Les intervenants de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus et TéléPlus sont revenus sur la démission de Sooroojdev Phokeer comme Speaker de l’Assemblée nationale. Les implications politiques qui en découlent ont été abordées.
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Quelles sont les conséquences de la démission du Speaker Sooroojdev Phokeer ? À quoi s’attendre désormais sur le plan politique ? Ce sont les questions auxquelles ont répondu les intervenants de l’émission « Au Cœur de l’Info » le mercredi 17 juillet 2024 sur Radio Plus et TéléPlus. Le journaliste Anoop Dhookeeya a reçu sur son plateau Dharam Gokhool, ancien ministre. Milan Meetarbhan, constitutionnaliste, Avinaash Munohur, politologue, Jocelyn Chan Low, historien, et Ravi Rutnah, avocat et ancien député, sont intervenus par visioconférence ou au téléphone.
Milan Meetarbhan indique qu’en cas d’absence de Speaker, l’Assemblée nationale ne peut pas fonctionner. « Désormais, l’ordre du jour de ce jeudi est l’élection d’un nouveau Speaker, mais il n’y a pas de motion pour annoncer le candidat. La Constitution prévoit qu’il n’y a pas de débat dans le cas où il y a plusieurs candidats. L’Assemblée doit passer directement au vote à majorité simple. [...] Cela peut aller très vite », explique-t-il. Le seul critère requis pour devenir Speaker est d’être citoyen mauricien, précise-t-il. Depuis 1995, le président de l’Assemblée ne doit pas être obligatoirement un député. « Cela est arrivé plusieurs fois, mais il s’agissait d’anciens députés », ajoute le constitutionnaliste.
Milan Meetarbhan estime qu’il y a des zones d’ombre autour de la démission du Speaker. Il fait référence aux déclarations contradictoires de ce dernier avant, puis après sa démission. « Dans le cas où le retrait du Speaker est le fruit de tractations politiques comme on l’entend depuis quelques jours, cela entache l’impartialité du prochain président de l’Assemblée nationale », indique-t-il.
De son côté, Dharam Gokhool est d’avis que le mandat du Speaker a été marqué par le parti pris et l’agressivité. « On se souvient par exemple de sa remarque envers Rajesh Bhagwan. Le dernier Speaker que j’ai connu comme ministre était Kailash Purryag. Il n’avait pas hésité à recadrer les ministres contrairement à Sooroojdev Phokeer. [...] Le Speaker est aussi un ‘time keeper’. Dans le cas des PNQ, notamment, il doit donner autant de temps au leader de l’opposition (qu’au membre du gouvernement qui répond), mais avec lui, ce n’était pas le cas. » L’ancien ministre considère que si la personne dont on entend le nom comme prochain Speaker est élu à ce poste, il y aura des implications politiques. « Est-ce que cela va apporter un assainissement ou un pourrissement de la situation au Parlement ? Si c’est une personnalité politique qui est nommée, il ne pourra pas y avoir d’amélioration. »
Pour Avinaash Munohur, la démission du Speaker si proche des prochaines élections a des répercussions politiques. « Si ce n’est pas le Deputy Speaker qui est nommé, mais bien la personne dont on parle, cela montrera qu’il y a effectivement des négociations en cours entre deux partis politiques. [...] Est-ce que les choses vont continuer à évoluer ? Je le pense. En examinant l’histoire du PMSD, ce n’est pas un parti qui se présente seul aux élections. Cependant, il est possible que Xavier-Luc Duval choisisse de se présenter sans alliance cette fois-ci », indique le politologue. Il estime également que le premier défi du prochain Speaker est d’assainir la situation au Parlement en instaurant un esprit de justice.
Jocelyn Chan Low, pour sa part, considère que le Speaker doit être uniquement nommé parmi les députés. Il fait une comparaison entre la démission de Sooroojdev Phokeer et une stratégie de guerre. Selon lui, il est parfois nécessaire de sacrifier un élément pour remporter une victoire. « Ce qui se passe constitue une accélération de la situation politique. [...] Je pense que les élections générales sont derrière la porte », commente l’historien.
Ravi Rutnah estime que certains députés de l’opposition, ainsi qu’une section de la presse ont attaqué et provoqué l’ancien Speaker Sooroojdev Phokeer, ce qui, selon lui, a affecté sa santé. Il exprime aussi des regrets concernant les députés d’avant les années 1980, qu’il estime plus cultivés. Il critique notamment les « walkouts » des députés de l’opposition. Il ne pense pas que cette démission va précipiter les événements vers des élections anticipées. D’après lui, des élections cette année ne sont pas à prévoir.
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