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Au cœur de l’Info sur Radio Plus : le conflit israélo-palestinien décrypté

Les intervenants ont lancé un appel à la paix.

Le conflit israélo-palestinien a été abordé lors de l’émission « Au cœur de l’Info », animée par Prem Sewpaul, sur Radio Plus, le mercredi 11 octobre. Les intervenants ont tour à tour analysé cette guerre qui secoue le Moyen-Orient et son impact géopolitique mondial.
 

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L’origine du conflit

Milan Meetarbhan, ancien ambassadeur de Maurice aux États-Unis, estime qu’il n’y a « aucune volonté de résoudre le fond du problème ». Cela fait 75 ans que les Palestiniens ont été expulsés de leurs terres. « Il y a des milliers de Palestiniens qui vivent dans des camps de réfugiés. Il y a eu plusieurs tentatives des Américains pour trouver des solutions à ce problème. Il n’y a manifestement aucune volonté, de la part de l’État israélien en particulier, pour résoudre ce problème », déplore-t-il. 

« Il faut remonter à la source du problème qui date de l’ère de la colonisation britannique. Les pays d’Europe étaient antisémites. Les Britanniques avaient promis de donner des terres de la Palestine aux juifs de la communauté internationale. Pendant la colonisation, ils prétendaient qu’il n’y avait personne en Palestine alors qu’il y avait des habitants. Depuis le début, et avant même qu’il devienne un État, et cela suivi d’une grande explosion antisémite en Occident et surtout en Allemagne (…) », explique Lindsay Collen de LALIT et du Front Solidarite Morisien Ar Lepep Palestinn 

« En 1948, pour résoudre le problème des réfugiés et de l’antisémitisme, ils ont créé un pays et les terroristes et sionistes ont fait partir les gens de leurs maisons. Aujourd’hui ce qui est arrivé à Gaza, ces deux millions de personnes qui y restent sont des réfugiés depuis 1948. Nous avons tendance à analyser le conflit israélo-palestinien depuis 75 ans », ajoute Lindsay Collen.

« L’argument employé pour justifier le fait que les juifs, à travers le monde, puissent établir un État était purement biblique. 2 000 ans auparavant, il s’agissait d’une terre juive et les non-juifs avaient accaparé ces terres. Quand le mouvement sioniste a pris de l’ampleur au XXe siècle, l’objectif principal était de trouver la terre promise aux juifs. Ils ont dit qu’ils allaient prendre la terre qui était à eux il y a 2000 ans. C’est beaucoup plus que la religion. En fait, c’est une diaspora à travers le monde qui a estimé qu’elle devait impérativement être sur ces terres », poursuit Milan Meetarbhan. 

Il rappelle qu’après la fin de la Première Guerre mondiale, la Société des nations (devenue Nations unies) avait introduit un système de mandat permettant ainsi à certaines puissances d’administrer certains territoires. « C’est alors que la Grande-Bretagne a été mandatée pour administrer la Palestine. À ce moment-là, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Arthur Balfour, avait formulé une déclaration en faveur de la création d’un État. Mais à l’époque il n’y avait qu’une cinquantaine d’États dont la plupart étaient occidentaux. Ils avaient jeté les bases de la création de l’État d’Israël », précise Milan Meetarbhan. 
L’observateur et ancien ministre des Affaires étrangères, Jean Claude de l’Estrac, fait comprendre que ce qui se passe actuellement trouve « sa source dans l’histoire politique ». « Cependant, j’insisterai sur la dimension religieuse. La revendication des Israéliens d’avoir la totalité des territoires et leur ostracisme à l’égard des Palestiniens viennent de ce qu’ils considèrent comme étant leur livre sacré qu’est la Torah.

C’est basé sur une prophétie stipulant qu’un beau jour, ils auront la terre promise de Canaan, soit l’équivalence de l’Israël et la Palestine. C’est une revendicationrevendication religieuse. Mais l’attachement des Palestiniens envers leurs terres a également une signification religieuse. C’est pour cela que nous sommes en train d’assister à un clash entre deux fanatismes religieux. Ce que les Israéliens viennent de vivre ces derniers jours est en fait le lot quotidien des Palestiniens », fait-il ressortir.

