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Au Cœur de l’Info - Renganaden Padayachy : «Rs 1 milliard seront budgétées pour l’achat des vaccins»

Pour Renganaden Padayachy, 2021 sera l’année de la relance.
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L’invité de l’émission Au Cœur de l’Info du vendredi 22 janvier sur Radio Plus, a été le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Répondant aux questions de Nawaz Noorbux, Jugdish Joypaul et Kamlesh Bhuckory, le grand argentier a abordé la reprise en 2021, le coût des vaccins, ses relations avec Business Mauritius ou encore le « sacrifice » des fonctionnaires. Extraits !

Vaccins, prévoir Rs 1 milliard

Maurice s’est fixé comme objectif de vacciner 60% de sa population. Or, cela demande des fonds conséquents. Sur ce sujet, le ministre a évoqué la création d’un fonds dédié. « Nous avons constitué un Covid-19 Fund, présidé par le secrétaire financier Dev Manraj. On y recueillera les aides internationales, les donations du secteur privé - je fais un appel à tous les entrepreneurs pour qu’ils y contribuent - et aussi, des fonds publics pour acheter le vaccin. L’objectif est de vacciner tous ceux qui le souhaitent. À l’époque, quand on parlait de Pfizer, on a travaillé pour que les fonds aillent jusqu’à Rs 3 milliards. À l’heure actuelle, je crois que Rs 1 milliard devra être budgété pour l’achat des vaccins », a déclaré Renganaden Padayachy. 

PME, soutien à la compensation salariale

Quant aux difficultés auxquelles font face des PME, le grand argentier a indiqué qu’un plan de soutien est en préparation. Le plan viendra « très vite ». S’agissant du paiement de la compensation par les entreprises, mesure qui n’a pas encore été ‘gazetted’, Renganaden Padayachy souligne que « tout est en préparation. Tout sera publié. (…) On dira qu’il y a un froid. Business Mauritius était à la table du comité tripartite. Elle nous a entendus dire qu’il y aura une compensation. Elle doit l’appliquer. (…) Business Mauritius sait qu’on avait déjà annoncé. »

Paiement jusqu’à fin juin

L’État continuera-t-il à aider les entreprises ? « On paiera jusqu'à fin juin parce que le Budget s’arrête à cette date. Nous analyserons la situation au fur et à mesure. Je veux rassurer la population et les entrepreneurs que nous serons toujours là et qu’on est là pour aider le secteur privé. Il n’y a pas de froid. Il y aurait pu en avoir si on n’avait pas apporté de support. Nous avons été assez innovants », fait-il ressortir.  

L’hôtellerie et l’avenir

Dans ce secteur ayant généré des revenus de Rs 63 milliards (en 2019), les promoteurs sont nombreux. « L’hôtellerie a un avenir. Beaucoup d’investisseurs étrangers cherchent à construire des hôtels à Maurice. (…) Il y a des entreprises fragiles qui sont en liquidation. Notre but est de faire tenir le maximum d’entreprises. (…) Il arrive un moment où la Covid-19 sera derrière nous. On aura son vaccin, sa guérison. Nous travaillons sur cette reprise concernant le tourisme. Oui, les plans sont là. »

Air Mauritius, le dossier avec le PM

La compagnie d’aviation nationale est sous administration volontaire depuis avril 2020. Quel sort lui est-elle réservé ? « De nombreux secteurs d’activité dépendent du fait qu’on ait une compagnie nationale d’aviation. Quand nous avions préparé le Budget, on avait mis en place un financement qui, après le processus de (restructuration), (aide) la compagnie à reprendre son envol. L’argent est là. Les administrateurs travaillent sur le dossier. Air Mauritius a eu des problèmes. La Covid-19 les a accélérés. Nous ne devons pas oublier qu’il y a eu le hedging qui a ajouté aux problèmes d’Air Mauritius. Notre rôle, c’est d’injecter et de faire revivre la compagnie. (…) Le dossier est avec le Premier ministre. »

Marge de manœuvre budgétaire

« Pour le prochain Budget, j’espère qu’avec la reprise économique, on aura une hausse dans nos revenus qui permettra de financer toutes nos dépenses. (…) À l’heure actuelle, nous travaillons sur le prochain Budget, sur nos revenus, notre marge de manœuvre et notre plan de dépenses. Si on a un taux de croissance qui est raisonnable, on aura plus de revenus et cette hausse nous permettra de boucler notre Budget », a souligné Renganaden Padayachy.

