Au Cœur de l’Info - L’économiste Takesh Luckho : «Le fardeau reste lourd» 

Les implications de la hausse de la pension universelle annoncée par le Premier ministre Pravind Jugnauth, le 12 mars 2024, ont été abordées dans l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus et TéléPlus. 

La journaliste Jane Lutchmaya a accueilli sur son plateau, le mercredi 13 mars 2024, l’économiste Takesh Luckho. Michael Atchia, membre de Democracy Watch, Manisha Dookhony, économiste, et Deven Goondan, du Savanne Senior Citizen Council, sont intervenus par téléphone. 

Le Dr Takesh Luckho estime que cette mesure apporte un rééquilibre suite à la précédente augmentation de la pension de vieillesse pour les retraités de plus de 75 ans. 

« Il faut prendre cette augmentation avec des pincettes. Est-ce que ce n’est pas une addition des compensations que les pensionnés n’ont pas eues pendant quatre années ? Le quantum est un peu plus élevé que la compensation qu’ils n’ont pas reçue. En quatre années ils n’avaient pas reçu un total de Rs 3 675 », dit-il. Il ajoute que si on considère également la dépréciation de la roupie, les pensionnés feront toujours face à des prix élevés. 

« Malgré la baisse de l’inflation, le fardeau reste lourd et il relativise la compensation de la pension. Elle redonne du pouvoir d’achat mais elle n’améliore pas forcément la qualité de la vie », affirme le Dr Takesh Luckho. 

Pour Michael Atchia, « cette compensation est logique pour corriger la différence de revenus des pensionnés après leur départ à la retraite. [...] Il y a, en effet, une anomalie car les pensionnés reçoivent la pension à 60 ans mais la retraite est à 65 ans. [...] Les partis politiques ne doivent pas juste mettre en avant leurs réalisations, mais aussi faire des corrections de ce qu’ils n’ont pas fait. C’est ce qui a été fait là ». 

Manisha Dookhony estime qu’il s’agit d’une décision qui annonce de proches élections. « La pension représente un gros montant par rapport au budget du pays. [...] La situation est difficile pour les personnes âgées afin de joindre les deux bouts. [...] Concernant la CSG, il faut un système de financement soutenable sur le long terme. Cela peut être une augmentation de taxes ou une diminution de dépenses. [...] Dans ce cas, il faudra faire des réajustements », explique l’économiste. Deven Goondan accueille cette mesure positivement. 

« Cette hausse compense la perte du pouvoir d’achat. Je fais une humble proposition, il faut un registre des personnes qui dépendent à 100 % de la pension et qui doivent acheter leurs propres médicaments. Elles doivent être soulagées. Oui c’est un ciblage même si je n’aime pas ce terme. [...] Le ministre des Finances a sûrement une bonne explication concernant la pension universelle à 60 ans alors que la retraite est à 65 ans », commente-t-il.