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Au Cœur de l’Info - Lutte contre la criminalité : des actions urgentes attendues

Me Samad Goolamaully, du Parti conservateur républicain.

Face à face sur Au Cœur de l’Info du vendredi 26 septembre, animée par Ashna Nuckcheddy-Rabot. L’avocat parlementaire et leader des Nouveaux Démocrates, Khushal Lobine, a croisé le fer avec Me Samad Goolamaully, du Parti conservateur républicain. Au centre du débat : l’état du law and order à Maurice, les affaires liées au « reward money » après l’arrestation de l’ex-commissaire Anil Kumar Dip, et la défiance grandissante du public envers les institutions.

Depuis plusieurs mois, un constat s’impose : la confiance des Mauriciens envers leurs institutions vacille. Police, bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP), système judiciaire et même gouvernement sont pointés du doigt. Comment rétablir la crédibilité, garantir la sécurité et redonner au citoyen le sentiment d’être protégé ? Telle fut la trame de ce face-à-face animé sur Radio Plus.

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Dès le début, Khushal Lobine et Samad Goolamaully semblaient partager le diagnostic. Mais les divergences se sont creusées lorsque la lenteur du gouvernement face à la montée de la criminalité a été évoquée.
Samad Goolamaully accuse le gouvernement d’inaction. « Cela fait presque un an que ce gouvernement est au pouvoir, jamais Maurice n’a connu un tel niveau d’insécurité », lance-t-il. Il dénonce la circulation flagrante de la drogue, un commissaire dépassé et un ministère de l’Intérieur « perdu dans ses priorités ».

À ses yeux, parler de baisse de criminalité relève de l’illusion : « Les chiffres disent une chose, mais la réalité des gens, c’est la peur. »

Khushal Lobine refuse ce tableau noir. « On ne peut pas parler d’un effondrement total », nuance-t-il. Pour lui, la société évolue, et les médias comme les réseaux sociaux accentuent le sentiment d’insécurité. Il reconnaît une communication institutionnelle insuffisante, mais insiste sur les efforts du nouveau commissaire et la volonté du Premier ministre.

Selon lui, ce n’est pas seulement un problème politique, mais un système entier à moderniser.

Un terrain d’entente apparaît sur la réforme des charges provisoires. Khushal Lobine appelle à en finir avec une pratique qui « étouffe le système ». Samad Goolamaully va plus loin : « On ne peut pas arrêter quelqu’un et enquêter ensuite. »

Il dénonce des procès qui traînent, souvent faute de rapports médico-légaux, et réclame des délais légaux stricts afin d’éviter des renvois sans fin.

Trois piliers du système

Les deux avocats s’accordent : la lutte contre la criminalité repose sur trois piliers – police, bureau du DPP et Cour suprême – qui doivent travailler en cohérence.

Lobine insiste sur l’indépendance du DPP, « seul maître à bord » du système pénal. Goolamaully plaide pour un DPP proactif, avec des dossiers solides et irréprochables. Tous deux dénoncent les attaques politiques visant cette institution, jugées néfastes pour l’État de droit.

Le sujet du reward money rallume les tensions. Lobine évoque un « système mafieux » si les sommes colossales avancées se confirment : « Où va l’argent ? Où va la drogue ? » Il exige une transparence totale.
Goolamaully réclame des sanctions exemplaires si des policiers sont impliqués dans le trafic ou le planting : « On ne peut accepter que ceux payés pour protéger utilisent leur uniforme pour trahir. » Il propose même des peines aggravées pour ces dérives qui jettent l’opprobre sur la force policière.

Victimes d’arrestations abusives

Quid des victimes d’arrestations arbitraires ? Les deux avocats estiment qu’il faut des mécanismes de réparation, ainsi que la réouverture de dossiers douteux pour restaurer la crédibilité de la justice.

Au terme du débat, les divergences restent nettes : Lobine refuse de parler d’effondrement, quand Goolamaully dénonce une insécurité record. Mais plusieurs convergences apparaissent : réforme de la police, modernisation du système judiciaire, délais imposés aux affaires, transparence sur les finances publiques et défense de l’indépendance du DPP.

Roland Dabysing, surintendant adjoint de police : « Il faudra resserrer les boulons là où il faut »

Le surintendant adjoint de police (SAP) Roland Dabysing reconnaît que la question du reward money jette une ombre sur la police. Il rappelle qu’en septembre, le commissaire a amendé la section 122 encadrant ces récompenses, en introduisant de nouveaux garde-fous.

« Le reward money est un outil de travail. Mais lorsqu’il y a abus, ce n’est pas acceptable », dit-il. Depuis 2021, un barème existe : pour une saisie de drogue d’un milliard de roupies, la récompense ne peut dépasser quatre millions de roupies. Les rumeurs de 250 millions de roupies le laissent « sans voix ».

Concernant les accusations de planting, il appelle à ne pas faire d’amalgame : l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU), selon lui, agit avec un processus clair. Les montants proposés sont évalués, validés par le commissaire et contrôlés par le Manager Financial Operations (MFO).

« Le système est désormais mieux encadré. Mais là où il faudra resserrer les boulons, il faudra le faire », conclut-il.

 

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