Liste grise, sortie en 2021

« Le Groupe d’action financière (GAFI) nous a donné deux années pour quitter sa liste grise. Peut-être qu’il a estimé que l’efficacité de nos lois n’est pas suffisante. Le GAFI nous a donné deux années pour les améliorer. Malheureusement, cela a eu une incidence sur la liste de l’Union européenne. Nous nous sommes retrouvés en difficulté sur la liste de l’UE. (…) Je suis assez confiant qu’on quitte la liste grise du GAFI en 2021. (…) Le mois de février est un peu tôt pour qu’on quitte la liste. Le GAFI devra effectuer une visite au pays, faire un constat de ce que nous avons implémenté et le résultat obtenu. À partir de là, on pourra sortir de la liste. »

Dividendes, aucun contrôle

Arnaud Lagesse, le Chief Executive Officer du conglomérat IBL, a mentionné que le gouvernement ne doit pas réguler la politique de dividendes dans le secteur privé. Interrogé sur cette déclaration, le ministre des Finances a indiqué : « Je pense qu’il l’a dit dans un certain contexte. C’est quelqu’un que je connais très bien et qui dit ce qu’il pense. C’est sa force. Jamais cela n’a été notre intention d’entrer dans la politique de dividendes d’une entreprise privée », soutient-il. Et d’ajouter : « Il y a une politique qui stipule que quand le gouvernement apporte une aide à une entreprise en difficulté, celle-ci ne doit pas octroyer des dividendes. Si elle peut payer des dividendes, cela signifie qu’elle n’a pas besoin de notre aide. Quand on aide une compagnie, en retour on lui demande de ne pas distribuer des dividendes. Cela signifie que l’entreprise a affiché un profit. (…) Si vous faites des pertes, vous n’avez pas de cashflow, vous ne pouvez pas payer de dividendes. Vous ne prenez pas cette aide pour payer des dividendes. C’est aussi simple que cela. (…) Peut-être que cela a été mal interprété. Mais je ne crois pas qu’il dit que nous interdisons le paiement de dividendes. Nous sommes une économie basée sur le privé. Maurice est un pays avec une économie mixte. Ce n’est pas du tout l’intention du gouvernement. »

Super Cash Back Gold, aucune promesse

Appelé à donner des précisions sur le remboursement aux détenteurs de polices du plan Super Cash Back Gold, le ministre a indiqué qu’il n’est pas au courant d’une promesse à ce sujet. « Nous n’avons pas promis de tout rembourser. Nous devons voir les moyens financiers aussi. Quand il y des investissements privés, l’État agit en garant. C’est cela notre priorité », a-t-il souligné.

Se préparer pour une reprise stable

2020 a été probablement la pire année que Maurice ait connu sur le plan économique. La difficulté s’est traduite par le fait que beaucoup de pays à l’international étaient instables et ont été contraints de se confiner. Cependant, le vaccin permet d’avoir une visibilité et engendre un élément de confiance. Difficile, toutefois, de faire des prévisions au vu de l’évolution de pandémie qui prend de nouvelle dimension. « Au ministère, nous regardons toujours les ‘worst case scenarios’ s’agissant des prévisions publiées par le Fonds monétaire international », explique Renganaden Padayachy. Cela l’amène à dire que la reprise sera difficile et qu’il faut se préparer pour « une reprise stable ». Au niveau du gouvernement, l’objectif est de veiller à ce que Maurice reste ‘Covid-safe’. Le Grand argentier souligne qu’il « croit dans la reprise ».

Un rebond à partir du deuxième trimestre 

Maurice devra enregistrer une contraction de 16 % pour réaliser une performance inférieure à l’année dernière (une contraction de 15,2 %). Or, le ministre des Finances dit s’attendre à un rebond à partir du deuxième trimestre de 2021. « Nous suivons la situation de nos principaux marchés. La Chine, qui est la deuxième économie mondiale, fait à titre d’exemple une performance raisonnable », fait-il ressortir. Cependant, le Grand argentier n’exclut pas l’éventualité que 2021 peut être pire que l’année précédente. 

Pas de « froid » avec Business Mauritius  

L’élément déclencheur de la discorde entre Business Mauritius et le ministre des Finances a été l’entrée en vigueur de la Contribution sociale généralisée. À ce propos, Renganaden Padayachy explique que la fédération patronale était contre plusieurs projets progressistes. Évoquant la philosophie derrière la réforme de la pension, le ministre précise qu’en tant que décideur public, l’objectif est de soutenir la croissance par la consommation interne. Il affirme qu’il n’y a pas de « froid » entre lui et Business Mauritius. « Nous nous rencontrons souvent. C’est uniquement une divergence d’opinion avec certains au sein de la fédération », fait-il ressortir.  

Le ministre des Finances face aux journalistes dans le studio  de Radio Plus.
Le ministre des Finances face aux journalistes dans le studio de Radio Plus.

