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Au Cœur de l’Info : L’«objectif réel» du remaniement ministériel fait débat

Le remaniement ministériel a été débattu lors de l’émission « Au Cœur de l’Info » hier. Cependant, les invités d’Anoop Dhookeeya sont partagés sur l’objectif réel de cet exercice visant potentiellement à donner un nouvel élan au gouvernement. 

Reza Uteem : « Une façon de sauver la peau de Maneesh Gobin » 

Reza UteemLe député du MMM, Reza Uteem, exprime son étonnement quant au timing du remaniement ministériel. « Il n’y a pas de logique dans ce qui a été fait. C’est un exercice où le Premier ministre vient démontrer qu’il est le seul maître à bord. Les grands perdants sont Collendavelloo, Ganoo et Abbas Mamode. Le ministère de la Santé est celui où il y a le plus de scandales, pourtant le Premier ministre n’a rien trouvé à redire. Ce remaniement n’a rien de stratégique, c’est encore moins un boost. C’est juste une façon pour sauver la peau de Maneesh Gobin », lance-t-il. 

Il s’interroge sur les deux autres postes ministériels qui restent vacants. « Est-ce qu’il a l’intention de refaire venir Sawmynaden ou de demander à Ivan Collendavelloo de reprendre son poste ? Une chose est sûre. Ce remaniement n’aura aucun effet. Si j’étais le Premier ministre, j’aurais identifié les maillons faibles de mon gouvernement pour procéder au remaniement. »  Reza Uteem soutient qu’il y a des ministres qui n’arrivent pas à « deliver » comme Steven Obeegadoo qui s’occupe de gros ministères. Ou encore des ministres qui 
« underperform » comme Kavi Ramano et Sudheer Maudhoo. 


Patrice Armance : « L’île Maurice mérite mieux »

Le député et whip de l’opposition, Patrice Armance, trouve de « mauvais goût » l’exercice qui s’est déroulé. « L’île Maurice mérite mieux. À croire qu’il n’y a pas de compétences au sein du gouvernement. Ceux qui sont laissés sur la touche auront un goût amer. Il y a eu un faux ‘musical chair’ en quatrième vitesse après la démission de Rajanah Dhaliah. Est-ce que la compétence a été prise en considération avant de nommer à ces postes au sommet de l’État ? », se demande-t-il. 

Patrice Armance estime qu’un message a été lancé au Muvman Liberater. « Le Premier ministre pousse le ML à la porte de sortie. C’est un message clair qu’il est indésirable au sein de l’alliance », évoque-t-il.  


José Moirt : « Il s’agit d’un exercice de ‘damage control’ »

José Moirt de Linion Pep Morisien pense que tout est calculé pour le MSM. « Le MSM ne fait rien qui ne sert pas à sa stratégie. Le PPS a démissionné et des développements sont à prévoir. C’est dans ce contexte qu’il y a eu ce remaniement. Il s’agit d’un exercice de ‘damage control’. On essaie de maquiller des scandales de corruption qui éclaboussent le gouvernement », estime ce dernier. 

Selon José Moirt, s’il voulait envoyer un message fort, il aurait dû agir le même jour que le scandale a éclaté. Il poursuit que Pravind Jugnauth se permet aussi « d’ignorer » ses alliés, car il n’a pas peur d’une élection partielle. « Il sait que peu importe qui démissionne, il n’y aura pas de partielle, mais on ira vers des élections générales. Il se sert aussi de l’‘ethic politics’ pour placer ses joueurs », indique-t-il. 


