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Avec le G20, Washington mise sur l'Inde malgré ses réserves

Cela fait plus de deux décennies, sous des présidences très différentes, que les Etats-Unis affichent un seul et même objectif: encourager l'essor du géant indien.

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Alors, au moment où l'Inde accueille en fin de semaine un sommet des dirigeants du G20, le président Joe Biden endossera les habits de cheerleader, même si à Washington on concède que les intérêts de l'Inde soient parfois en contradiction avec ceux des Etats-Unis.

Le sommet intervient l'année où l'Inde est devenu le pays le plus peuplé au monde dépassant la Chine, ainsi que la cinquième économie mondiale chipant la place au Royaume-Uni, l'ancien colon.

Quant au Premier ministre indien Narendra Modi, il a été accueilli en grande pompe à Washington, Paris et ailleurs.

"D'une certaine manière, le Premier ministre Modi a voulu faire (du G20) une grande fête célébrant la sortie du placard de l'Inde, en tant que puissance majeure à la voix indépendante, convaincu que son heure est venue", confie Tanvi Madan, du Brookings Institution.

Les Etats-Unis voient dans la plus grande démocratie du monde un allié naturel, capable de faire face au rôle de plus en plus affirmé de la Chine avec qui elle a un différend frontalier de longue date.

Mais, au grand dam de Washington, l'Inde a refusé d'isoler la Russie après l'invasion de l'Ukraine, du fait de ses liens historiques étroits avec Moscou.

En présidant le G20, l'Inde s'efforce de dédramatiser la géopolitique et de rechercher un consensus sur la restructuration de la dette ou le changement climatique.

Des ONG dénoncent aussi régulièrement l'Occident qui cherche à courtiser le dirigeant nationaliste hindoue, sur fond d'attaques visant des minorités religieuses ou encore le harcèlement des médias critiques du régime.

- Pont entre l'Ouest et le Sud -
Pour Alyssa Ayres, de l'université George Washington, cela ne devrait surprendre personne que l'Inde, qui a été à la tête du mouvement des pays non-alignés pendant la Guerre froide, reste "férocement indépendante".

Selon elle, l'Inde ne voit aucune contradiction à "jouer sur tous les tableaux", soulignant par exemple le fait que New Delhi cherche à faire de sa présidence du G20 "un pont entre les grandes économies mondiales et celles du Sud global".

L'administration Biden a de façon répétée salué le leadership de M. Modi et dit qu'elle entendait travailler de concert avec lui pour faire en sorte que le G20 reste le principal forum de coopération économique mondiale.

Le conseiller à la sécurité nationale du président Biden, Jake Sullivan, a mis en avant cette semaine le fait que les Etats-Unis entendent démontrer que le G20, très divisé, peut se montrer efficace, au moment où une autre alliance, celle des Brics, monte en puissance.

Dans sa quête d'être un acteur mondial de premier plan, l'Inde a toujours cultivé une vision du monde multipolaire, souligne Aparna Pande, experte au Hudson Institute.

"Les liens forts de l'Inde avec le Sud global - l'ancien monde non-aligné - en font un pont idéal pour les Etats-Unis et leurs alliés", dit-elle.

- Le cas russe -
Le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine ne participeront pas au G20, une absence que M. Biden ne manquera pas d'utiliser à son avantage.

M. Xi aurait pu recevoir un accueil glacial à New Delhi, tandis que la présence de M. Poutine aurait constitué une distraction majeure, lui qui est sous le coup d'un mandat d'arrêt international.

Lorsque la Russie a envahi l'Ukraine, les Etats-Unis étaient "très préoccupés" par la position de l'Inde, mais l'ont "acceptée à contrecœur", indique Michael Kugelman, expert de l'Asie du Sud au Wilson Center.

"Je pense que Washington pourrait même considérer que la position de l'Inde pourrait présenter des avantages pour les Etats-Unis si ceux-ci souhaitaient, à terme, tenter de mettre fin à la guerre par le biais d'une médiation ou d'une négociation", dit-il.

Alors si Washington, qui a fait des droits humains une priorité, s'inquiète de récents développements en Inde, elle a décidé de fermer les yeux.

"Si les Etats-Unis commençaient à mettre en avant la question des droits et de la démocratie, cela risquerait de mettre en péril une relation bien trop importante pour que les Etats-Unis la perdent", estime M. Kugelman.

© Agence France-Presse

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