L'hécatombe se poursuit sur nos routes. Au 19 mars 2024, nous déplorons déjà 29 morts, contre 27 à la même période l'année précédente. Cette situation interpelle plus d'un, surtout que la grande majorité des victimes sont des jeunes, laissant des parents meurtris. Pour ces derniers ainsi que certains observateurs, il est impératif de renverser cette tendance et de mettre un frein au nombre d'accidents.
Selon les statistiques de la police, du 1er janvier au 19 mars dernier, on dénombre 27 accidents fatals ayant causé la mort de 29 personnes. Parmi les victimes, on retrouve principalement des jeunes : 15 avaient entre 26 et 50 ans, quatre étaient âgées de 16 à 25 ans et une personne avait moins de 15 ans. Perdre un enfant dans de telles circonstances est un véritable cauchemar pour les parents. Même avec le temps qui s'écoule, la douleur reste aussi intense, toujours présente.
Réglementer les rallyes
Julio Arlapen, 41 ans, habite à Chebel avec sa femme, et travaille comme vigile. Sa fille est déjà mariée, tandis que son fils Brandon, qui aurait eu 21 ans le 20 avril, n'aura pas la chance de célébrer ce moment. Le 1er février dernier, un terrible accident de la route à La Rosa a brisé leurs vies. « Brandon adorait la moto, c'était sa passion. Je ne voulais pas lui en donner une, car je sais à quel point cet engin peut être dangereux surtout pour les jeunes aimant la vitesse et qui manque d’expérience », confie-t-il, le cœur lourd et les larmes aux yeux.
Il se souvient du 1er février comme si c'était hier. Après être rentré du travail, il est parti prendre une douche. Son fils n'était pas à la maison à ce moment-là. Toutefois, ce dernier est venu récupérer la moto un peu plus tard sans rien dire à son père, qui en est le propriétaire. Ce dernier raconte qu'en voyant que la moto n'était plus là, il pensait que son fils était parti faire une virée dans la région. Il était loin de se douter que la victime allait dans le Sud.
Pendant des heures, Julio Arlapen a attendu, espérant que son fils retourne sain et sauf. Puis, l'appel tant redouté est arrivé vers 13 heures. « On m’a téléphoné pour me dire que Brandon était blessé. J’ai foncé à l’hôpital et une fois sur place, j’ai su que c’était grave. Mon fils était encore conscient, malgré le fait qu’il souffrait énormément. Ensuite, les médecins ont dû lui amputer les deux jambes », relate notre interlocuteur. Brandon a tenu bon pendant cinq jours et toute sa famille gardait espoir qu’il allait surmonter cette terrible épreuve. Toutefois, le destin en a décidé autrement.
L'appel fatidique annonçant le décès de son fils a retenti à 3h38, nous confie Julio Arlapen. Il ajoute : « En tant que père de famille, vivre une telle tragédie est extrêmement difficile. Je pleure encore mon fils. Je demande aux autres parents de veiller sur leurs enfants. De nombreux jeunes sont passionnés par les rallyes, mais à mon avis, il est impératif d’encadrer cette activité et d'assurer leur sécurité en ayant des réglementations en place ainsi que la présence de policiers pour garantir leur bon déroulement. Cela pourrait prévenir la perte de plusieurs vies ».
« Ne donnez pas de motocyclette à vos enfants »
Naushad Beekharry est plongé dans une profonde douleur après avoir tragiquement perdu son fils, Ally Akbar au cours de la semaine dernière. Cet officier, affecté à l’ERS et âgé de seulement 25 ans, s'apprêtait à entamer un nouveau chapitre de sa vie en emménageant dans un des appartements de la police à Coromandel, aux côtés de son épouse avec lequel il est marié depuis deux ans. D’ailleurs, le soir de l’accident, il s’était rendu là-bas pour préparer son futur logement. C’est sur le chemin du retour que le jeune homme, qui comptait cinq ans de service au sein de la force policière, a trouvé la mort sur la Montée S.
