Au coeur de l’info - Intelligence artificielle : son utilisation au coeur des débats

Dans une édition spéciale de l’émission « Au cœur de l’info », diffusée jeudi après-midi, il a été question de la révolution engendrée par l’intelligence artificielle et les nouvelles technologies. Cette émission a eu lieu dans le cadre du premier salon DITEX, un événement dédié à la technologie et à l’innovation verte.

Avinash Chettiar, directeur technique d’Emtel, Ludovic Constant, directeur de Jacey Computer System Ltd, Vrigesh Futta, directeur du Mauritius Emerging Technologies Council, et Sunjay Mungur, CEO de FinClub, étaient sur le plateau de l’émission « Au cœur de l’info » animée ce jeudi par Prem Sewpaul.

Avinash Chettiar rappelle qu’Emtel a lancé son service 5G la semaine dernière. « On a vu que nos clients ont besoin d’une meilleure connectivité et de plus de datas. Ils consomment de plus en plus. C’est pourquoi on a décidé de déployer la 5G et on apporte cette capacité à travers l’île. »

Vrigesh Futta souligne l’énorme impact d’Internet et de l’intelligence artificielle (IA) sur notre société. « Internet est une invention extrêmement récente à l’échelle de l’humanité. Mais son impact est énorme. Nous sommes déjà totalement dépendants des nouvelles technologies et les choses continueront à évoluer. On ne le réalise pas toujours. Le portable, par exemple, est devenu une extension de nous-mêmes. »

Selon Vrigesh Futta, la source de l’IA se trouve en 1956 lorsqu’un groupe de chercheurs se rencontrent pour développer quelque chose qui pourrait imiter les comportements humains. « Il y avait une grande attente, mais pendant longtemps l’IA n’a pas été à la hauteur des espoirs. Cependant, avec le pouvoir des ordinateurs et la masse de données disponibles, l’IA est maintenant devenue chose commune. Aujourd’hui, par exemple, tous ceux qui ont un portable utilisent de l’IA. Derrière toute chose il y a un algorithme », dit-il.

ChatGPT n’a fait qu’accélérer encore plus le phénomène. Beaucoup de chercheurs, depuis la sortie de ChatGPT en novembre dernier, ont développé de nouveaux logiciels et applications qui ont augmenté l’utilisation de l’IA dans notre quotidien. C’est à se demander, affirme Vrigesh Futta, où nous en serons sur le court, moyen et long terme. « ChatGPT a créé une course vers l’IA car tous voient que c’est la prochaine étape entre une compagnie et ses clients et entre les gouvernements et leurs citoyens. »

Sunjay Mungur présente une innovation dans le domaine des services financiers : « Finclub.mu est une plateforme en ligne. Si une personne a besoin d’argent, elle fait une demande en ligne à n’importe quelle heure. Une fois la demande approuvée, le prêt est posté sur finclub.mu et est accessible au public qui pourra voir. Les emprunteurs peuvent investir directement sur les prêts sans passer par un intermédiaire. Certains prêts sont à un taux de 14 %. » Au 30 juin dernier, FinClub a eu pour Rs 377 millions de demandes de prêts. L’IA a une part importante dans le système mis en place. Sunjay Mungur affirme que le taux de remboursement est extrêmement élevé.

Ludovic Constant aborde l’omniprésence des appareils portables et leur impact sur l’accès à la technologie. « Peu importe les classes sociales, les gens sont équipés d’un portable. Nous, on est là pour fournir la logistique informatique pour permettre aux gens d’avoir accès aux équipements. »

Le rôle révolutionnaire de l’IA est également mis en évidence par Vrigesh Futta : « ChatGPT, depuis novembre, a connu des moments passionnants dans l’IA. Ce n’est pas un système intelligent à proprement parler, mais il peut communiquer dans un langage naturel. Il nous répond à la manière d’une conversation. »

L’IA va-t-elle nous remplacer ?

Les experts évoquent aussi les préoccupations éthiques et de sécurité liées à la technologie. Avinash Chettiar souligne « l’importance de combattre la technologie avec la technologie pour garantir la sécurité » et cela notamment au niveau des données personnelles. Sunjay Mungur rappelle l’importance cruciale de la sécurité dans le secteur financier et insiste sur la nécessité d’établir des garde-fous pour protéger les données confidentielles des utilisateurs.

Qu’en est-il de la crainte que l’IA nous dépasse ? C’est un fait, selon les intervenants, que les algorithmes nous influenceront de plus en plus dans nos choix, qu’ils soient commerciaux, financiers, politiques ou autres. En ce sens, c’est un danger. C’est justement pourquoi des législations sont nécessaires.

À défaut de remplacer l’humain, l’IA permet d’augmenter sa productivité. « Beaucoup de gens disent que l’IA va remplacer notre travail, mais ce sont les gens qui utilisent l’IA qui vont remplacer votre travail. Au lieu de perdre deux heures pour faire un rapport, vous pouvez le faire en 15 minutes. Au lieu de faire un travail en deux heures, vous pourrez en faire huit en deux heures. Les gens doivent s’adapter. On n’a pas le choix. You’ll become irrelevant if you don’t align to technology », estime Vrigesh Futtah.

Pour Avinash Chettiar, « ça ne doit pas être vu comme une crainte mais une opportunité. On peut optimiser le temps de nos employés pour s’occuper de choses stratégiques pour mieux servir nos abonnés. L’IA libère notre temps pour pouvoir travailler sur autre chose. Des tâches qui nous prenaient énormément de temps peuvent aujourd’hui se faire en un clin d’œil ».

Toutefois, selon les experts sur le plateau, le jour viendra où les machines pourront prendre des décisions et raisonner indépendamment de l’humain à partir d’expériences vécues.
À Maurice, les gens découvrent l’utilité des nouvelles technologies pour certains services. Avinash Chettiar affirme qu’en un an, nombreux sont ceux qui ont commencé à utiliser le service Blink d’Emtel. Celui-ci permet, entre autres, de faire des paiements en ligne et des virements entre différents comptes bancaires.

Ludovic Constant affirme que « facilement 55 % de nos clients chez Jacey Computer System Ltd font leurs achats et paiements en ligne. Ils préfèrent ça plutôt que de se déplacer à Port-Louis avec tous les inconvénients de parkings, etc. »

Pour Avinash Chettiar, « c’est à chaque personne de s’adapter en fonction de ses besoins. Si l’on ne s’adapte pas, à un certain moment, on sera à l’écart de la société ».