L’extension du Métro Express vers Côte-d’Or passant par Réduit et Saint-Pierre est à l’ordre du jour. Elle devrait devenir une réalité grâce à une nouvelle ligne de crédit et un grant de l’Inde avoisinant les Rs 14,7 milliards. Le CEO de Metro Express Ltd (MEL) parle de « succès phénoménal » de ce projet. Cependant, il affirme qu’on ne peut parler de perte à ce stade, car le métro n’est pas encore « fully » opérationnel.
Metro Express : quelle extension pour rentabiliser la compagnie ? C’est cette question qui a été débattue dans l’émission « Au Cœur de l’Info », animée par Florence Alexandre, hier jeudi. Le CEO de MEL, le Dr Das Mootanah, affirme que le métro « connait un succès fou » avec 22 000 à 25 000 passagers par jour. Il qualifie de « phénoménal » ce projet.
« Si le projet n’était pas un succès, nous n’allions pas continuer l’extension et l’Inde n’aurait pas accordé une autre ligne de crédit », affirme le Dr Das Mootanah. S’agissant de l’extension à Côte-d’Or, il indique qu’une étude de faisabilité a déjà été effectuée et que si tout se passe bien, le premier coup de pioche à ce tracé sera donné en février prochain.
Pour cette phase 4, il y aura huit stations de Réduit à Côte-d’Or. « Un travail se fait avec des groupes comme ENL, Moka Smart City et Landscope. Contrairement aux régions urbaines, il n’y a pas beaucoup d’acquisition de terres à faire », poursuit le CEO de MEL. Ce dernier n’a cependant pu divulguer le chiffre exact que coûtera ce tracé.
La faisabilité du projet ne manque pas d’interpeller. Surtout les polémiques entourant le fait que le métro roule à perte. Or, le Dr Das Mootanah balaie cet aspect d’un revers de main. « Ce n’est pas ‘relevant’ de dire que le métro roule à perte. Le projet métro est un investissement avec ses coûts. Le métro n’est même pas encore terminé et n’est pas encore « fully » opérationnel. Il sera terminé en temps record », déclare notre interlocuteur.
Il poursuit que la Phase 2 C sera complétée en octobre prochain alors que la Phase 3 sera achevée d’ici décembre prochain. « Si tout se passe bien, les procédures seront enclenchées pour la phase 4. Le premier coup de pioche sera donné vers février 2023 », souligne-t-il. Il précise que selon les prévisions, 65 000 passagers sont attendus. Et avec cette nouvelle phase, on prévoit 20 000 passagers de plus.
Le Dr Das Mootanah ajoute par ailleurs qu’un Light Rail Master Plan et un Integrated Transport Plan sont à l’ordre du jour. « Nous sommes à un stade où il faut que notre économie bouge vers la modernité », estime-t-il. Ce dernier parle du projet métro comme ayant aussi un aspect social en sus d’être innovant.
L’ingénieur civil et député du Parti travailliste, Osman Mahomed, approuve le métro « sur le fond, mais pas nécessairement sur la forme ». « On parlait de l’axe Nord et Sud. Cela fait du sens de construire à Port-Louis et Curepipe où il y a de nombreuses personnes qui y habitent. Pourquoi Côte-d’Or maintenant ? Sous le gouvernement du PTr, il y avait un comité qui avait travaillé sur une étude de faisabilité. Port-Louis, Curepipe, Mahébourg et Grand-Baie avaient été évoqués et non pas Côte-d’Or », se rappelle notre interlocuteur.
Osman Mahomed évoque aussi des « coûts cachés » de ce projet. « Le coût de la phase 3 est de Rs 4,57 milliards pour 3,4 km. Ils se sont servis d’une astuce. Dans un contrat de construction, une variation de 25% est permise. La phase 3 est une variation du contrat initial de Rs 18 milliards. Cela fait Rs 1,3 milliard par kilomètre, soit Rs 1,3 million par mètre », s’indigne le député rouge.
Le Dr Takesh Luckho, économiste, rappelle que nous sommes dans une période économique et sociale très difficile. « Est-ce que l’extension du métro est une priorité ? Je ne suis pas contre le développement, mais il y a une priorité sociale avec des parents qui n’arrivent pas à nourrir leurs enfants », lance-t-il.
Pour lui, il faut qu’un projet soit rentable pour investir davantage. « Actuellement, le métro est en déficit et ne sera pas profitable du jour au lendemain. On prévoit Rs 1 milliard de revenus une fois le projet complété. Sauf que le métro a des dépenses de Rs 500 millions et des prêts de Rs 500 millions à rembourser. L’extension n’est donc pas une priorité », estime le Dr Takesh Luckho.
L’économiste Manisha Dookhony indique que cette nouvelle ligne de crédit aura une incidence sur la dette publique. Elle dit cependant trouver l’idée d’extension du métro à Côte-d’Or intéressant. « C’est dans la perspective que cette région se développe. Il y a des secteurs qui peinent à se développer. Pour move up l’économie, il faut des espaces. Côte-d’Or est potentiellement cet endroit », pense-t-elle.
Elle préconise une extension vers Saint-Pierre et l’Ouest du pays. « Il y a du potentiel. On peut trouver des collaborations pour partager les coûts », suggère Manisha Dookhony.
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