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Au cœur de l’info - Nita Deerpalsingh : «Ne laissez personne instrumentaliser votre vulnérabilité» 

Jean-Luc Émile et ses invités sur le plateau.

L’émission Au cœur de l’info, le mardi 10 septembre, animée par Jean-Luc Émile, était consacrée à la mesure de zéro intérêt sur les prêts immobiliers pour les jeunes de 18 à 35 ans. Les intervenants ont exprimé leur point de vue sur la question et sur les risques d’endettement. 

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Quelles seront les conditions attachées à ce prêt ? Quelle est la viabilité économique de cette mesure ? Les banques joueront-elles le jeu ? Ce sont autant de questions abordées par Jean-Luc Émile et ses invités. L’actuaire et ancienne parlementaire, Nita Deerpalsingh met en garde contre cette mesure.

« Nous sommes entrés dans une période pendant laquelle il y a des soldes. Il ne faut pas être le dindon de la farce », avertit-elle. Elle est aussi d’avis que peu de jeunes bénéficieront de cette mesure. Selon elle, il y a des problèmes bien plus importants à prendre en considération. Il faut mettre un terme au bétonnage de luxe et au fléau de drogue qui gangrène la société. 

Elle est d’avis que la population ne doit pas « s’attacher » aux politiciens, peu importe la couleur politique. « Tant que vous allez compter sur ces personnes pour vous donner des choses, vous serez des esclaves. La position de recevoir est une position de vulnérabilité. Ne les laissez pas instrumentaliser votre vulnérabilité. Ne tombez pas pour les fausses soldes », lâche Nita Deerpalsingh. 

Vinay Ancharaz, économiste et membre du Mouvement militant mauricien, soulève une préoccupation majeure : la mesure pourra-t-elle masquer une gestion économique défaillante ? « Le gouvernement ne donne pas pour faire plaisir. C’est une tentative de compenser son échec à gérer l’inflation et le coût de la vie. Nous devons nous demander si cette mesure est une réponse électoraliste ou une véritable solution aux problèmes économiques des jeunes », ajoute-t-il. 

Il note également que le gouvernement cible les jeunes après la mesure de l’Internet mobile gratuit, il est venu avec celle pour le logement. Il ne cache pas son inquiétude. « Je me demande si, à force de donner, on ne va pas créer un peuple d’assistés. Il y a eu tellement de high expectations que le gouvernement tombe dans son propre piège avec des surenchères », estime Vinay Ancharaz. 

Jean-Camille Desveaux de Marigny, président de l’Association pour la protection des emprunteurs abusés, se montre sceptique quant à l’impact réel de cette annonce. « La mesure aurait eu plus d’impact si on disait que c’est pour ceux âgés de 35 à 45 ans. Actuellement, c’est une annonce électoraliste qui n’aura pas beaucoup d’impact », dit-il. Il ajoute que la mesure va créer deux catégories de jeunes. 

Claude Canabady, secrétaire de la Consumers’ Eye Association, insiste sur l’importance d’un ciblage adéquat. « Il faut aider ceux qui en ont réellement besoin, et non pas étendre cette mesure à tout le monde », fait-il observer. 

Rajen Seetohul, ancien Managing Director à la MHC, se pose lui des questions sur le coût d’une unité de logement social qui s’élève à Rs 5 millions. « Ce qui est grave, c’est qu’il n’y a pas un exercice d’appel d’offres correct », s’indigne-t-il. 

Chandan Jankee, ambassadeur et économiste, pense que cette annonce peut être « électoraliste », mais que « c’est quand même de la bonne guerre ». Il est d’avis que c’est une bonne mesure afin de motiver des jeunes à ne pas gaspiller leur argent. Ce qui, selon lui, enlèvera le fardeau du logement des épaules des parents. « C’est positif. Il ne faut pas toujours faire de la démagogie », affirme-t-il. 

Il pense que le gouvernement viendra avec les modalités dans le but de faciliter l’accès à ces emprunts. « Il se peut que la Mauritius Housing Corporation ou la Banque de développement ou une autre agence gère cette mesure », indique-t-il.

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