Automobile - Zaid Ameer : «Les ventes ont connu un véritable coup de frein» 

En l’espace de quelques mois, le marché de l’automobile a connu une transformation brutale, marquée par une hausse vertigineuse des déclarations, une répercussion immédiate sur les prix et les frais de douane, et surtout, une baisse des ventes qui inquiète les concessionnaires. 

Selon les chiffres compilés depuis l’entrée en vigueur de cette taxe, les déclarations ont grimpé de 50 %. Ce bond n’est pas anodin : il reflète la nouvelle fiscalité imposée aux véhicules, qui s’ajoute déjà à un ensemble de frais – droits de douane, taxes environnementales, enregistrement – que doivent encourir  les importateurs et, par ricochet, les acheteurs. Résultat : les prix finaux des véhicules se sont alourdis, pesant sur un marché qui commençait tout juste à se stabiliser après plusieurs années marquées par les effets de la pandémie et les incertitudes économiques.

Dans ce contexte, la majorité des concessionnaires observent une baisse de la demande. Les clients hésitent davantage, repoussent leur projet d’achat ou se tournent vers des alternatives plus accessibles, telles que l’occasion. Certains concessionnaires tentent de limiter la casse en maintenant les anciens tarifs sur les stocks importés. Mais cette stratégie n’offre qu’un répit temporaire : une fois ces stocks écoulés, les nouvelles grilles tarifaires viendront inévitablement s’appliquer.

Zaid Ameer, président de la « Dealers in Imported Vehicles Association », ne cache pas son inquiétude. Depuis l’introduction de la Road Tax, dit-il, le secteur automobile prend un sale coup et même les voitures de seconde main n’échappent pas à ce changement. Lui qui avait prédit des jours difficiles pour le secteur voit aujourd’hui se concrétiser ses craintes. « La vente a connu un véritable coup de frein. Ce n’est qu’à partir de novembre que nous aurons peut-être quelques ventes, mais après le boom d’achats en juin-juillet, c’est un véritable ralentissement. Dans cette situation, c’est le consommateur qui paye gros. Il y a une équipe qui croit que le gouvernement reviendra sur sa décision, mais personnellement je vois la fermeture de certains concessionnaires, voire même des licenciements. »

Zaid Ameer ne croit plus au dialogue. Son association, qui avait envoyé une lettre au bureau du ministre des Finances il y a quelques mois, attend toujours une rencontre. « Le Premier ministre ne semble pas être quelqu’un de dialogue et la situation est très tendue. Vivement une solution, ou le peuple trouvera à lui seul la solution. »

S’il est un segment particulièrement touché, c’est bien celui des véhicules haut de gamme. Déjà soumis à des frais conséquents, les voitures de luxe voient désormais leurs prix s’envoler à des niveaux jugés prohibitifs par une partie de la clientèle. Les importateurs de marques prestigieuses reconnaissent que la Road Tax a considérablement réduit le nombre de transactions. Là où, auparavant, un marché de niche mais dynamique subsistait, on observe aujourd’hui un net ralentissement. L’image de la voiture de luxe comme symbole de réussite ou de distinction sociale perd de son éclat, remplacée par des calculs pragmatiques et une tendance à la prudence.

Mrinal Teeluck, secrétaire de la « Motors Vehicle Dealers Association », abonde dans ce sens tout en appelant à nuancer le constat. Pour lui, comparé à août de l’année dernière et celui de cette année, la vente a bel et bien baissé, mais il est prématuré de parler de véritable crise. « Basé sur les chiffres, c’est vrai qu’il y a une baisse, mais ce n’est qu’en fin d’année que nous pourrons réellement faire un bilan. La semaine dernière nous avons eu une rencontre avec nos concessionnaires et la situation n’est pas très brillante. Il est trop tôt pour parler de véritable crise, mais les ventes démontrent une baisse. » Une prudence qui contraste avec les positions plus alarmistes, mais qui illustre la tension grandissante dans le secteur, notamment pour les concessionnaires spécialisés dans le haut de gamme.