Entamés il y a plusieurs mois, les travaux pour augmenter le prix de l’électricité traînent en longueur. Ils sont freinés, d’une part, par des querelles entre le Central Electricity Board et l’Utility Regulatory Authority, et d’autre part, par une résistance du secteur privé.
Les procédures concernant l’augmentation du prix de l’électricité piétinent. Alors que les débats sur la révision du tarif datent de plus d’un an, le dossier est au point mort. Si l’Utility Regulatory Authority (URA) a bien démarré des travaux en ce sens, avec l’élaboration d’une série de dispositions pour les différents secteurs, l’autorité régulatrice des services publics bute sur plusieurs obstacles. Il y a d’abord le fait que l’URA peine à accorder ses violons avec le Central Electricity Board (CEB).
L’URA déplore le « laxisme » du CEB, qui tarde à lui communiquer des informations d’importance capitale pour cet exercice de révision tarifaire. Selon nos recoupements, c’est essentiellement sur la situation financière du CEB que l’URA cherche à obtenir des explications. Mais la compagnie d’électricité prendrait son temps, selon les représentants de l’autorité régulatrice.
Un argument contesté par le CEB qui soutient avoir remis toutes les informations nécessaires à l’URA. « Il ne faut pas oublier que c’est le CEB qui a depuis tout temps travaillé sur le dossier des révisions tarifaires. Nous sommes donc parfaitement conscients des types d’informations qui sont nécessaires à l’URA pour accomplir une telle tâche », déclare un responsable du CEB.
En ce qui concerne les éléments demandés par l’URA au sujet de la situation financière du CEB, cette même source fait ressortir qu’il n’y a aucun secret. « Nous n’avons rien à cacher. Ce sont des éléments du domaine public. Oui le CEB disposait de réserves de Rs 7 milliards et ce n’est pas un secret qu’une bonne partie de ces réserves a été transférée vers le Solidarity Fund à la demande du gouvernement. »
Ainsi, la posture de l’URA ne manque pas d’irriter le CEB, qui reproche à l’autorité régulatrice de ne pas être à la hauteur pour accomplir un tel travail. « La vérité, c’est que l’URA ne dispose toujours pas du personnel compétent pour entreprendre un tel chantier », fait savoir un des directeurs de l’organisme.
Le sentiment, au niveau du CEB, est qu’il s’agit d’une « delaying tactic » pour retarder le plus longtemps possible la révision du tarif de l’électricité. Car dans le contexte actuel, marqué par la baisse du pouvoir d’achat des ménages, une hausse du prix de l’électricité pourrait rendre la situation difficile pour le gouvernement.
Il faut ajouter à cela la prise de position du secteur privé, qui a publiquement fait savoir que les propositions faites par l’URA porteraient un coup de massue à plusieurs entreprises. La chambre d’agriculture, par exemple, a estimé que les propositions de l’URA feraient augmenter le coût de l’électricité de 30 % dans le secteur agricole, ce qui risquerait de mettre à mal la sécurité alimentaire.
L’appréhension est aussi de mise dans le secteur touristique, les hôtels craignant de voir leur facture d’électricité augmenter de 15 à 30 %. Le secteur privé a d’ailleurs, avec le soutien de Business Mauritius, préparé un document comprenant des contre-propositions.
La lenteur du processus, en tout cas, ne fait pas les affaires du CEB qui, semble-t-il, compte beaucoup sur la révision tarifaire pour se refaire une santé financière.
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