Avertissements sur l’insécurité à Maurice : ils ne reflètent pas à la réalité, selon Lobine
Après les États-Unis, la Russie et le Canada, des avertissements sécuritaires visant Maurice ravivent le débat sur la criminalité et l’image du pays. Si certains indicateurs officiels sont en baisse, la perception d’insécurité suscite des inquiétudes politiques, économiques et touristiques.
Après les États-Unis et la Russie, le Canada a récemment émis des conseils à l’attention de ses ressortissants se rendant à Maurice. Ces pays recommandent une vigilance accrue en matière de sécurité personnelle. Ce qui relance le débat sur la criminalité dans le pays, l’impact sur l’image internationale et les conséquences possibles pour l’économie locale.
Selon les données disponibles pour 2024, le taux global d’infractions (hors contraventions) à Maurice est de 42,8 pour 1 000 habitants, contre 46,6 en 2023, ce qui traduit une diminution du volume d’infractions signalées. Durant la même période, le nombre d’homicides est passé à 35 cas, soit une progression par rapport à l’année précédente. Les infractions liées à la drogue ont augmenté tandis que les agressions ont légèrement diminué, et les contraventions routières ont connu une forte hausse attribuée à l’introduction de nouvelles amendes forfaitaires automatiques. Ces chiffres suggèrent un profil complexe : certains indicateurs s’améliorent tandis que d’autres marquent une évolution défavorable.
Pour Kushal Lobine, député de l’alliance gouvernementale, l’émission d’avertissements par plusieurs pays ne reflète pas une dégradation du law and order. Selon lui, il faut distinguer une évolution des mœurs sociales de l’effritement des fondements mêmes de l’ordre public. « Si nous observons ce qui se passe dans d’autres pays, par exemple le Bangladesh, nous notons une dégradation du law and order », dit-il. L’avocat plaide pour une approche centrée sur la lutte contre la drogue, qu’il décrit comme l’un des principaux problèmes affectant la jeunesse. Dans sa lecture, l’accroissement lié aux trafics de substances synthétiques contribue à un malaise perceptible sans pour autant traduire une rupture totale de l’ordre public.
À cela s’ajoute la perception que donnent les avertissements diplomatiques. Pour Jocelyn Chan Low, observateur politique et historien, ces messages ne sont pas émis à la légère. Les ambassades disposent d’informations détaillées qui les poussent à prévenir leurs citoyens. « Nous sommes dans une situation qui n’est pas favorable pour notre tourisme et notre économie déjà fragilisés », explique-t-il. Pour lui, les statistiques — qu’il considère comme une question d’interprétation — ne reflètent pas toujours la réalité du terrain. Les actes de violence ponctuels, les faits divers et les vols, quand bien même ils ne changent pas fondamentalement les taux globaux, alimentent une perception d’insécurité qui peut influencer l’image du pays à l’étranger.
Cette perception est également au centre des préoccupations du président de la Mauritius Labour Congress, Haniff Peerun. Il attire l’attention sur les conséquences économiques potentielles des avertissements internationaux. Maurice dépend largement du tourisme et, selon lui, les commerçants locaux ressentent déjà les effets d’un tourisme plus prudent. « Si les touristes ne viennent pas à Maurice, ce sera un manque à gagner et d’autres destinations seront plus compétitives. » Pour Haniff Peerun, la continuité d’un dispositif de sécurité policier adapté tout au long de l’année est nécessaire pour répondre à la demande de sécurité tant des résidents que des visiteurs.