
Depuis le 2 octobre, l’obligation d’enregistrer les chiens par microchip suscite débats et inquiétudes. Présentée comme une mesure pour responsabiliser les maîtres, réduire les chiens errants et freiner l’élevage illégal, elle divise. Sur le plateau d’Au Cœur de l’Info, jeudi, Alwin Sungeelee a réuni Tinagaren Govindasami et Anuja Ghoorah-Ramkissoon de la MSAW, ainsi que Linley Mootien de l’association 4 Tilapat pour en discuter.
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L’implantation d’une puce électronique est présentée comme une mesure sûre et nécessaire pour les animaux. « L’implantation d’une puce n’est en rien dangereuse pour les chiens », a rassuré Tinagaren Govindasami, directeur de la Mauritius Society for Animal Welfare (MSAW). Selon lui, près de 250 enregistrements ont déjà été effectués. « D’une pierre deux coups, nous procédons aussi à la stérilisation », a-t-il ajouté, précisant que l’objectif principal est de responsabiliser les maîtres. L’opération couvrira toutes les régions et sera accompagnée d’une vaste campagne de communication.Pour renforcer le dispositif, la MSAW utilisera la technologie, avec une cartographie des zones d’intervention via des drones thermiques. Le ramassage des chiens a été revu : ils ne sont plus relâchés au hasard, mais replacés de manière stratégique dans des lieux sûrs.
Linley Mootien a, lui, adopté un ton critique : « Les animaux ne sont pas faits pour un élevage lucratif », rappelant que la loi interdit l’utilisation des chiens de race à des fins de sécurité. Selon lui, beaucoup finissent abandonnés après une reproduction intensive. Il plaide pour la création d’un sanctuaire, « où les chiens errants pourraient être regroupés, stérilisés progressivement et vivre décemment jusqu’à leur dernier jour ».
Rubina Jhuboo, activiste de la cause animale, a dénoncé ces pratiques. « En 2019, une requête du ministère a ouvert la voie à des expériences sur les chiens et chats », a-t-elle expliqué. Près de 100 chiens ont été euthanasiés pour des prélèvements sanguins et parasitaires. Pire encore, une deuxième phase aurait concerné des animaux en parfaite santé. « On nous avait dit que seules les carcasses serviraient aux tests. En réalité, certains vétérinaires ont franchi la ligne rouge », dénonce-t-elle, évoquant un lien avec une organisation de recherche contractuelle en santé animale. Pour Rubina Jhuboo, cette affaire révèle un système opaque : absence de licences officielles, Conseils d’administration contestés et accords douteux passés sous silence. « La MSAW n’a pas vocation à se transformer en laboratoire. Il y a eu des ‘cover-up’ au plus haut niveau. Pour promouvoir sérieusement le bien-être animal, il faut revoir la composition du conseil de la MSAW et du Veterinary Council », insiste-t-elle.
Audrey Hardy appelle à plus de pragmatisme
Fondatrice de NouZanimo Humane Trust, Audrey Hardy accueille favorablement l’idée d’un enregistrement obligatoire des chiens, mais elle estime que la mise en œuvre laisse à désirer. « La loi en elle-même est une bonne chose, mais elle n’a pas été appliquée de la bonne façon », souligne-t-elle.
Selon elle, la MSAW ne dispose ni de la structure ni des moyens suffisants pour relever ce défi à grande échelle. « Pour ceux qui peuvent se déplacer, il n’y a pas de problème. Mais qu’en est-il des autres ? », interroge-t-elle. Elle insiste notamment sur deux points cruciaux : la disponibilité des vétérinaires et la nécessité de segmenter la population afin de mieux gérer l’opération. « Avec le peu de moyens et de structure dont nous disposons, nous sommes prêts à prêter main-forte à la MSAW pour mener à bien cette mission », assure-t-elle.

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