Baba Gaïa : la magie des feutres

L’art est l’échappatoire de Baba Gaïa. Du bout de ses feutres, des milliers de petits dessins abstraits aux couleurs vives voient le jour. Pascale Mamet, qui a pris pour nom d’artiste Baba Gaïa, concrétise son art au fil de ses œuvres.

« Je me laisse porter par la diversité des Mascareignes, le métissage et la nature »

Plongée dans son tableau, lorsqu’elle est en pleine création, Baba Gaïa médite. Elle ne voit et n’entend personne... juste le son de son feutre sur son tableau. Issue d’un métissage : une mère réunionnaise et un père mauricien, elle a passé une grande partie de son adolescence à l’île sœur.

Baba Gaïa est de cette nouvelle génération d’artistes à l’univers décalé. Elle a du mal à décrire son style artistique, tant elle a évolué dans un monde bien à elle. Dans la spontanéité, elle raconte son parcours académique et artistique.

En essayant de cerner le personnage, on découvre une jeune fille de 24 ans pas comme les autres. Alors que d’autres petites filles de son âge voulaient des poupées, Baba recevait des crayons de couleurs, des feutres et du matériel de bricolage pour ses anniversaires. La fibre artistique coulait déjà dans ses veines.

« Je tiens ma passion pour l’art de mes parents. Enfant, je les regardais travailler avec leurs mains et j’essayais de les aider du mieux que je pouvais. Ils sont tous les deux très doués, que ce soit pour la peinture, la mosaïque ou le bricolage. Mais c’est réellement après mon incursion dans les arts du spectacle que j’ai pris conscience du besoin de créer de mes mains », raconte-t-elle.

En effet, au collège, elle se lance dans un cursus littéraire avec option théâtre et s’intéresse à l’art du cirque après son bac. « À cette époque, j’étais dans une phase de découverte. Je me suis essayée à différents médias pour finalement réaliser que le dessin était ce qui me plaisait le plus. »

Délire méditatif

Elle choisit de s’orienter vers un Certificate IV in Interior Decoration, pour finir par un BA Digital & Advertising Design au Charles Telfair Institute. Vous l’aurez compris, la jeune femme a plus d’une corde à son arc. Et pourtant, lorsqu’il s’agit de parler de son art, elle ne saurait le décrire. Un jour, lors d’une soirée chez des amis, elle fait la rencontre de l’artiste Laetitia Lor. Ce soir-là, elle s’est plongée dans la réalisation d’un tableau pendant trois à quatre heures, oubliant tout ce qui l’entourait.

« Lorsque je dessine, j’entre dans un délire méditatif. Laetitia Lor, qui avait apprécié mon travail m’a proposé, quelque temps plus tard, de participer à l’exposition “13” en 2015 ». C’était sa première exposition et elle donna suite à plusieurs autres, notamment sa première exposition en solo au Hennessy Park Hotel, grâce à Gael Froget.

« Par la suite, Laetitia Lor m’a proposé de participer à Borderline, organisé par The third dot au Granary Building, en 2016, puis Metaform et tout récemment, The passage, au Long Beach Resort, à Belle-Mare. »

Impossible pour la jeune artiste de mettre des mots sur son art. « Je ne saurais pas vraiment mettre des mots ou un nom sur mon travail. Les motifs que je dessine restent du figuratif sans réelle structure, j’y transmets mon ressenti. » Ses tableaux demandent un travail minutieux et chaque œuvre oblige à s’armer de patience, car certaines peuvent prendre une bonne quarantaine d’heures.

« Lorsque je m’y mets, cela devient limite obsessionnel. La plupart de mes dessins sont réalisés sur papier avec des feutres et des marqueurs pour les couleurs », explique-t-elle.

La jeune femme s’inspire du monde qui l’entoure. Ayant vécu sur des îles, c’est tout naturellement qu’elle perpétue à sa manière ce qu’elle voit au quotidien. « Je me laisse porter par la diversité des Mascareignes, le métissage et la nature. J’ai aussi un petit faible pour les vieilles illustrations botaniques. »

Son souhait actuel : poursuivre son art et continuer à dessiner et faire découvrir un peu plus son univers. « Je prends plaisir à travailler sur les commandes de tableaux que je reçois, car c’est à chaque fois plus challenging et encourageant de savoir que le client me fait confiance et commande un tableau sans même l’avoir vu avant. C’est un peu comme une pochette-surprise. »