Ehsan Juman : « Un remaniement dans la panique »

Ehsan JumanPour Ehsan Juman, il n’y a pas de doute que c’est le scandale « Stag Party » qui a mené à cet exercice. « C’est un remaniement fait dans la panique. Pourquoi pendant tout ce temps, on a laissé Maneesh Gobin à son poste au ministère de l’Agro-industrie ? Ce n’est que maintenant qu’on voit qu’on doit le retirer, alors qu’il a eu accès aux dossiers. Lui donner le portefeuille des Affaires étrangères, c’est le cacher. Car il est aussi le secrétaire général du MSM qui a déjà perdu un ministre en la personne de Nando Bodha. Si des sanctions sont prises, c’est l’écroulement du Sun Trust. »

Ehsan Juman va plus loin. Ce remaniement n’a rien de « stratégique ». Selon lui, il s’agit de « sauver la face ». Il parle aussi « d’humiliation » pour Ivan Collendavelloo et le Deputy Speaker Zahid Nazurally ainsi qu’Ismael Rawoo. Selon lui, la démission du PPS Rajanah Dhaliah a débouché sur le remaniement. « Le Premier ministre n’avait pas d’autres choix. Il n’a pas le contrôle. C’est un gouvernement sous respiration artificielle », lance-t-il, estimant que Pravind Jugnauth aurait dû agir bien avant. 


Jocelyn Chan Low : « Un remaniement se fait dans un moment de crise »

Jocelyn Chan LowL’observateur politique et historien, Jocelyn Chan Low, met aussi l’accent sur le « timing » de ce remaniement. « C’est dans un moment de crise qu’on fait un remaniement. C’est comme un match de foot où l’entraîneur pense que des joueurs underperform et apporte des changements pour booster son équipe. On voit cela souvent avant les élections. Mais dans ce cas, il faut voir le timing », avance-t-il. Selon lui, ce remaniement intervient au lendemain de la démission d’un PPS. « Le scandale est lié à un ministre. Est-ce que ce dernier devait continuer à traiter des dossiers ? C’est un peu couper la poire en deux. On ne le met pas dehors, mais on change son ministère. En même temps, on promeut certains PPS qui ont un rôle important sur le terrain. Un remaniement ministériel est un exercice délicat qui peut offenser les personnes qui ne sont pas promues, dont celles partenaires de l’alliance », explique Jocelyn Chan Low, qui ne pense pas que cet exercice va redynamiser le gouvernement. « Peut- être qu’on n’a pas pu faire mieux ».  


Abdallah Goolamallee : « C’est une démonstration de force » 

Abdallah GoolamalleePour sa part, l’observateur politique, Abdallah Goolamallee, affirme que le Premier ministre a pris tout le monde « à contrepied » en procédant à un remaniement ministériel. Il explique que cet exercice a pour but d’apporter un nouveau souffle au gouvernement et que le temps dira si cet objectif a été atteint. 

« C’est une démonstration de force. Le Premier ministre vient démontrer qu’il a la tête sur les épaules. Au fait, Pravind Jugnauth donne le temps à ceux qui ont fauté de rectifier, mais à un moment donné il agit. Il démontre qu’il a l’autorité entre ses mains et peut prendre des décisions qui s’imposent », estime-t-il. 

Abdallah Goolamallee est d’avis que ce remaniement a eu lieu après mûres réflexions et calculs politiques. « Ce ne sont pas des ‘moves’ aléatoires. Quand on voit un ministre atterrir aux Affaires étrangères, je ne dirais pas que c’est le mettre au placard, mais c’est quand même le rétrograder. Cela reste une sanction », avance-t-il. 

Concernant la nomination des PPS, il souligne que ce sont ceux qui labourent le terrain et qui peuvent avoir un ticket aux prochaines élections qui ont été promus. « Il s’agit aussi de l’‘ethic politics’. C’est sûr qu’il y aura des mécontentements. Dans le cas de Maneesh Gobin, je maintiens qu’il s’agit d’une sanction. »

Le fait qu’Ivan Collendavelloo n’a pas retrouvé son marocain ministériel a une explication également. « Ce n’est pas pour humilier. C’est pour envoyer un signal fort que c’est lui qui décide », affirme Abdallah Goolamallee. 

 

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