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Audit - Santé : éternelle plaie

Santé La liste des manquements est longue pour le secteur de la Santé.

Le bureau de l’Audit est catégorique : le ministère de la Santé fait preuve de retards conséquents : appareils pour la chirurgie vasculaire, appareil d’angiographie pour la neurochirurgie, réparation des incinérateurs. La liste est longue.

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Le bureau de l’Audit s’attaque en premier lieu à l’unité de chirurgie vasculaire à l’hôpital Dr. A.G. Jeetoo. En 2013, un chirurgien étranger a recommandé la mise en place de cette unité. Un Memorandum of Understanding avait été signé entre le ministère et une clinique étrangère. Sauf que le document n’a jamais été produit, malgré les nombreuses demandes de l’Audit.

Un appel d’offres avait été lancé en décembre 2016 pour un appareil et des instruments pour l’implémentation de ce projet.

Cependant, le Bid Evaluation Committee a détecté des anomalies dans cet appel d’offres et n’a pu donner son aval. Ce comité a dû être reconstitué un an plus tard et a soumis son rapport le 31 aout. Conséquences : Rs 528 427 supplémentaires ont dû être trouvées à cause du taux de change.

Autre appareil sophistiqué, nouveau problème : l’appareil d’angiographie de l’hôpital Jeetoo tombe souvent en panne. Acheté pour Rs 30 millions en 2013, cet appareil a besoin d’une Uninterruptible Power Supply, au cas contraire, il subit des dommages. Ce n’est que deux ans après, soit en novembre 2015, que cette alimentation électrique ‘zéro coupure’ est commandée.

Entre-temps, l’appareil d’angiographie a subi des pannes successives, il reste en panne pendant 60 jours de janvier à juillet 2018. Mais le comble, selon le bureau de l’Audit, le ministère a décidé d’injecter Rs 18,8 millions pour que cette machine puisse être utilisée pour les cas d’anévrisme neuronal. Le bureau de l’Audit se demande pourquoi une unité qui est déjà en surréservation a été upgraded pour d’autres fonctions. Certains patients doivent attendre plusieurs mois avant d’utiliser l’appareil. Une attente trop longue qui pousse des patients vers les cliniques privées.

Neurochirurgie

Le seul département de neurochirurgie se trouve à l’hôpital SSRN à Pamplemousses, le service a été étendu à l’hôpital Victoria par la suite. Cependant, par manque d’équipements, les patients étaient envoyés à l’étranger pour être opérés. En 2016, le gouvernement a décidé d’installer à l’hôpital Jeetoo une unité de neurochirurgie, sauf qu’elle n’a pas encore été implémentée.

Selon le rapport de l’Audit, le ministère dépense de grosses sommes d’argent pour les déplacements de patients à l’étranger, de janvier a juin 2018 elle avait déjà dépensé Rs 30 millions pour 60 patients.

Traitement des déchets médicaux

Chaque année, les hôpitaux produisent plus de 860 tonnes de déchets médicaux qui doivent entre brûlés. Le ministère possède sept incinérateurs mais seuls quatre sont en état de marche. Ils sont localisés aux hôpitaux suivants : Dr. A. G Jeetoo, J. Nehru, Brown-Séquard et Poudre-d’Or. L’incinérateur de l’hôpital Jeetoo fonctionne au ralenti, car plusieurs plaintes ont été déposées pour pollution.

Selon le bureau de l’Audit, certains de ces incinérateurs n’ont pas été proprement maintenus. Certains sont même endommagés et représentent un danger pour ceux qui l’utilisent.

Cela a poussé le ministère à utiliser le site d’enfouissement de Mare-Chicose pour disposer de ces déchets, une pratique malsaine, selon le bureau de l’Audit qui soulève qu’un centre de traitement de ces déchets aurait dû être implémenté depuis 2015. Le ministère avait initié le plan depuis 2006.  Un site à La-Chaumière a même été identifié. En juillet 2018, le ministère a approché une firme indienne pour l’implémentation de ce projet qui n’a pas encore été finalisé jusqu’à présent.

Delegation of powers

L’Audit a également de nouveau critiqué le fait que le ministère ait toujours recours à la délégation des pouvoir de la Public Service Commission pour le recrutement du personnel des établissements hospitaliers. Selon le rapport, 37 % des recrutements sont faits par le ministère. Souvent, les recrutements se font dans l’opacité. Le directeur de l’Audit donne pour exemple le recrutement de plusieurs personnes au-dessus de l’âge limite des candidats éligibles. Quatre cas ont été identifiés par l’Audit. Ce qui amène ce bureau à recommander au ministre de revoir ses Human Resources Practices et d’avoir un Recruitment Framework afin d’embaucher des personnes ayant la qualification, l’expérience et qui sont éligibles pour les postes à pourvoir.


Kadress Pillay, ancien directeur de l’Audit : «C’est devenu un non-event»

« Le rapport du directeur de l’Audit est devenu un non-event. Après avoir fait son rapport, c’est au Parlement, à la presse et au public de prendre la relève. L’Assemblée nationale ne prend malheureusement pas le rapport au sérieux comme à l’époque. Du coup, le directeur de l’Audit parle dans le vide. Nos exigences envers les fonctionnaires et les élus ont considérablement baissé et j’en suis attristé. Au Parlement, les députés prennent position par rapport à leurs affinités politiques. La démocratie parlementaire est devenue une farce. »

Jack Bizlall, syndicaliste : «Il faut un ministre du Budget»

« Le pays est en train d’être dilapidé. Selon moi, il faudrait un ministre du Budget qui agirait comme le comptable à la manière d’un comptable d’une compagnie privée. Ce serait lui qui gèrerait les finances de l’État. Ce qui est le plus paralysant est que tout le monde se repose sur le bureau de l’Audit pour contrôler l’exécutif. Il faudrait que l’auditeur puisse venir dans l’Assemblée nationale pour présenter son rapport mais aussi pour répondre aux questions. C’est à ce moment-là que nous aurions un contrôle réel sur les dépenses de l’exécutif. »

 

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