L’implication de l’Occident

Selon Lindsay Collen, il y aurait des similitudes entre les Chagos et la Palestine en ce qui concerne la colonisation. « La Grande-Bretagne avait des régimes à travers le monde. Elle a fait le ‘handing over’ pour ce rôle de gendarme du monde occidental à l’Amérique. »

Aujourd’hui, constate-t-elle, Israël est très proche des États-Unis. « Pour l’Occident, nous pouvons dire qu’Israël est devenu un gendarme pour l’Amérique dans cette région. Nous savons très bien que les Palestiniens, qu’ils soient à Gaza, en Cisjordanie ou à Jérusalem-Est, subissent au quotidien des arrestations militaires. L’état de siège a été décrété en 2007. Mais cela remonte au Moyen Âge. Il y a 5 000 Palestiniens incarcérés. ‘E anviron 1 200 pe fer prizon administratif’. Cela veut dire qu’ils n’ont pas passé par le tribunal mais qu’ils ont été kidnappés. Un enfant qui se rend à l’école doit traverser deux barrages militaires routiers. C’est contre toute moralité humaine. Le Hamas trouve ses origines dans la punition imposée au peuple palestinien », dit-elle. 

« C’est l’Occident qui a été à l’origine de la création de l’État d’Israël. C’est un pays riche. C’est d’ailleurs le pays qui reçoit la plus grande aide financière. C’est loin d’être l’État le plus pauvre. Mais pourquoi l’Occident a-t-il soutenu Israël ? Il y a trois grandes raisons : Israël est le seul État démocratique de la région et permet ainsi de maintenir la stabilité ; il y a la force des lobbies pro-israéliens aux États-Unis.

Le nombre d’électeurs n’explique pas toujours le poids des lobbies israéliens. Cependant, les lobbies israéliens aux États-Unis découlent de la force de l’argent. Ce qui peut avoir beaucoup d’influence sur l’issue d’une élection. En sus, il y a certaines églises chrétiennes aux États-Unis et Donald Trump avait le soutien massif de ce segment de la population », précise Milan Meetarbhan. 

« L’Occident soutient systématiquement Israël et il y a deux raisons fondamentales : les États-Unis estiment qu’Israël est le seul pays démocratique de la région et garantit ainsi un espace de stabilité, et il y a le pétrole et les lobbies des juifs puissants dans le système électoral américain. Sous la poussée des Américains, Israël était en train de tisser ses relations avec les pays arabes de la région », fait valoir Jean Claude de l’Estrac. 

« Mais avec ce qui vient de se produire et ce qui se produira à l’avenir sera une tentative d’Israël d’effacer le Hamas de la carte. Israël s’est senti littéralement humilié. La situation sera encore plus grave lorsque des troupes seront déployées à Gaza et il y aura des corps à corps et autres atrocités qui dureront dans le temps. Les choses s’aggraveront lorsque les Israéliens mettront la main sur leurs otages », indique-t-il.  

La réponse internationale

« Nous sommes tous choqués par la violence. Mais elle ne vient pas d’un seul camp. C’est dommage que les médias occidentaux ne montrent pas toutes les images de ce qui se passe. Plusieurs médias occidentaux répètent que l’Israël a le droit de se défendre. Mais les Palestiniens n’ont-ils pas le même droit ? » interroge Milan Meetarbhan. 

L’avocat Rama Valayden, qui est aussi membre du parti politique Linion Moris, dénonce une « manipulation des médias ». « Des images truquées sont diffusées et c’est regrettable. Ce qui se passe est plus que navrant. Mais il faut bien comprendre les choses. Le conflit israélo-palestinien est une très vieille affaire », dit-il. 

Selon Milan Meetarbhan, le seul pays capable de rétablir la paix dans la région est les États-Unis. N’empêche, il se dit « assez choqué par les récents propos du président Joe Biden ». Lindsay Collen parle, elle, d’« une déclaration irresponsable. C’est clair que les propos de Joe Biden ont été très menaçants. Il menace qui ? ».

Toujours est-il que pour Milan Meetarbhan, « la clé reste entre les mains de l’Amérique qui doit soutenir la ‘solution à deux États’. 138 pays sur 193 États membres reconnaissent l’État de la Palestine. Cela fait 12 ans que la Palestine a déposé sa demande d’admission au siège des Nations unies. La demande n’a pas encore été examinée par le conseil de sécurité. Tout porte à croire qu’il y aura le veto des Américains sur le dossier. C’est la raison pour laquelle j’ai souligné que tout repose sur une volonté politique ».

L’ancien ministre, ancien député et observateur politique Bashir Khodabux est d’avis que « c’est une situation sans issue tant qu’Israël ne respectera pas les droits fondamentaux d’un peuple dont les pays sont signataires ». « Le peuple palestinien souffre depuis 75 ans. La colère est devenue insupportable. Ce n’est pas le premier conflit entre les Palestiniens et les Israéliens », rappelle-t-il. 

Selon lui, Joe Biden, Emmanuel Macron et Rishi Sunak auront besoin des votes de la communauté juive car les élections sont proches. « Nous vivons un moment très triste de l’histoire. Mais la racine du mal est l’État d’Israël et tout ce qu’il a fait à la Palestine », martèle-t-il.

 

 

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