Avis de fortes pluies : la population déroutée par les prévisions météo

Les prévisions de la station météorologique de Vacoas laissent pantois tant elles sont changeantes et ne s’avèrent pas. À l’instar de l’avis de fortes pluies émis puis retiré ce mardi. Il en résulte une situation déroutante pour de nombreuses personnes.

On savait Dame Nature capricieuse. Cette fois, elle commence à dérouter tout le monde avec ses humeurs changeantes. Ce qui oblige les services météorologiques à émettre tantôt une veille, tantôt un avis de fortes pluies, alors qu’il fait beau sur la majorité du territoire. D’où les commentaires souvent acerbes et parfois injustes des internautes à chaque alerte météorologique. Il y en a même qui supplient la pluie de tomber pour que la station de Vacoas ne soit pas la risée de la population pour des prévisions non avérées. D’autres, encore plus moqueurs, évoquent un « avis de fort soleil » dans leur localité.

C’est une situation déroutante que vivent de nombreuses personnes, qui mettent aussi en doute les prévisions des Mauritius Meteorological Services (MMS). Cela même si les services météo ne peuvent être tenus pour responsables des caprices de la nature et qu’ils font des prévisions, non des prédictions, souligne un météorologue qui n’a pas souhaité être cité. Néanmoins, beaucoup de gens préfèrent s’en remettre aux analyses de météorologues amateurs tant la confiance a été entamée. 

« Les Mauriciens n’ont plus confiance en la station nationale de météorologie. Pour ma part, j’interprète le contraire de ses prévisions, ce qui m’a plusieurs fois donné raison », dit Anna. « C’est problématique de devoir se lever à 5 heures du matin pour vérifier s’il y a école ou pas. Idéalement, le ministère aurait dû communiquer la veille », soutient Mélissa. « Je ne savais pas qu’il y avait une veille de fortes pluies car il faisait beau quand j’ai quitté la maison pour aller travailler. Ce n’est que bien après que j’ai appris la nouvelle », ajoute Ellvina. Elle note que tout le monde, les parents en particulier, devrait désormais prendre connaissance du bulletin météo dès le réveil avant de commencer sa journée.

Mélissa, mère d’une fillette de 7 ans, se dit consciente des risques existants par temps de pluie, avec les bus qui peuvent être pris au piège en raison d’un « flash flood » comme cela s’est produit à Mon-Gout, Macondé ou Port-Louis par exemple. Elle déplore également le mauvais état des infrastructures et notamment des drains qui n’arrivent pas à absorber et canaliser les eaux à chaque grosse averse. Ce qui occasionne des accumulations d’eau et des inondations dans certaines régions. Elle approuve ainsi la décision de fermer les établissements éducatifs en cas de pluie. 

D’autres parents ne sont pas du même avis. « À notre époque, nous allions à l’école même quand il pleuvait. Cela devient un problème. Comment les enfants vont-ils rattraper le retard, d’autant que certains cours diffusés à la télévision ou en ligne comportent des erreurs », dit Ellvina. Et cette valse de « ti moma ena lekol ti moma pena » inquiète Marie qui se demande ce que vont devenir les élèves qui ont déjà perdu une année scolaire en raison de la pandémie de Covid-19. « C’est devenu un perpétuel stress pour les parents au réveil chaque matin pour savoir s’il y aura école ou comment les enfants vont rentrer s’il pleut dans le courant de la journée », poursuit-elle. 

La fermeture des établissements scolaires par temps de pluie suscite non seulement la colère de mamans mais aussi d’enfants qui ratent leurs activités et n’ont pas la possibilité de retrouver leurs amis, selon Razia. Elle ironise en disant qu’à l’annonce de l’avis de pluies torrentielles, il faut ajouter que l’utilisation de la crème solaire est recommandée. 

Anna déplore le travail de rattrapage qu’il y aura à faire par la suite. Enseignante dans un établissement du primaire, elle fait ressortir que les écoles auraient pu rester ouvertes une demi-journée avec le « beau temps » qui a régné pendant la première partie de la journée ce mardi. D’autant que les services météo n’avaient prévu de la pluie que dans l’après-midi. Ce qui s’est traduit par un avis de fortes pluies émis à 11 heures et valable de midi à 22 heures, mais enlevé à 16 h 30. 

Il est difficile de comprendre les prévisions de la station météorologique, dit Nadja, enseignante au secondaire. « Nous essuyons souvent les critiques de la population parce que nous restons à la maison à la suite des décisions prises par les autorités qui se basent sur ces prévisions. » Elle est cependant en faveur de la fermeture des établissements scolaires si la situation météorologique suggère un potentiel risque pour les enfants. 

Si certains évoquent sur les réseaux sociaux des avis météorologiques « régionaux », Reshma considère qu’un avis national est préférable pour mettre en sécurité toute la population. Alors qu’elle a fait la route de Bambous à Bell-Village, elle a noté qu’il ne pleuvait pas dans sa localité contrairement à Richelieu. « C’est mieux d’émettre un avis de fortes pluies pour toute l’île car les averses peuvent passer d’une localité à une autre et c’est assez imprévisible », dit-elle. 

Des averses occasionnelles prévues aujourd’hui

Le régime d’air va changer sur notre région en raison de l’approche d’un anticyclone. Des averses occasionnelles sont prévues ce mercredi principalement sur l’Est, le Sud et le plateau central. Ce type de temps devrait perdurer jusqu’à la fin de la semaine, indique la station météo. Ce mardi, les régions de Mon Loisir Sugar Estate, Pamplemousses et Queen Victoria ont été les plus arrosées. Elles ont enregistré des pluviométries respectives de 19,6 mm, 13,8 mm et 14,6 mm en 12 heures.

Selon la station météorologique de Vacoas, hier, la brise de mer n’a pas autant favorisé la formation de nuages que ce qui était prévu. C’est ce qui explique la levée de l’avis de fortes pluies à 16 h 30, alors qu’il était initialement en vigueur de midi à 22 heures quand il a été émis à 11 heures.