L’économiste Rajeev Hasnah affirme que 85 % de l’inflation est due à la dépréciation de la roupie. Il dénonce également une « illusion monétaire » de la part du gouvernement. Il s’exprimait sur Radio Plus et Télé Plus.
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Les implications du Budget 2024-25 en cette année électorale ont été discutées dans l’émission « Au Cœur de l’Info » sur Radio Plus et TéléPlus le mercredi 28 février 2024. La journaliste Jane Lutchmaya a accueilli sur son plateau l’économiste Rajeev Hasnah. Haniff Peerun, syndicaliste, Amit Bakhirta, fondateur d’Anneau et Yousouf Sooklall, consultant sur le dossier des PME, sont intervenus par téléphone.
Rajeev Hasnah affirme que le Produit intérieur brut (PIB) ne reflète pas la qualité de la vie, mais il reste un facteur important. « Nous avons plusieurs définitions du ‘gâteau national’, il s’agit des revenus générés dans le pays. C’est la base de tous les indicateurs économiques. La préoccupation vient de l’amalgame avec le ‘gross national income’ qui est le PIB additionné aux revenus des investissements nationaux à l’international comme les revenus du secteur offshore. Depuis 2019,Rs 37 milliards ont été ajoutées au PIB. Il y a une variation de Rs 34 milliards entre l’exportation des services de la balance des paiements de la BoM avec le chiffre de Statistics Mauritius. Cette variation est arrivée à Rs 100 milliards en 2023. […] Il faut se demander pourquoi on a ajouté cette donnée », explique-t-il. Selon lui, 85 % de la perte du pouvoir d’achat est due à la dépréciation de la roupie.
« La CSG est devenue une taxe alimentant un fonds qui sert au gouvernement pour ses dépenses. Quand les ménages perdent du pouvoir d’achat, rien n’est fait. Puis quelques années après, on leur accorde une allocation de Rs 2 000. C’est l’illusion monétaire. Depuis 2019, la philosophie économique a changé », soutient Rajeev Hasnah. Il souligne que la baisse de l’inflation n’est pas une baisse des prix, mais un ralentissement de leur augmentation.
Haniff Peerun déclare que les demandes des syndicats sont raisonnables. Ces mesures ont pour but de redonner du pouvoir d’achat aux consommateurs. « Le gouvernement doit prendre des mesures sociales pour restituer leur pouvoir d’achat aux travailleurs. Oui, cela a un coût, mais c’est l’argent des travailleurs. Le gouvernement doit aussi contrer la dépréciation de la roupie. Il faut des dispositifs pour contrôler la hausse des prix », dit-il. Le syndicaliste s’inquiète également de l’endettement des ménages. Il recommande l’abolition des frais de location des compteurs, la suppression de la TVA sur les télécommunications et la gratuité de l’accès à Internet pour les personnes les plus vulnérables.
Amit Bakhirta indique que l’économie mauricienne a bien repris depuis la fin de la pandémie de COVID-19. « Nous devons faire en sorte que la dette du pays soit la plus productive possible. La dette doit créer de la croissance et être inclusive. Son niveau est raisonnable, bien qu’il soit en déficit. L’élément de productivité est important. Il y a des risques à l’international qu’on doit prendre en considération. Le remboursement de la dette nous coûte cher. Le Budget est tactique, car nous sommes dans une année électorale », explique le fondateur d’Anneau.
Il met en garde contre le manque de devises à Maurice : « Si cette situation perdure, nous risquons de voir émerger des marchés parallèles, engendrant ainsi des complications supplémentaires. Il existe une importante lacune en termes d’offre de devises. » Il s’attend à un maintien ou à une légère augmentation de l’inflation, dépendant des facteurs externes.
Pour Yousouf Sooklall, après être sorties de la crise de la COVID-19, les PME ont fait face à la hausse salariale. Il ajoute qu’elles ont, cependant, bénéficié de plans de soutien. « Ce n’est pas l’aide que les PME attendaient, mais c’est une bouffée d’air frais dans ces moments difficiles. Nous aimerions que le ministre des Finances apporte des mesures pour soutenir la mécanisation des PME », détaille-t-il. De plus, il souhaite une aide financière adaptée aux PME pour l’acquisition d’installations photovoltaïques et préconise une flexibilité du recrutement de la main-d’œuvre étrangère, ainsi qu’un accès facile au marché local.
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