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Au cœur des combats, les hôpitaux du nord de Gaza «hors service» selon le Hamas

Les hôpitaux du nord de Gaza, pris au piège des combats entre Israël et le Hamas, sont désormais tous "hors service", a annoncé lundi le mouvement palestinien, affirmant que des bébés et des malades étaient déjà morts à cause du manque d'électricité.

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Plusieurs centaines de malades se trouvent toujours dans l'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, qui abrite aussi des milliers de civils venus y chercher refuge. La situation y est "grave et dangereuse" après "trois jours sans électricité, sans eau", selon le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Israël affirme que le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a installé ses infrastructures dans un réseau de tunnels sous l'hôpital, transformé en zone de guerre tandis que les médecins et les organisations humanitaires ne cessent de sonner l'alarme sur le sort de milliers de civils et de malades.

Selon des témoins, de nouvelles frappes aériennes ont visé ce secteur pendant la nuit de dimanche à lundi, tandis que des chars et des blindés étaient déployés à quelques mètres de l'hôpital al-Chifa.

Le vice-ministre de la Santé du gouvernement du Hamas, Youssef Abou Rich, a déclaré lundi à l'AFP que "sept bébés prématurés" et "27 patients en soins intensifs" étaient morts depuis samedi en raison du manque d'électricité dans cet hôpital, un immense complexe situé au cœur de la ville de Gaza.

"Les chars (israéliens) assiègent complètement" cet hôpital où se trouvent "650 patients, une quarantaine d'enfants en couveuse, tous menacés de mort", avait-il affirmé la veille.

Le vice-ministre a ajouté lundi que "tous les hôpitaux" du nord de la bande de Gaza étaient désormais "hors service". Pris dans les combats, ces hôpitaux manquent aussi du carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs, dans le territoire assiégé par Israël et privé notamment d'électricité.

Le Bureau de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha) avait indiqué que 20 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza ne fonctionnaient plus ces derniers jours.

Alors que l'aide internationale arrive lentement depuis l'Egypte, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a demandé lundi à l'ONU et à l'Union européenne de "larguer de l'aide" sur Gaza.

Un navire humanitaire turc transportant pour la première fois des hôpitaux de campagne pour la bande de Gaza est arrivé au port égyptien d'Al-Arish, près du poste-frontière de Rafah, selon un responsable du port.

"Intenses combats" 

Israël frappe sans répit la bande de Gaza depuis l'attaque meurtrière lancée sur son sol contre des civils par des commandos du Hamas le 7 octobre, et mène en parallèle depuis le 27 octobre une opération terrestre dans le but "d'anéantir" le mouvement palestinien. 

Du côté israélien, au moins 1.200 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, selon les autorités, en grande majorité des civils tués le jour de l'attaque, d'une ampleur et d'une violence jamais vues depuis la création d'Israël en 1948.

L'armée israélienne a annoncé lundi que 44 soldats avaient été tués à Gaza depuis le début de la guerre. Elle estime que quelque 240 personnes ont été emmenées en otages dans la bande de Gaza au cours de l'attaque du 7 octobre.

Dimanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué sur la chaîne américaine NBC l'éventualité d'un accord pour libérer certains des otages, une condition selon lui à tout cessez-le-feu.

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont tué depuis le 7 octobre 11.180 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.609 enfants, selon le ministère de la santé du Hamas.

Lundi, les drapeaux étaient en berne sur les bâtiments des Nations unies à travers le monde, en mémoire du personnel de l'ONU tué depuis le début de la guerre.

Les combats se concentrent au cœur de la ville de Gaza, dans le nord du territoire, notamment autour de plusieurs hôpitaux soupçonnés par l'armée israélienne d'abriter des infrastructures stratégiques du Hamas, qui se sert selon elle de la population comme de "boucliers humains".

Israël a annoncé qu'un "couloir" d'évacuation resterait en place lundi pour permettre aux civils de quitter l'hôpital al-Chifa, tout en admettant que ce secteur était en proie à "d'intenses combats".

Lundi, l'armée israélienne a annoncé que ses soldats "continuaient à mener des raids, visant des infrastructures terroristes installées dans des bâtiments gouvernementaux, au cœur de la population civile, y compris dans des écoles, des universités, des mosquées".

"Scènes de mort" 

"Le monde ne peut rester silencieux quand les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation, de désespoir. Cessez-le-feu maintenant", a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Des médecins ont mis en ligne des images les montrant en train d'opérer à la bougie, à la lampe torche, ou seulement avec les lumières des téléphones portable, faute d'électricité dans les hôpitaux.

L'armée israélienne a assuré dimanche avoir "proposé de fournir du carburant pour les besoins urgents de l'hôpital" al-Chifa, mais a ajouté que "la direction du Hamas empêchait l'hôpital de récupérer le carburant".

Le directeur de l'hôpital, Mohammed Abou Salmiya, a indiqué à l'AFP que l'armée israélienne l'avait informé qu'elle allait livrer du carburant, mais que les 300 litres proposés étaient très insuffisants.

"Je leur ai répondu 'si vous voulez aider, j'ai besoin de 8.000 litres au moins pour faire tourner les principaux générateurs et sauver des centaines de patients et de blessés', ils ont refusé et nous ne savons pas où en est la situation", a ajouté M. Abou Salmiya.

Lundi, le commissaire européen à l'Aide humanitaire, Janez Lenarcic, a appelé Israël à mettre en œuvre de "véritables" pauses humanitaires. "Le carburant doit entrer", a-t-il insisté.

Israël refuse de laisser le carburant entrer à Gaza, affirmant que cela pourrait profiter aux opérations militaires du Hamas.

Outre al-Chifa, la situation reste compliquée dans d'autres hôpitaux, selon Mohammed Zaqout, le directeur des hôpitaux de Gaza.

Des malades "sont dans les rues sans soins", a-t-il dit, après les "évacuations forcées" de deux hôpitaux pédiatriques, al-Nasr et al-Rantissi.

Un autre hôpital de la ville de Gaza, al-Quds, a cessé de fonctionner dimanche en raison du manque de carburant, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Le territoire palestinien, où environ 1,6 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre selon l'ONU, est soumis à un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, qui prive la population d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments.

Près de 200.000 Palestiniens, selon l'armée israélienne, avaient fui en trois jours, à la date de samedi, le nord du territoire via des "couloirs" ouverts quotidiennement, pour se réfugier dans le sud où des centaines de milliers de déplacés s'entassent dans des conditions humanitaires désastreuses.

Environ 980 camions chargés d'aide internationale sont arrivés dans la bande de Gaza depuis le 21 octobre, selon l'Ocha.

© Agence France-Presse

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