L’herbe est-elle plus verte ailleurs ? Dans un contexte où de plus en plus de Mauriciens partent à l’étranger pour travailler ou pour s’installer, le Private Recruitment Agencies Bill, qui vise à réguler davantage le fonctionnement des agences de recrutement, passe en première lecture au Parlement ce mardi 18 juillet. Le sujet a été abordé dans l’émission Au Cœur de l’Info du lundi 17 juillet avec Ruth Rajaysur, Patrick Hilbert et leurs invités.
Ravish Pothegadoo, Chief Executive Officer de Talent on Tap, a fait ressortir que le Private Recruitment Agencies Bill viendra réglementer les agences et agents de recrutement à Maurice. « Ce sera beaucoup mieux pour les Mauriciens qui veulent aller travailler ailleurs. C’est une bonne chose de vouloir mettre des réglementations pour les agents », a-t-il indiqué, en prenant en exemple les Mauriciens qui sont souvent victimes d’arnaques ou sont livrés à eux-mêmes dans des pays étrangers.
D’ailleurs, le nombre de Mauriciens qui veulent partir à l’étranger augmente et la raison est souvent économique, selon Ravish Pothedagoo. « Plusieurs raisons peuvent expliquer cette envie de partir. Dans un premier temps, il y a les raisons économiques. Un jeune qui revient de ses études de l’étranger va se retrouver avec un salaire aux alentours de Rs 20 000. Ce sera difficile d’envisager un housing loan par la suite. Ensuite, de nombreux Mauriciens veulent changer d’environnement et pour des raisons de lifestyle, préfèrent aller à l’étranger », a-t-il ajouté.
Cette nouvelle loi viendra surtout imposer un contrôle sur le recrutement des Mauriciens pour aller à l’étranger, mais aussi des étrangers qui vont venir travailler à Maurice. L’économiste Takesh Luckho a aussi souligné le fait qu’avec les Mauriciens qui partent à l’étranger, un autre problème se pose, notamment celui du manque de main-d’œuvre dans le pays. « Je ne sais pas dans quelle mesure cette loi va aider à régler ce problème, mais nombreux sont les Mauriciens qui partent et quittent des secteurs clés du pays, entraînant ainsi un manque de compétences », a expliqué l’économiste.
Et pour pallier ce manquement, Maurice doit ainsi se tourner vers la main-d’œuvre étrangère. Le climat qui règne actuellement à Maurice pousse nos compatriotes à aller voir ailleurs dans l’espoir d’un avenir meilleur. C’est l’avis de l’économiste en mentionnant la difficulté de gravir les échelons sans une perception de corruption.
En direct de Dubai, Krishan Deeljore, fondateur et directeur-général de BI Instruments Ltd, a, lui, estimé que l’exode de main-d’œuvre s’explique par le fait que les Mauriciens, surtout les professionnels, quittent le pays pour évoluer dans leur carrière ailleurs. « C’est un nouveau phénomène qui prend de l’ampleur. Il faut quand même avouer que le salaire dans certains secteurs à Maurice est très bas et ne peut ainsi être comparé avec ce qui se fait dans d’autres pays », a-t-il fait comprendre, tout en insistant sur le fait que « la culture du travail doit aussi évoluer à Maurice. On doit pouvoir mettre plus d’accent sur l’humain, la formation et le développement personnel des employés ».
Une étude sur l’exode par Monique Dinan
« Une île éclatée : analyse de l’émigration mauricienne 1960-1982 ». Cette étude faite par Monique Dinan, écrivaine et journaliste, met le doigt sur les principales raisons de l’exode mauricienne. Les raisons de partir d’alors sont-elles comparables à celles d’aujourd’hui ? Oui, selon Monique Dinan. « À cette époque, les Mauriciens partaient à cause des bagarres raciales dans l’espoir d’avoir du travail à l’étranger. Actuellement, la raison est la même ; partir pour une meilleure vie ailleurs », a-t-elle indiqué.
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