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Au Yémen, les inondations font craindre une flambée des cas de choléra

Dans une clinique de l'ouest du Yémen, les médecins font face à un afflux de patients présentant des symptômes de choléra à la suite des inondations qui ont frappé la région ces dernières semaines, faisant craindre une flambée de l'épidémie dans le pays en guerre.

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A Hais, une ville située à environ 120 kilomètres de la ville portuaire de Hodeida, le centre spécialisé dans le traitement des diarrhées aiguës ne désemplit pas.

"L'afflux de patients a augmenté en raison des inondations", affirme à l'AFP le docteur Bakil al-Hadrami. "Le personnel est débordé et pourrait lâcher à tout moment", ajoute-t-il en mettant en garde contre une "crise médicale".

La localité, contrôlée par le gouvernement, a été durement touchée par les pluies torrentielles qui ont fait depuis fin juillet une soixantaine de morts et affecté 268.000 personnes dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique.

Mercredi, 24 personnes sont portées disparues après des pluies diluviennes dans la nuit, qui ont provoqué des glissements de terrain et des éboulements rocheux, ont rapporté les autorités locales.

Ravagé par plus d'une décennie de guerre civile, le Yémen compte déjà des dizaines de milliers de cas suspects de choléra, une situation "exacerbée (... ) par les inondations qui ont augmenté le risque de contamination de l'eau", souligne l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

A la clinique de Hais, 530 cas suspects de choléra ont été signalés entre le 1er et le 18 août, selon le docteur al-Hadrami. Faute de moyens, seuls trois cas ont pu être confirmés par des tests réalisés dans un laboratoire de la ville voisine de Taïz.

Mais "c'est la preuve que l'épidémie de choléra est présente et se propage à Hais", ajoute le médecin, qui craint que la situation n'empire dans les jours à venir.

- Nouvelle épidémie -
Le choléra, transmis par l'eau ou les aliments contaminés, est endémique au Yémen, où le conflit entre le gouvernement, soutenu par l'Arabie saoudite, et les rebelles houthis, proches de l'Iran, a provoqué l'une des pires crises humanitaires au monde.

Les pénuries d'eau, la détérioration des infrastructures de santé et la malnutrition ont favorisé la recrudescence de l'épidémie cette année. Les récentes inondations ont aggravé la situation, rendant l'accès aux communautés affectées plus difficile, selon l'OIM.

A la sortie de la clinique de Hais, Abdallah al-Shmairi dit s'inquiéter pour sa famille. "Il y a une semaine, mon fils a été contaminé par le choléra, et le test envoyé à Taïz s'est avéré positif", raconte ce père de quatre enfants, âgé de 46 ans.

"Toute notre famille souffre maintenant de diarrhée (...) mais nous n'avons pas pu obtenir les traitements ici et nous devons les faire venir de l'extérieur".

"Le choléra se propage à Hais et même dans ses environs", ajoute-t-il.

De 2016 à 2022, 2,5 millions de cas suspects avaient été recensés au Yémen, selon l'OIM. Il s'agissait de "la plus grande épidémie de choléra jamais signalée dans l'histoire récente", avec plus de 4.000 décès.

Une nouvelle épidémie s'est déclarée à la fin de l'année dernière, mais son ampleur est difficile à mesurer en raison d'un accès et d'une information limités.

Au 10 août, 163.944 cas suspects de choléra ont été signalés, avec 647 décès associés dans l'ensemble du pays, a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'Unicef, l'agence des Nations unies pour l'enfance.

La majorité des cas et des décès ont été signalés dans le nord du Yémen, majoritairement contrôlé par les rebelles houthis.

Le plan de réponse mis en place par l'ONU estimait initialement à 60.000 le nombre de cas de choléra entre avril et septembre 2024, mais les dernières statistiques ont dépassé ce seuil, selon Lisa Doughten, du bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).

Le financement actuel ne permet de traiter qu'un quart des cas, a-t-elle affirmé au Conseil de sécurité de l'ONU le 15 août.

"Si les efforts de réponse ne sont pas immédiatement renforcés, le nombre de cas suspects pourrait augmenter davantage et atteindre plus de 250.000 en quelques semaines", a-t-elle prévenu.

© Agence France-Presse

 

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