CSG : viable dans le temps

La réforme de la pension devrait permettre à 80 % des entreprises locales d’avoir une meilleure capacité financière après la crise. Cependant, la contribution des grandes entreprises sera supérieure. « Certaines personnes sont contre la Contribution sociale généralisée (CSG) parce qu’elles regardent uniquement leurs entreprises. La CSG est viable dans le temps », rassure le ministre des Finances qui dit bénéficier du soutien du Premier ministre sur cette mesure. Le ministère travaille actuellement sur la loi concernant les bénéfices. L’État va assurer un revenu plus élevé aux pensionnaires via la CSG. « Nous avons un but économique qui est de réduire l’inégalité. Le montant de la pension de vieillesse atteindra Rs 13 500 d’ici 2024 s’il n’y a pas de crise », dit-il.  Le ministre affirme également que le comité technique sur la CSG, composé de fonctionnaires, techniciens, représentants du privé et syndicats, travaille sur les bénéfices de la CSG. 

Le « sacrifice » des fonctionnaires 

« Nous avons mis Rs 30 milliards sur la table pour le secteur privé, dont Rs 8 milliards pour le paiement des salaires dans le tourisme. Nous sommes en train d’investir de nouveau pour absorber 20 000 chômeurs sur le marché », indique le ministre des Finances. Pour le Grand argentier, les fonctionnaires ont fait beaucoup de sacrifices. « L’an dernier, ils auraient dû bénéficier du PRB et cette année leur plus gros sacrifice, c’est le non-paiement des congés de maladie, soit l’équivalent de Rs 1,5 milliard », soutient le ministre, pour qui la perception, que les fonctionnaires sont mieux lotis que les employés du secteur privé, ne tienne pas. 

PRB : publication et implémentation du rapport cette année  

Le gouvernement travaille sur le Pay Research Bureau (PRB) en vue de son implémentation cette année, a annoncé Renganaden Padayachy. Il a, toutefois, insisté qu’il y aura un équilibre entre les revenus et les dépenses publiques. « Il faut trouver le bon équilibre. L’objectif est de travailler sur le rapport, le publier et l’implémenter », ajoute-t-il. 

Le Basic Retirement Pension restera à Rs 9 000

Renganaden Padayachy a aussi commenté le non-paiement de la compensation salariale pour les pensionnaires et se dit conscient du mécontentement que cette décision a causé. Il évoque notamment la hausse de la pension par 40 % et la non réduction de la Basic Retirement Pension, cela malgré la pression. « Nou donn deza enormema ek nou pann tir nanien… Pourtant, il avait des pressions pour qu’on réduise la Basic Retirement Pension (BRP) de Rs 1 000 à Rs 2 000. Une baisse de Rs 2 000 aurait, pourtant, rapporté Rs 7 milliards à la caisse. Nous n’avons pas voulu, car pour nous, le paiement de la pension est un investissement », fait-il ressortir. Il a aussi indiqué que le gouvernement travaille sur un nouveau système. « Le BRP restera inchangé à Rs 9 000, mais nous ajouterons une allocation de retraite. En ajoutant les deux, cela fera Rs 13 500. Ce sera un mécanisme qui nous permettra d’avoir plus de contrôle », soutient-il. 

MIC : Rs 10 milliards à Rs 12 milliards déboursées 

La Banque de Maurice publiera prochainement une note sur les bénéficiaires et les montants déboursés à ce jour par la Mauritius Investment Corporation (MIC). Le montant se chiffre approximativement entre Rs 10 milliards et Rs 12 milliards pour les entreprises en difficulté, selon le ministre des Finances. Concernant les questions parlementaires à ce propos, il avance que « je n’ai pas répondu aux questions au Parlement, parce que je n’avais pas encore ces informations ». 

La confiance, facteur essentiel pour la relance et l’investissement

La confiance est un des éléments les plus importants pour le développement d’une économie. Selon Renganaden Padayachy, les investisseurs montrent des signes de confiance et sont bel et bien au courant de la situation concernant la gestion de la pandémie à Maurice. « Nous avons des entreprises qui souhaitent investir à Maurice, notamment dans la pharmacologie », affirme-t-il. Ce climat de confiance est, d’ailleurs, reflété par la notation attribuée par Moody’s à Maurice. L’agence table sur une croissance de 7 % pour Maurice pour 2021. Par ailleurs, selon le ministre des Finances, le gouvernement a toujours travaillé pour améliorer le climat des affaires à Maurice. Cela s’est, d’ailleurs, traduit par une bonne position (13ème) sur le classement mondial de l’Ease of Doing Business. 

Tourisme : œuvrer pour la relance 

Le gouvernement travaille de concert avec le secteur privé afin de relancer l’industrie du tourisme. Une croissance dans le secteur passera par un nombre croissant. « Nous travaillons pour attirer plus de touristes que l’an dernier, une fois que les frontières vont rouvrir », fait comprendre Renganaden Padayachy. 

