Aviation : IBL devient actionnaire d’Air Austral

Air Austral, en difficulté financière, bénéficie d’un soutien de 3 millions d’euros de la part d’IBL pour son redressement. Ce financement s’ajoute à un plan global de 15 millions d’euros, visant à stabiliser la compagnie.

En proie à des difficultés financières depuis plusieurs années, la compagnie réunionnaise Air Austral bénéficie aujourd’hui d’un soutien de taille. Le groupe mauricien IBL a décidé d’injecter trois millions d’euros, soit environ Rs 147,6 millions, dans le cadre du plan de recapitalisation de la compagnie aérienne. Cet apport financier permet à IBL de rejoindre Run Air, un consortium d’investisseurs privés détenant désormais la majorité du capital d’Air Austral.

Le plan de sauvetage d’Air Austral repose sur un financement total de 15 millions d’euros. Run Air apporte 8,25 millions d’euros, tandis que 6,75 millions sont mis à disposition par la Sematra, structure publique regroupant le Conseil régional de la Réunion, le Conseil général et la Chambre de commerce et d’industrie de l’île. Ce soutien financier intervient dans un contexte où Air Austral continue de subir les répercussions économiques de la pandémie de COVID-19, aggravant ses pertes structurelles.

Le choix d’IBL de soutenir Air Austral s’inscrit dans une logique stratégique. Les deux entités collaborent étroitement depuis plus de deux décennies, notamment à travers des représentations régionales à Maurice, aux Comores et à Madagascar. En 2008, elles avaient également été coactionnaires d’Air Mascareignes, une ligne d’aviation née du rachat par Air Austral de Catovair, ancienne filiale d’IBL.

« Nous avons répondu à une invitation du Groupe Deleflie, leader du consortium privé ayant repris la majorité d’Air Austral, pour discuter d’une participation d’IBL dans le plan de redressement de la compagnie aérienne. L’objectif est double : renforcer notre ancrage dans le tissu économique et social de la Réunion, et démontrer notre engagement à long terme envers le développement de l’île sœur ainsi que le bassin de l’océan Indien, incluant Mayotte. Cette prise de participation, bien que minoritaire, souligne notre implication dans ce processus de retournement d’Air Austral, en collaboration avec nos nouveaux partenaires et avec l’accord du Conseil régional de la Réunion et de sa présidente, Madame Huguette Bello », a déclaré Arnaud Lagesse, directeur général d’IBL, à Eco Austral.

Malgré ces efforts, les comptes d’Air Austral demeurent préoccupants. L’exercice clos au 31 mars 2024 affichait un déficit d’exploitation de 40,6 millions d’euros (soit Rs 2 milliards), tandis que le résultat net s’enfonçait davantage dans le rouge, atteignant 79,7 millions d’euros (Rs 3,9 milliards). 

Le plan de restructuration validé par la Commission européenne en janvier 2023 avait pourtant permis à l’entreprise de bénéficier d’une aide d’État de 119,3 millions d’euros 
(Rs 5,9 milliards), complétée par 25 millions d’euros (Rs 1,2 milliard) apportés par la Sematra et 30 millions d’euros (Rs 1,5 milliard) par les investisseurs privés. Mais cela n’a pas suffi à enrayer les pertes.

Avec une participation estimée à environ 5 %, IBL devient un acteur minoritaire dans l’actionnariat d’Air Austral, désormais largement contrôlé par Run Air, une holding rassemblant 28 investisseurs locaux. Cependant, cette initiative permet à IBL de réaffirmer son rôle stratégique dans la région et de renforcer son influence dans l’aviation régionale.

L’expérience d’IBL dans le secteur aérien n’est pas nouvelle. En 2005, le groupe avait lancé Catovair, une compagnie aérienne destinée à relier les îles de l’océan Indien. Mais l’aventure fut de courte durée : en 2008, Catovair avait été absorbée par Air Mascareignes, fruit du partenariat avec Air Austral.

Alors que le sauvetage d’Air Austral se poursuit, la question reste ouverte : cette alliance stratégique suffira-t-elle à redresser durablement la compagnie, ou ne sera-t-elle qu’une étape transitoire dans sa quête de survie ?