Une conductrice de 41 ans attendait son tour pour emprunter la route menant vers Beau-Bassin. Malheureusement, en débouchant, elle a aperçu Ally Akbar sur sa motocyclette. Elle a tenté de changer de voie pour l’éviter, mais c’était trop tard. Sa voiture a fauché le policier qui est mort sur le coup. Son père, Naushad Beekharry qui réside à Plaine-Verte, est dévasté. « Je ne souhaite cela à personne. Vivre la perte d’un enfant est tragique pour un parent. Je ne vous dis pas à quel point nous sommes affectés, surtout que c’est le mois du Ramadan », relate-t-il.
Il se souvient avoir rappelé son fils vers 17 heures pour prendre de ses nouvelles. « Il m’a dit qu’il allait bientôt rentrer et qu’il allait rompre le jeûne. Je lui ai dit de rouler prudemment », dit-il. Cependant, alors qu'il attendait son retour, il a appris que son fils avait eu un terrible accident. « J'ai regardé la vidéo et je pense que si cette conductrice s’était arrêtée et avait freiné, l'accident n'aurait pas eu lieu. Mon fils roulait tranquillement. De nos jours, il y a des conducteurs qui sont dépourvus d'empathie », dit-il, le cœur lourd.
Naushad Beekharry lance le message suivant aux autres parents : « Ne donnez pas de motocyclette à vos enfants. Les véhicules peuvent être remplacés, mais les vies sont irremplaçables. La moto est très dangereuse pour les jeunes inexpérimentés. C'est un risque élevé et beaucoup de chauffeurs font preuve d’insouciance ».
« Les parents aussi doivent être plus vigilants »
C’est durant une course de motos non autorisée qu’Israfil Tagaully a trouvé la mort. Cet habitant de Plaine-Verte, qui voulait étudier la mécanique, avait célébré son 18e anniversaire en février dernier. Le lundi 18 mars, il a participé à un rallye illégal sur la Ring Road, à Pailles quand l’accident qui lui a coûté la vie s’est produit peu avant 23h30. Une dizaine de personnes étaient présentes sur place avec leurs motos. Israfil Tagaully, sur son bolide, était au coude à coude avec un concurrent, qui est également son ami, lorsque leurs guidons se sont heurtés, provoquant un violent choc. Tous deux ont été déséquilibrés et projetés sur l'asphalte. En voyant cela, les autres motocyclistes ont pris la fuite. La police de Pailles ainsi qu'une ambulance ont été dépêchées sur place. Malheureusement, une fois arrivé à l'hôpital Dr A.G. Jeetoo, le médecin de service a constaté le décès d'Israfil. L'autre motocycliste, légèrement blessé dans l'accident, a passé un test d'alcoolémie qui s'est révélé négatif.
Tariq Tagaully, le père de la victime, peine à accepter le départ soudain de son fils, qu’il qualifie de « gentil ». « Il a fait l'Iftar avec nous. Après la prière, je suis monté dans mon camion et je suis parti, tandis qu’il a pris sa moto en disant qu'il reviendrait bientôt. Quand je suis rentré, il n’était pas là. Plus tard dans la soirée, ma fille a reçu un appel. Elle a commencé à pleurer et m'a dit d'aller voir son frère à l'hôpital Dr A.G. Jeetoo», relate-t-il. Sans attendre, la famille s'est précipitée sur place. « Nous pensions qu'il était simplement blessé. Mais à notre arrivée, j'ai vu mon fils allongé inconscient. Il était déjà trop tard. Nous avons eu un terrible choc », confie-t-il, encore bouleversé.
« Ce n'est vraiment pas facile. J'espère que la police trouvera une solution contre ces rallyes illégaux. Toutefois, les parents doivent aussi faire preuve d’une plus grande vigilance », ajoute-t-il.
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