Tractations politiques, départs, adhésions. La campagne électorale est lancée sur d’autres fronts avant même la dissolution du Parlement.
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L’émission Au cœur de l’info était consacrée aux mouvements d’allégeance en cette période de fin de mandat du gouvernement. Jane Lutchmaya et Eshan Dinally recevaient l’observateur politique Lindsay Rivière, mercredi, en studio.
Rapport de force et mercato politique
Le Mouvement militant mauricien (MMM) ira seul, le Mouvement socialiste militant (MSM) ne se prononce pas, le Parti travailliste (PTr) dit vouloir aller seul aux prochaines élections, tout en coupant l’herbe sous les pieds du Parti mauricien social-démocrate (PMSD). Si chaque parti affronte l’électorat seul, les prochaines élections seront remplies de suspens, affirme Lindsay Rivière. D’ailleurs, l’observateur souligne que la prochaine joute se fera en deux rounds : les élections et ensuite les négociations pour réunir une majorité. Toutefois, une élection de ce type sera très déstabilisante pour le pays. Lindsay Rivière prend comme exemple le gouvernement 1976-1982. Ce qui en a résulté en une défaite du PTr par 60-0. « Il est plus facile d’avoir une majorité avec une élection bloc contre bloc ». Selon Lindsay Rivière, ce sera difficile pour Paul Bérenger de rejoindre le MSM pour former une majorité, surtout après les attaques de Pravind Jugnauth contre lui. « Ce n’est pas malin pour le MSM de s’attaquer au MMM, car demain il pourrait avoir besoin du soutien de ce parti. Nous savons tous que Paul Bérenger est en bons termes avec Navin Ramgoolam… ».
Le MMM va mal
Le MMM perd ses militants pendant que ses anciens lieutenants rejoignent les rangs du MSM. Selon Lindsay Rivière, le MMM est en dissidence constante depuis sa création. La raison, c’est « le caractère et l’autoritarisme de Paul Bérenger ». L’atmosphère de crise permanente c’est dû, dit-il, à la fatigue et à la frustration d’être tout le temps dans l’opposition. « La finalité de la politique, c’est de jouir du pouvoir », dit-il. L’observateur constate que beaucoup de militants n’ont plus confiance en Paul Bérenger et dans le MMM car depuis 14 ans, ce parti n’a pu se faire élire en région rurale, sauf à Savanne/Rivière-Noire avec Alan Ganoo. D’ailleurs, publier la liste des candidats c’est créer des frustrés bien avant les élections. L’annonce d’une liste provisoire est à l’origine de cette crise au MMM. Lindsay Rivière est d’avis que les discussions d’alliance sont un facteur important dans la crise.
Concernant l’unification de la famille militante, Lindsay Rivière souligne que ce sera impossible pour Ivan Collendavelloo de réunir les anciens militants sous son leadership, car Alan Ganoo est un leader fort alors que Steve Obeegadoo souhaite un partenariat et pas être sous un leader. « Une alliance MMM-MSM sans Paul Bérenger, c’est ce qui se trame, mais que fera Xavier-Luc Duval ? Je pense qu’il est plus pour une alliance avec le PTr, mais pas avec le MSM ».
Navin Ramgoolam
« Le PTr pense qu’il a une chance raisonnable de reprendre le pouvoir ». Lindsay Rivière affirme que le PTr croit qu’il y aura un vote-sanction. Il explique que Navin Ramgoolam change de tactique en ne concentrant pas la campagne sur sa personne, mais sur un programme et une équipe. « Mais Pravind Jugnauth a un bilan et il ne faut surtout pas faire de cette élection un referendum Navin-Pravind, car Navin Ramgoolam perdra à ce jeu. »
Prime ministership
« L’image de leader de Pravind Jugnauth est mieux… La fonction fait l’homme ». Lindsay Rivière pense que la priorité de Pravind Jugnauth c’est de monter une nouvelle équipe, car il pense que l’actuelle dirigée par lui a été décevante. Pour le deuxième mandat il faut une autre équipe de professionnels qui reflètera l’ambition du leader du MSM des choix de son père, sir Anerood Jugnauth. « Les autres partis le font avec beaucoup de jeunes », affirme Lindsay Rivière. Quant à l’organisation des élections générales, Lindsay Rivière pense que le gouvernement gagnerait à les organiser en décembre pour bénéficier du momentum des Jeux des îles et des autres facteurs positifs. Attendre mars 2020 lui serait défavorable, selon lui.
Le PMSD dans tout cela ?
Pas possible pour le PMSD d’aller seul, selon Lindsay Rivière. « Il négocie des deux côtés et pour à peu près le même deal. Mais, il lui faut faire attention, car il risque de perdre les deux deals ». L’ancien journaliste affirme que certains au PMSD se demandent comment le parti ira s’expliquer auprès de l’électorat pour ses départs des deux gouvernements dirigés par le PTr et le MSM respectivement. Il ajoute que le PTr brasse plus large que le MSM, car il a des assises dans la communauté musulmane et la population générale et il considère qu’il est important pour le PMSD de se décider vite.
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