Un forum-débat sur l’économie des petites îles s’est tenu à Réduit. Rundheersing Bheenick a relevé la « complaisance » de Moody’s, tandis que l’économiste Vinay Ancharaz a appelé à dépasser l’obsession de la croissance et à privilégier les incitations économiques.
Un forum-débat sur le thème : « Can we think as an economist in a small island » a été organisé le 18 décembre à l’Audi Zentrum, à Réduit. L’ancien gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, et le Dr Vinaye Ancharaz sont intervenus.
Le début de cette semaine a été marqué par la publication d’une note de Moody’s concernant le récent rapport d’audit économique publié par les autorités mauriciennes. L’agence de notation soulignait que « le fardeau de la dette et les paramètres d’accessibilité à la dette de Maurice seraient plus faibles que ceux des autres pays notés Baa3 ». Selon Rundheersing Bheenick, cette note démontre que Moody’s tient compte de la situation à Maurice.
Néanmoins, au vu de la notation Baa3 attribuée à Maurice et confirmée en juillet dernier, Rundheersing Bheenick estime que Moody’s a fermé les yeux sur Maurice durant les dernières années. « Il n’y a qu’à voir les notes de complaisance qu’ils ont attribuées à Maurice, un pays qui a été en proie à la corruption », a soutenu l’ancien gouverneur de la Banque de Maurice lors du forum-débat.
L’héritage économique laissé par le précédent régime continue d’alimenter les débats. L’ancien gouverneur de la Banque de Maurice suggère au gouvernement de miser sur des politiques « sur mesure » (« tailor-made policies »). Selon lui, le pays a besoin de se repositionner et de se réengager.
Pour le Dr Vinaye Ancharaz, il est grand temps de sortir de l’obsession de la croissance. Cela a provoqué, selon lui, la manipulation des chiffres et le désir de devenir un pays à revenu élevé. « Nous avons atteint cet objectif en 2020, mais cela a été de courte durée. La question qui mérite d’être posée est la suivante : les gens se sont-ils sentis plus riches lorsque le pays avait atteint ce statut ? » a avancé l’économiste.
Le Dr Vinaye Ancharaz a saisi l’occasion pour inviter Premier ministre et ministre des Finances, invité à ce forum-débat, à ne pas minimiser l’importance des incitations. L’économiste a fait comprendre que plusieurs mesures incitatives pourraient être prises afin de stimuler la consommation et les investissements. « Les agents économiques y réagissent », a-t-il ajouté.
Eric Ng : « Il est important de penser comme un économiste
Cinq mois après la publication de la première édition en juillet dernier, Eric Ng a procédé au lancement de la deuxième édition de son livre intitulé « Penser comme un économiste », hier, à l’Audi Zentrum à Réduit, en présence notamment du Premier ministre Navin Ramgoolam et d’autres invités. L’ouvrage est divisé en sept chapitres, qui traitent entre autres des fondamentaux économiques et de la macroéconomie. Eric Ng affirme qu’il s’agit d’un livre accessible au grand public. « Il n’est pas nécessaire de devenir économiste. Toutefois, il est important de penser comme un économiste en appliquant les grands principes économiques. Le livre a été rédigé dans un langage simple afin de permettre aux lecteurs de comprendre les termes économiques », a-t-il souligné.
Peut-on penser comme un économiste ?
Rundheersing Bheenick : « Non seulement on peut, mais on doit. Dans une ère où on manipule les chiffres de statistiques, c’est vital de porter la casquette d’un économiste. »
Dr Vinaye Ancharaz : « Nous sommes condamnés à penser comme un économiste dans un petit pays comme le nôtre. Un économiste pense sur le long terme contrairement aux politiciens dont la réflexion se penche sur un mandat de 5 ans. »
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