10 000 personnes sont atteintes d’autisme. C’est ce que révèlent les statistiques de l’Organisation non gouvernementale (ONG) Autisme Maurice. Le nombre de patients serait en hausse selon le Dr Sandya Beedassy, consultante en psychiatrie à l’hôpital Victoria, Candos.
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« L’autisme est un état complexe et encore méconnu qui affecte le cerveau et le développement neuro-développemental », confie le Dr Sandya Beedassy. Elle était sur le plateau de l’émission Xplik ou cas santé de Radio Plus. Cet état, dit-elle, affecte les enfants dès le plus jeune âge et les symptômes sont bien diverses. Bien que les causes ne soient pas encore bien déterminées, la thèse de transmission génétique est privilégiée par les scientifiques ainsi que l’aspect environnemental souligne-t-elle.
Le Dr Beedassy cite en exemple le cas de deux jumeaux identiques. Si l’un est atteint d’autisme, les risques que l’autre développe également cet état est de 30 à 95 %. S’il s’agit de jumeaux non identiques le risque est de 30 %. Ce qui démontre, selon elle, l’aspect de transmission génétique. Et si un couple à un enfant déjà atteint d’autisme, le risque d’avoir un deuxième enfant qui présente les mêmes conditions est de 6 à 18 %.
En ce qu’il s’agit de l’aspect environnemental, le problème peut surgir avant la naissance de l’enfant comme dans le cas où la maman consomme beaucoup d’alcool durant sa grossesse. Il y a aussi certains médicaments qui peuvent causer cet état. Le Dr Beedassy ajoute que les bébés prématurés peuvent aussi être atteints d’autisme. Et selon les données disponibles, les garçons sont quatre fois plus vulnérables que les filles et l’autisme peut toucher n’importe qui sans aucune distinction.
Les troubles de l’autisme sont assez difficiles à reconnaître. Surtout, si on ne les connaît pas. Les signes deviennent plus évidents quand l’enfant débute sont écolage à l’âge de trois ans. Son comportement différent des autres se distingue plus facilement. Mais les signes sont différents chez chaque enfant autiste. Chacun développe sa gamme de trouble.
Les signes
Il y a beaucoup de signes mais on peut les diviser en trois gros groupes : communication, interaction sociale et comportement. « Normalement un bébé est très sociable. Il va répondre aux sourires selon son âge, et va saisir le doigt quand on présente la main », explique le Dr Beedassy. Mais chez un autiste il n’y aura pas ce contact visuel. « Il ne va pas regarder la personne qui est devant lui et ne répondra pas quand on l’appele, ne fera pas de sourire ». Ce sont les premiers signes.
Vers l’âge de deux à cinq ans alors qu’il devrait commencer à jouer avec les autres, un autiste ne développera pas de relation avec les autres. Il choisira de jouer seul. Un enfant de huit mois, par exemple, fera des signes pour dire au revoir mais l’autiste jouera à cache-cache. Un autre groupe a des signes répétitifs : taper dans les mains, bouger le corps, taper la tête contre le mur.
Clothilde Bhogaloo, mère d’un enfant autiste et secrétaire d’Autisme Maurice ajoute que chaque enfant autiste est unique. Présente également sur le plateau de l’émission, elle soutient qu’il y a aussi des cas d’autiste lourd et léger et il y a ceux qui sont verbal et non verbal et ceux qui sont écholalie, c’est-à-dire qui répètent ce qu’on leur dit. Un enfant est atteint d’autisme léger s’il est fonctionnel et a une certaine autonomie ou qui peut faire des choses avec de l’aide.
Certains arrivent à travailler une fois l’âge adulte.
Un enfant est considéré d’être atteint d’autisme lourd quand il a souvent besoin d’aide. Certains peuvent avoir d’autres pathologies associées à l’autisme et peuvent se montrer agressifs ou irrités. C’est de cette façon qu’on peut classifier si l’autisme est lourd, moyen ou léger. Et sauf en cas d’une autre pathologie, il est difficile de faire la distinction car un autiste ne présente pas de caractéristiques physiques distinctives. Il n’y a que le comportement qui est différent.
Mieux Comprendre
Acceptation
Yasmin Affejee, présidente d’Autisme Maurice également sur le plateau de l’émission précise qu’un enfant autiste est affecté de trois façons : communication, interaction sociale et comportement. Mère d’un fils qui est autiste, elle a cru qu’il était tout à fait comme les autres, jusqu’à ce qu’elle remarque qu’il ne se développait pas comme les autres enfants de son âge. « Il ne communiquait pas, ne jouait pas et ne répondait pas à nos appels », dit-elle. De plus, il fallait garder la même routine à chaque fois. « Quand on changeait ses habitudes, il réagissait mal », souligne-t-elle. Au début, c’était difficile d’accepter cette situation, ajoute-t-elle, car son enfant semblait tout à fait normal à sa naissance. « C’est en grandissant qu’on a remarqué la différence avec ses sœurs aînées et les autres enfants ». L’acceptation qui permet de mieux l’encadrer et faire face à l’épreuve, c’est ce qui lui a permis de se tourner vers l’ONG Autisme Maurice pour une bonne prise en charge et un soutien.
Repérage
Diagnostique
Le diagnostique de l’autisme se fait à l’hôpital à partir des cas qui y sont référés soit par les psychologues des écoles ou même les pédiatres en raison des troubles de comportement que présente un enfant. Le dépistage se fait aussi à partir de l’histoire comportementale de l’enfant pour essayer de reconnaître les signes de l’autisme à travers des questions précises qui sont posées aux parents. Ce diagnostique se fait en lien avec le psychologue et travailleur social. Plus tôt le spectre de l’autisme est diagnostiqué, plus tôt l’enfant sera encadré et plus grandes seront ses chances d’acquérir une certaine autonomie à travers différentes thérapies. On ne guérit pas de l’autisme mais, à travers une bonne prise en charge, certains ont pu travailler à l’âge adulte. Un travail est fait également avec les parents afin qu’ils puissent eux aussi encadrer leur enfant et afin qu’ils puissent mieux comprendre ce que c’est l’autisme. Il est à noter que les autistes peuvent être atteints d’autres comorbidités comme des troubles de sommeil ou comportement agressif. Un traitement médicamenteux est alors institué.
Les thérapies
Autisme Maurice propose diverses thérapies pour une bonne prise en charge des personnes atteintes d’autisme. Parmi l’ergo thérapie, speech therapy et divers ateliers : couture, cuisine, peinture. Tout cela est fait afin que chacun puisse acquérir une certaine autonomie. Les parents sont aussi formés pour mieux encadrer leur enfant. Autisme Maurice propose aussi un service d’écoute. Enseigne aussi aux parents comment encadrer leur enfant.
L’ONG disposait d’un centre de diagnostique qui a dû fermer ses portes faute de financement. Selon les responsables de l’association, il faut une panoplie de services afin d’offrir une excellente prise en charge comme cela se fait à l’île de la Réunion par exemple où l’ONG a de nombreux soutient particulièrement en termes de formation.
Pour la présidente et la secrétaire d’Autisme Maurice, l’association devrait avoir un centre interventionnel précoce, des classes normales, un centre d’intervention pour les adolescents, un service thérapeutique, des ateliers, un gymnase pour la pratique du sport et une salle sensorielle. Il devrait également avoir un centre résidentiel de jour pour les enfants afin que les parents puissent aller travailler.
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