Les travailleurs de différents secteurs expriment leur mécontentement face à la réticence de Business Mauritius à soutenir la relativité salariale, alors que le coût de la vie, disent-ils, ne cesse d’augmenter. Les employés dénoncent une situation injuste où les employeurs refusent d’appliquer les lois en vigueur. Tous s’accordent à dire que ces augmentations salariales seraient essentielles pour faire face aux dépenses quotidiennes.
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Jean-Paul Leveille, 44 ans, employé dans la construction : «pourquoi Business Mauritius ne conteste-t-il pas quand les prix augmentent?»
Employé dans une entreprise de construction depuis plusieurs années, Jean-Paul Leveille se dit révolté par la position prise par Business Mauritius concernant l’augmentation salariale. « Pourquoi cet organisme ne conteste-t-il pas quand les prix des produits alimentaires augmentent dans les grandes surfaces ? C’est seulement quand les salaires doivent augmenter que les employeurs trouvent cela injuste », avance-t-il. Ce dernier perçoit un salaire mensuel de Rs 24 000 et il explique que celui-ci ne suffit pas pour subvenir à ses besoins. « Bien que je n’aie pas d’enfants, j’ai plusieurs dépenses à couvrir. Pour commencer, je dois prévoir un budget de Rs 7 000 par mois pour la location. » De plus, il déplore que les coûts de l’eau et de l’électricité ne cessent d’augmenter. « Avec la révision salariale, je devais bénéficier d’une augmentation d’au moins Rs 2 000 par mois, ce qui m’aiderait à payer les factures », dit-il.
Jean-Paul Leveille ajoute que les employeurs ont déjà leurs maisons et voitures et ils ont les moyens de vivre. « Les employés aussi ont le droit de vivre décemment », insiste-t-il. Il précise qu’il n’hésitera pas à descendre dans la rue pour manifester si la révision salariale n’est pas respectée.
Rajesh Gungapersad, 40 ans, opérateur dans une usine : «si les employeurs rémunéraient correctement leurs employés, il n’y aurait pas une pénurie de main-d’œuvre dans le pays»
Rajesh Gungapersad ne cache pas sa colère. « Business Mauritius est en train de jouer un très vilain jeu. Lorsque le gouvernement avait annoncé la relativité salariale, l’organisation avait déclaré qu’elle s’attendait à ce que les règlements soient « gazetted » pour procéder au réajustement. Maintenant que la loi est déjà en vigueur, elle cherche d’autres excuses », exprime cet opérateur dans une usine de textile. Selon lui, il s’agit de mauvaise foi de la part du patronat. « C’est le gouvernement qui fait les lois dans ce pays, et non les employeurs. Ces derniers ont donc l’obligation de se conformer aux lois en vigueur. »
Cet opérateur perçoit un salaire de base de Rs 16 500 par mois. « Est-ce que ce salaire est suffisant pour joindre les deux bouts, avec les prix des commodités qui ne cessent de grimper ? », déplore-t-il. Selon lui, c’est la raison pour laquelle de nombreux Mauriciens quittent le pays pour aller travailler ailleurs. « Les employeurs se plaignent d’un manque de main-d’œuvre. Mais s’ils rémunéraient correctement leurs employés, il n’y aurait pas de pénurie. Les Mauriciens seraient encouragés à travailler », avance-t-il. Il lance un appel aux employeurs pour qu’ils respectent la loi, afin d’éviter une crise sociale dans le pays.
Jean Fabrice Antoine, 35 ans, superviseur dans le secteur manufacturier : «la hausse salariale me soulagerait pour l’achat des produits alimentaires»
Jean Fabrice Antoine travaille dans le secteur manufacturier depuis dix ans. « Pendant toutes ces années, j’ai travaillé pour des salaires qui n’étaient jamais suffisants pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Maintenant, quand vient le moment de profiter de mon dû, le patronat vient de mettre le bâton dans les roues », déplore-t-il. Le comportement de Business Mauritius le déçoit. « Ce sentiment de colère est également partagé par mes collègues sur le lieu de travail. D’ailleurs, c’est le seul sujet que nous abordons durant notre pause déjeuner en ce moment », dit-il.
Selon lui, avec le salaire qu’il touche actuellement, il devrait avoir une augmentation d’environ Rs 3 000. « Cette somme additionnelle me soulagerait pour l’achat des produits alimentaires. Ce n’est d’ailleurs pas un secret que les prix ont pris l’ascenseur et que beaucoup de familles éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts. »
D’autre part, il a contracté un prêt bancaire qu’il doit rembourser tous les mois. Pour ce père de famille, l’augmentation salariale aurait aussi été utile pour les dépenses liées à son fils âgé de 8 ans. « On espère que les employeurs auront de la compassion et viendront aider les travailleurs qui se donnent corps et âme pour leur travail en les rémunérant comme prévu par la loi », soutient Jean Fabrice Antoine.
Jiovanah, 43 ans, employée dans une clinique privée : «la relativité salariale aurait permis de faire face au coût de la vie»
Jiovanah compte quinze ans de service dans une clinique privée dans les hautes Plaines-Wilhems. « Pendant toutes ces années, les augmentations que j’ai reçues ont été négligeables. Cependant, la relativité salariale aurait fait une différence », dit-elle. En effet, avec son ancienneté et son salaire de base, elle aurait dû bénéficier d’une augmentation d’environ Rs 4 000 par mois. « Cette somme est assez conséquente pour pouvoir faire face au coût de la vie. Mais les employeurs sont en train de faire marche arrière », fait-elle remarquer. Selon elle, des sanctions sévères doivent être prises contre les employeurs qui ne respectent pas la loi. « J’ai entendu dire que Business Mauritius envisage d’aller en justice pour contester la décision du gouvernement concernant le réajustement salarial. Du côté des employés, on se demande combien de temps les procédures judiciaires vont durer », ajoute-t-elle. En attendant, elle souligne que certains employés partiront à la retraite et ne pourront ainsi pas profiter de cette hausse salariale. « Business Mauritius et ses membres ne sont pas des décideurs politiques et ne représentent pas le gouvernement. Par conséquent, ils ne peuvent pas prendre de décisions qui vont à l’encontre du bien-être de la classe travailleuse », conclut notre interlocutrice.
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