Aviation : le nouveau CEO d’Air Mauritius réaménage sa hiérarchie

Charles Cartier, nouveau Chief Executive Officer d’Air Mauritius, depuis le jeudi 7 mars, redistribue les responsabilités à la tête de la compagnie, en vue de la rendre plus efficace. C’est la première phase, en attendant d’autres permutations et nominations.  Des changements qui  ne font pas que des heureux. 

Un Operations Advisory Committee conseille le CEO sur les affaires opérationnelles jusqu’au recrutement d’un Chief Operations Officer. Il est composé de Patrick Ter Hofsteede, responsable des Flight Operations, Roodra Raghoobar, responsable du Management System, Sameer Baichoo, pilote, Ziyaad Parthasee, employé en charge d’Airmate, et Jean-Bernard Sadien, directeur des ressources humaines. C’est ce qu’indique une note adressée par la compagnie au personnel, le mercredi 13 mars.

Un autre changement important : Anba Manikham, qui était senior manager Cabin Operations and Inflight Services, a été muté au département Ground Services Worldwide en tant que senior manager. Celui-ci serait un proche collaborateur de Ken Arian, Chief Executive Officer d’Airport Holdings Ltd. Son nom figurait régulièrement dans des lettres de dénonciation émanant du personnel.

Anba Manikham est remplacé par Jean-Hughes Young Lan Sun qui est depuis mercredi « acting Lead of Cabin Operations and Inflight Services ».

Roodesh Muttylall, ancien Head of Corporate Finance et Company Secretary d’Air Mauritius, a repris ses fonctions de Head of Corporate Finance, après un exercice de sélection pour ce poste. Il assumera ses responsabilités à partir du 22 avril.

La direction de la compagnie nationale d’aviation précise que la mutation d’Anba Manikham n’est pas une promotion. Atma Bumma, responsable de la communication d’Air Mauritius, précise cependant que l’exercice de réaménagement n’a pas pour objectif d’humilier qui que ce soit. « On ne peut pas gérer un organisme qui a des intérêts nationaux de premier ordre comme Air Mauritius en instaurant la peur. On doit décanter l’atmosphère et opérer dans l’intérêt des passagers, des employés et du pays. »

Mécontentements

Ces changements sont diversement commentés au sein d’Air Mauritius. Raj Ramlugun, un petit actionnaire et un ancien cadre d’Air Mauritius, s’est exprimé ouvertement sur la question. Il a fait part « de vives inquiétudes émanant d’employés » à Charles Cartier. Il a accueilli la nomination du nouveau CEO avec beaucoup d’espoir. « C’est un signe de libération de l’atmosphère de peur, d’intimidation et d’abus. »

Il considère cependant que ses premières décisions sèment le doute. « Qui a décidé de mettre sur pied cet Operations Advisory Committee, surtout qu’il est composé de noms qui ont fait le tour des médias récemment et dont les actions auraient dû faire l’objet d’une enquête indépendante et approfondie ? C’est franchement choquant ! », avance-t-il.

Il demande si le transfert d’Anba Manikham n’est en fait pas une promotion. Il conteste la présence de Jean-Bernard Sadien sur ce comité. Et il pointe du doigt ce qu’il considère comme étant de mauvaises décisions du département des ressources humaines. « C’est quoi tous ces signaux chaotiques, dès le départ, Messieurs Charles Cartier et Marday Venketasamy (NDLR président d’Air Mauritius) ? », demande Raj Ramlugun.

Une lettre de dénonciation, adressée au nouveau CEO, et datée du 10 février, dénonce les agissements de plusieurs des « hommes forts » de la nouvelle équipe de Charles Cartier. Elle demande qu’un audit et une enquête interne soient menés pour déterminer s’il y a eu de mauvaises pratiques. Le retour de Roodesh Muttylall au sein de la direction de la compagnie est aussi questionné. Il avait été critiqué pour des décisions concernant le fonds de pension des retraités d’Air Mauritius.