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Au cœur de l’info : de nouvelles voix en faveur de l’indépendance de la BoM

L’indépendance de la Banque de Maurice, le manque de dynamisme du secteur privé, l’ouverture du pays aux talents étrangers, les lacunes du Budget sont autant de sujets qui ont marqué l’émission Au Coeur de l’Info sur Radio Plus le mercredi 12 juin. Les invités d’Eshan Dinally et de Jane Lutchmaya étaient l’observateur Lindsay Rivière et Reshad Rambocus, fiscaliste.

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Ils se sont exprimés en faveur d’une séparation des pouvoirs afin que la Banque de Maurice bénéficie d’une totale indépendance, surtout en ce qui concerne la politique monétaire. C’est dans le cadre de l’annonce budgétaire que le gouvernement utilisera des excédents accumulés et non-réalisés pour éponger la dette publique. Ils estiment important que le pays puisse bénéficier d’une bonne réserve en devises étrangères afin de mitiger le taux d’échange, notamment celui du dollar.

Reshad Rambocus a expliqué que la Banque de Maurice aura du mal à garder la roupie stable si elle manque des devises et le danger que cela représenterait sur le taux de l’inflation et le pouvoir d’achat des Mauriciens.

Au chapitre des manquements du Budget, Lindsay Rivière estime qu’il s’adresse peu aux difficultés économiques affectant les piliers clés, tels que la manufacture, le sucre, le port franc, le tourisme voire un peu le secteur financier. « Depuis cinq ans et malgré tous les efforts entrepris, la croissance est restée sous la barre de 4 %, principalement tirée par la consommation domestique et non par la production de biens. Nos exportations sont de Rs 80 milliards alors que nos importations sont de Rs 200 milliards. C’est un déficit commercial de Rs 120 milliards, soit environ 25 % du Produit intérieur brut » a-t-souligné.

Épargne des Ménages

Selon lui, l’épargne nationale ainsi que celle des ménages ont chuté de 20 % à 9 %. L’investissement actuel est principalement celui du public, mais celui du privé est très modeste. Les investissements directs étrangers sont principalement axés sur l’immobilier. « C’est tant mieux, mais dans cinq ans, ces investissements ne rapporteront rien en productivité. Sur le long terme, c’est très grave », a affirmé Lindsay Rivière.

En revanche, Reshad Rambocus a une légère différente appréciation sur les lacunes du Budget. Il estime utile de considérer le Budget dans sa continuité. « Nous devons observer ce Budget de Pravind Jugnauth depuis ces quatre dernières années. Il a toujours misé sur deux facteurs : les investissements publics dans des grands projets d’infrastructure et sur la consommation pour relancer l’économie. C’est cela son pari. À partir de là et peut-être avec l’échéance électorale, je ne m’attendais pas qu’il annonce des mesures à long terme. L’investissement public et la consommation ne sont pas soutenables sur le long terme », a-t-il déclaré.

Les deux invités partagent le même sentiment sur le manque d’initiatives du secteur privé. Le fiscaliste estime que ce n’est pas toujours évident pour l’État de trouver des idées pour aider certains secteurs à se développer. « Nous ne pouvons faire abstraction du rôle du secteur privé pour trouver ses propres solutions. Le gouvernement a sa part à jouer, mais le secteur privé est appelé à trouver son cheminement ».

Lindsay Rivière rappelle que, lors de la crise financière de 2008, l’État est intervenu pour soutenir le secteur privé à travers plusieurs plans d’aide. « En 2019, c’est toujours l’État qui soutient le développement économique en investissant massivement. Le secteur privé s’essouffle également. La majorité des investissements, soit environ 70 %, a été dirigée au profit de l’immobilier à travers les Smart Cities, entre autres. Il faut un marketing plus ciblé et non des Roadshows », a-t-il suggéré.

 

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