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Au Cœur de l’Info - Crise à la Banque de Maurice : plaidoyer pour une gouvernance renforcée

Les trois invités sur le plateau de Radio Plus, dans l’émission Au Cœur de l’Info.

L’émission « Au Cœur de l’Info » de lundi après-midi, animée par Priscilla Sadien et Anoop Dhookeeya, est revenue sur le choc provoqué par la démission de Gérard Sanspeur et le départ annoncé de Rama Sithanen de la Banque de Maurice (BoM). Les invités, Kaviraj Rookny, Faizal Jeerooburkhan et Jean-Luc Mootoosamy ont analysé cette crise institutionnelle.

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Intervenant en premier, Kaviraj Rookny, député et colistier de Navin Ramgoolam, a reconnu la gravité de la situation, tout en appelant à tourner la page rapidement. « La BoM est le régulateur suprême, la banque des banques. Quand il y a instabilité à ce niveau, ce n’est jamais bon pour le pays », a-t-il souligné. Selon lui, l’objectif prioritaire doit être de restaurer la stabilité afin de rassurer l’économie et les acteurs financiers. Il a rappelé que la loi de 2004 encadre strictement les missions de la Banque centrale, notamment la stabilité monétaire et financière, et que ces fondations doivent être protégées.

Le député a également insisté sur la gouvernance interne. « Le gouverneur n’est pas seul. Il y a un conseil d’administration, et chaque membre a son mot à dire. C’est ce fonctionnement collégial qui doit être renforcé », a-t-il ajouté. 

Pour Faizal Jeerooburkhan, membre du collectif Think Mauritius, cette crise illustre la force du contre-pouvoir citoyen. « Le public joue son rôle de chien de garde. Les voix des syndicats, des associations et de l’opinion publique ont pesé dans la balance », a-t-il déclaré. Selon lui, le Premier ministre a agi rapidement pour éviter un enlisement de la crise. 

Il pense que sans réforme des procédures de nomination, les mêmes problèmes risquent de se répéter. C’est pourquoi il plaide pour la mise en place urgente d’un Appointment Committee indépendant. Cet organe, déjà évoqué dans les programmes politiques, aurait pour mission de sélectionner, sur la base du mérite et de l’intégrité, les dirigeants des institutions clés. « Tant que les nominations seront perçues comme politiques, la confiance restera fragile », a-t-il estimé.

« Une lassitude du public »

Le journaliste et directeur de Media Expertise, Jean-Luc Mootoosamy a, de son côté, exprimé une « grande lassitude » face à cette affaire qui traîne depuis plusieurs mois. Avec des mots forts, il a comparé la situation à « un locataire qui refuse de quitter les lieux, malgré l’ordre d’expulsion ». Selon lui, la gestion hésitante du départ de Rama Sithanen a alimenté la méfiance. « Les Mauriciens sont avertis, ils réfléchissent. Quand ils voient qu’on tente de manipuler l’opinion publique, ils réagissent », a-t-il observé.

Le journaliste a toutefois nuancé le débat, reconnaissant que Rama Sithanen possède un long « track record » et des compétences indéniables en économie et en gestion. Cependant, estime-t-il, les interférences extérieures et les affaires familiales ont rendu sa position intenable. « Défendre l’indéfendable a fini par miner sa crédibilité », a soutenu Jean-Luc Mootoosamy.

Le défi des successeurs

Si le départ de Gérard Sanspeur a été immédiat, celui du gouverneur semble plus complexe, lié à des conditions contractuelles et à son rôle parallèle à la tête du board de la Financial Services Commission. Selon Faizal Jeerooburkhan, il est probable que des discussions soient en cours autour d’un « golden handshake ». Mais, pour lui, le plus important reste la nomination de dirigeants capables de redonner confiance. « Il faut des personnes neutres, compétentes, respectées. Sinon, dans quelques années, nous serons confrontés à la même crise », dit-il.

Tous les invités se sont accordés sur un point : la nécessité de restaurer la sérénité au sein de la BoM, tant pour ses employés que pour l’économie dans son ensemble. La BoM, qui gère la stabilité monétaire, les réserves en devises, et supervise le secteur bancaire, est au cœur de la vie quotidienne des Mauriciens. « Derrière les bilans, ce sont les employés qui souffrent quand l’institution est secouée », a rappelé Jean-Luc Mootoosamy. 

Kaviraj Rookny a, pour sa part, insisté sur l’importance de tirer des leçons de cette crise. 

« Cela doit nous amener à renforcer la bonne gouvernance dans toutes nos institutions », a-t-il fait ressortir.

 

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