Au Cœur de l’Info : la dépénalisation de la consommation de drogue fait débat

L’un des amendements majeurs du Dangerous Drugs (Amendment) Bill présenté le mardi 25 octobre 2022 à l’Assemblée nationale, est la dépénalisation de la consommation de drogue. S’il est adopté, un usager de drogues pourrait ne pas être poursuivi, mais il sera référé au Drug Users Administrative Panel pour obtenir des soins. Les avantages et les inconvénients de cette mesure ont été discutés lors de l’émission « Au Cœur de l’Info » mercredi sur Radio Plus et Télé Plus. 

Les journalistes Jane Lutchmaya et Anoop Dhookeeya ont reçu sur le plateau Sam Lauthan, ancien assesseur de la commission d’enquête sur la drogue, et José Ah-Choon, travailleur social. Kunal Naik, psychologue-addictologue, Vidhu Madhub-Dassyne, directrice du Forensic Science Laboratory (FSL), et le Dr Appalsamy Appadoo, coordinateur du National Drugs Secretariat, sont intervenus par téléphone.
José Ah-Choon, estime qu’un usager de drogues ne doit pas aller en prison. Il craint toutefois une recrudescence de la consommation. « Il y a un manque de centres de réhabilitation. J’ai 15 ans de toxicomanie et 36 ans d’abstinence. J’ai constaté que la prison est une université de la drogue », soutient-il. 

Sam Lauthan, rappelle que la dépénalisation de la consommation est l’une des 450 recommandations du rapport de la commission d’enquête sur la drogue. « Quand j’étais ministre responsable des prisons, j’ai constaté qu’il faut travailler en amont. En allant en prison, les consommateurs côtoient des trafiquants. Cette loi les enverra en centre de traitement au lieu d’en prison. Mais attention, certains centres exploitent les familles qui sont déjà en difficultés financière et morale », explique Sam Lauthan.

« La place d’un consommateur n’est pas en prison. Il a besoin de soins pour travailler sur son addiction. Il faut mettre en place un système de suivi et une structure pour l’aspect social. Il faut une phase pilote avec des réajustements possibles », ajoute Kunal Naik.

Dépénalisation vs décriminalisation

Sam Lauthan précise que la consommation restera une offense. La dépénalisation remplace l’emprisonnement par la réhabilitation. Mais il ne s’agit pas d’une décriminalisation où la consommation de drogue deviendrait légale.