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Au cœur de l’info - Kris Valaydon : « Les politiciens se servent au lieu de servir » 

Kris Valaydon et Rajen Narsinghen figuraient parmi les invités de l’émission.

La démission de Rajanah Dhaliah de son poste de Parliamentary Private Secretary le mini-remaniement du Cabinet et le lancement de Linion Moris samedi dernier composé de plusieurs « petits » partis de l’opposition sont autant de récents développements politiques qui ont été discutés dans l’émission « Au cœur de l’info » de Radio Plus le lundi 4 septembre 2023. 

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Durant l’émission « Au cœur de l’info » du lundi 4 septembre, animée par Ruth Rajaysur et Patrick Hilbert, divers sujets ont été abordés, dont l’éthique et la morale en politique. « Aujourd’hui, malheureusement, les politiciens viennent pour se servir et non pour servir », a fait ressortir Kris Valaydon, observateur, juriste et ancien haut fonctionnaire des Nations unies. 

Il a suggéré qu’une solution pourrait être l’introduction d’un code d’éthique pour les ministres et les parlementaires. Cependant, il a également dit regretter que ce soit finalement le Premier ministre qui prenne les décisions et qui détienne un pouvoir considérable, ce qui est, selon lui, à l’origine de nombreux problèmes.

Rajen Narsinghen, professeur de droit à l’université de Maurice, partage l’idée qu’un code d’éthique pour les élus serait nécessaire. Il le compare à une « soft law » similaire au code d’éthique des avocats qui permet de sanctionner en cas d’infractions aux normes. 

L’avocat Sunil Bheeroo est d'avis qu'un code d’éthique serait « une bonne chose » car il clarifierait les limites entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas pour les parlementaires. Cela permettrait aux élus de savoir exactement quelles sont les normes éthiques à respecter.

Quant à la question de savoir si Rajanah Dhaliah aurait dû démissionner en tant que député, Kris Valaydon a souligné qu’il existe une distinction entre la perspective légale et la perspective morale. Sur le plan juridique, rien n’oblige un député qui fait l’objet d’accusations graves à démissionner. Cependant, sur le plan moral, c’est une décision personnelle. Kris Valaydon a précisé que cette décision dépend souvent du leader du parti politique auquel le député appartient. 

Me Bheeroo a alors expliqué que la démission de Rajanah Dhaliah de son poste de PPS visait à lui permettre de témoigner devant l’Independent Commission against Corruption (Icac) en toute indépendance. En ce qui concerne sa démission en tant que député, l’avocat a souligné que les députés sont élus démocratiquement et ils ne devraient donc pas démissionner de leur poste de cette manière. Il estime que les députés doivent être tenus pour responsables de leurs actes devant les électeurs. 

Me Bheeroo a ajouté que pour ce qui est de Maneesh Gobin, Attorney General et ministre des Affaires étrangères, il n’y a que des spéculations jusqu’à présent. « On ne sait pas s’il y a des accusations directes. Mais s’il y en a à l’avenir, il devra en répondre et assumer ses responsabilités. » 

Rajen Narsinghen a fait ressortir que la Constitution stipule uniquement qu’une personne ne peut pas siéger à l’Assemblée nationale si elle a été condamnée à une peine d’emprisonnement de plus de 12 mois. Il est d’avis que cette disposition devrait être amendée pour empêcher toute personne condamnée pour un crime grave de siéger, quelle que soit la sentence prononcée par la justice. 

Parvèz Dookhy, avocat et membre du Ralliement Citoyen pour la Patrie, qui fait partie de Linion Moris, a, pour sa part, rappelé que l’Icac a un rôle très important à jouer. Il a critiqué le retard de la commission dans les affaires cruciales et estime qu’elle semble privilégier des mises en scène plutôt que de rechercher des preuves.  L’homme de loi a déclaré que le système politique à Maurice complique la démission des ministres, car contrairement à d’autres pays, ils doivent être également députés. Il a expliqué qu’avec une Assemblée nationale composée d’un maximum de 70 députés, dont certains membres de l’opposition, le Premier ministre a un choix limité pour former son Cabinet. 

« Il peut donc être tenté de maintenir quelqu’un en poste le plus longtemps possible, d’autant que des considérations ethniques rendent le choix d’un remplaçant encore plus difficile. »
Kris Valaydon a conclu en affirmant que malheureusement, les remaniements ne sont pas basés sur la compétence et la performance, mais sont principalement politiques dans notre système. « Ce qui ne favorise pas la présence de personnes compétentes au pouvoir. »

 

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