Les allégations formulées par Sherry Singh, CEO démissionnaire de Mauritius Telecom (MT), contre le Premier ministre, Pravind Jugnauth, la semaine dernière ont été abordées dans l’émission « Au Cœur de l’Info » animée par Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert, hier lundi sur le thème : « Quelles en sont les répercussions ? ».
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Pour Subash Gobine, ancien conseiller de l’ex-Premier ministre de Navin Ramgoolam, il y a matière pour des débats, « il n’y a pas grand-chose qui va se passer ». En temps normal, a-t-il expliqué, l’opposition se sert du parlement pour avoir des réponses. Or, il pense que l’actuel speaker « déstabilise et paralyse » l’opposition. Il a aussi évoqué le fait que « le Premier ministre essaye de minimiser cette affaire ».
« Sherry Singh peut faire deux choses en tant que game changer. Premièrement, qu’il démontre, preuve à l’appui, que la conversation avec le Premier ministre a bel et bien eu lieu. Deuxièmement, il peut faire des révélations sur les technologies utilisées lors des élections, entre autres. Il peut aussi aller en cour et témoigner durant les procès sur les élections générales », a-t-il ajouté. Cependant, il ne pense pas que le Premier ministre doit démissionner si une enquête est menée. « Si des allégations sont faites sur tous les ministres, doivent-ils tous démissionner ? Qui va gérer le pays ? », a-t-il précisé. Pour lui, il est clair que le gouvernement viendra avec d’autres raisons pour justifier la démission de Sherry Singh.
De son côté, la sociologue, Sheila Bunwaree est d’avis que le pays est secoué par tellement de scandales, que les allégations de Sherry Singh constituent le « summum ». « Nous ne pouvons accepter cela. Il est inacceptable et intolérable que le Premier ministre se montre trop vague dans ses réponses. Il essaye de noyer le poisson », a-t-elle déclaré, en ajoutant que « la situation est grave et complexe ».
Selon elle, en tant que patriotes, le Premier ministre et Sherry Singh « doivent prendre des actions nettes et claires ». La sociologue va plus loin dans son analyse et pense que Pravind Jugnauth doit se mettre à l’écart. « Il doit step down et donner la possibilité aux autorités concernées de mener une enquête. Il s’agit là de mauvaise gouvernance et c’est grave », a-t-elle avancé.
Pour sa part, Rajen Bablee, directeur exécutif de Transparency Mauritius, plaide pour une commission d’enquête avec des audiences publiques. Il pense aussi que Sherry Singh doit donner encore plus de détails. « Il a fait un pas et il est condamné à aller plus loin pour ne pas se décrédibiliser », a-t-il expliqué. Il préconise aussi un « Whistleblower Protection Act » pour que les lanceurs d’alertes puissent bénéficier d’une protection. Abdallah Goolamallee, chargé de cours en communication à Curtin University et observateur politique, parle lui, d’une situation « sans précédent ». « Le rapport de force est en faveur de Sherry Singh. Si les allégations s’avèrent exactes, ce sera sans précédent. On parle de haute trahison envers le pays », a-t-il fait ressortir.
L’avocat Ashok Radhakissoon pense que nous sommes exposés à des risques et qu’on se protège. « Il y a des données personnelles qui traversent le réseau. Il est impératif de prendre des mesures. Même si rien ne s’est passé, on doit savoir que le risque est là et apporter des mesures correctives », a recommandé l’homme de loi.
L’avocat Hervé Duval Jr explique que la police n’a nul besoin qu’une plainte soit déposée pour initier une enquête. Il pense aussi qu’il n’y a aucune offense commise dans ce cas précis. « L’action demandée n’a pas été commise. Il ne peut y avoir une offense. Cependant, concernant l’intégrité du réseau, d’autres institutions comme l’ICTA ou le data controller aurait dû enquêter pour voir si l’intégrité du système n’a pas été compromise », a-t-il expliqué.
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