Décès de Kanakiah : les images des caméras de surveillance remises à la MCIT

Dans le sillage de l’enquête sur le décès de Pravin Kanakiah, à Gris-Gris, le ministre a indiqué que des images capturées par les caméras de surveillance de sa résidence ont été remises à la Major Crime Investigation Unit. « Le moment où il y a eu ce décès - c’est très triste et je présente mes condoléances à la famille – les enquêteurs ont tout pris. Je ne les ai pas visionnées. J’espère que les enregistrements d’ici et d’ailleurs permettront d’élucider ce décès », a indiqué le ministre. Renganaden Padayachy a aussi déclaré qu’il a son propre Constituency Clerk auquel il verse les salaires par virement bancaire. Ce dernier touche plus de Rs 15 000.

EN CHIFFRES 

• Rs 6 milliards seront allouées aux projets communautaires. 
• 80 % des entreprises contribueront moins que sous le NPF.
• Les revenus du gouvernement ont chuté de 20 %. 
• Le montant des contributions de la CSG sera entre Rs 4 milliards et Rs 5 milliards. 
• Maurice compte actuellement une couverture de 13 mois d’importations. 
• Renganaden Padayachy soutient que le taux de chômage se situe entre 9,8% et 10%. 


Réactions : 

pierre-dinanPierre Dinan, économiste : « La reprise dépendra uniquement de la réouverture des frontières » 

Le ministre des Finances parle d'une reprise économique au deuxième trimestre de 2021 alors que  l’économiste Pierre Dinan est d’avis qu’on ne peut pas s’attendre à un rebond de l’économie si nos frontières restent fermées. « Je suis incapable de dire si le pays connaîtra une reprise en deuxième trimestre, vers le milieu de l’année ou à la fin de 2021. Je considère que le tourisme est le secteur le plus important de l’économie et tant que ce secteur sera à genoux, on ne peut pas avoir une reprise », avance-t-il.  

Par ailleurs, il soutient que la reprise de notre économie dépendra aussi de la situation économique dans nos marchés principaux, notamment l’Europe. Selon Pierre Dinan, le pays a besoin de nouvelles stratégies de développement pour relancer l’économie. « Et ceci doit se faire en concertation avec le gouvernement, le secteur privé, les ONG, les syndicats et toute la société civile », recommande-t-il. En outre, pour assurer une relance durable, le cap doit être mis sur le développement de nouveaux créneaux, tels que l’économie bleue et les nouvelles technologies, rappelle-t-il.


rashid-imrithRashid Imrith, syndicaliste : « Il faut trouver une ‘win-win situation’ pour le non-paiement des congés maladie »

Rashid Imrith, président de la Fédération des Syndicats du Secteur Public (FSSP), n’a pas tardé à réagir sur le non-paiement des congés maladie des fonctionnaires. Il dit comprendre que le contexte économique est difficile face à l’impact de la crise de la Covid-19. Cependant, il demande une table ronde entre les fédérations des travailleurs et le gouvernement pour ce qui est du non remboursement des ‘sick leaves’ des fonctionnaires en vue de trouver des solutions appropriées. Il faut trouver, ajoute-t-il, une ‘win-win situation’ pour le non-paiement des congés maladie des fonctionnaires. À savoir que Maurice compte plus de 83 000 fonctionnaires incluant les employés des corps paraétatiques.


maya-sewnathMaya Sewnath, entrepreneure : « Le ‘wage support’ sera une grande aide pour les PME » 

Un ‘wage support’ sera accordé aux PME en vue de financer le paiement de la compensation salariale. Une nouvelle que l’entrepreneure Maya Sewnath dit accueillir favorablement. « Nous apprécions que le gouvernement accorde une attention aux PME. Ce ‘wage support’ sera une grande aide pour les entrepreneurs », soutient-elle. 


Salim MuthySalim Muthy, représentant des souscripteurs du Super Cash Back Gold : « Je suis choqué par les propos du ministre Padayachy » 

Salim Muthy, le représentant des souscripteurs du Super Cash Back Gold, dit « avoir été choqué par les propos » du ministre des Finances à l’effet qu’il n’est pas au courant que le gouvernement a promis de les rembourser. « Lors d’une réunion avant les élections en octobre, le gouvernement a promis de rembourser les souscripteurs en décembre 2020, ce qui n’a pas été fait. Et en juin 2021 ? Je n’invente rien. Le secrétaire financier et d’autres fonctionnaires étaient présents », fait ressortir Salim Muthy. Il dit espérer que les autorités respecteront leur engagement tout en déplorant que ses multiples demandes pour avoir une rencontre avec le ministre des Services Financiers ont été vaines jusqu’ici. 

 

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