seront entreprises en vue de nettoyer les terrains qui servent de cachettes aux cambrioleurs. »

Selon lui, la présence policière joue un rôle prépondérant dans la prévention. « Nous avions lancé un programme de neighbourhood watch avec le concours de la police. Toutefois, nous avons été obligés de tout recommencer, car certains éléments ont été mutés », dit le président du village.

Les policiers de Baie-du-Tombeau confirment la recrudescence des vols. « Les cambrioleurs sont des récidivistes de la région », indiquent-ils. « Des patrouilles régulières sont effectuées à diverses heures de la journée. »

Sollicité, le commissaire de police est resté injoignable pour une déclaration.