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Au cœur de l’info : appel à la responsabilité citoyenne pour prévenir d’autres inondations

prem vinesh Prem Saddul et Vinesh Chintaram.

« Nous sommes condamnés à avoir des inondations », indique le géomorphologue Prem Saddul. Il est intervenu lors de l’émission ‘Au cœur de l’info’ animée par Ruth Ragessur et Patrick Hilbert, sur Radio Plus. Y ont aussi participé Vinesh Chintaram, Ashraf Buxoo, Dharmendra Ellayah et Ashan Purmessur.

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Le géomorphologue Prem Saddul ne passe pas par quatre chemins suite aux évènements du week-end : « Nous sommes condamnés à avoir des inondations. » En cause, le changement climatique qui engendre des conditions météorologiques extrêmes et des inondations instantanées qu’il est difficile de gérer. Mais il n’y a pas que cela. Il y a aussi les permis de construction donnés à gauche et à droite dans les zones où il ne le faudrait pas, comme à Butte-aux-Papayes et Mont-Piton, a-t-il affirmé. Cette pratique doit cesser, a insisté Prem Saddul. 

Il n’y aurait pas dû avoir autant de nouvelles constructions à Terre-Rouge également, a ajouté le géomorphologue. La terre est en argile et imperméable, ce qui fait que quand elle est trempée l’eau reste en surface au lieu d’être absorbée. Prem Saddul a aussi préconisé qu’une étude soit effectuée sur le comportement des rivières en temps de pluie et que les lits des rivières soient élargis, là où cela s’avère nécessaire. 
Il a également déploré l’incivisme de certains Mauriciens qui jettent leurs ordures n’importe où. « Les drains et les rivières sont devenus des courroies de transmission des ordures. Il faut éduquer la population », a-t-il soutenu. 

Vinesh Chintaram, architecte-urbaniste, a pointé du doigt l’urbanisation à outrance qui perdure à Maurice. Il a déploré la mauvaise planification, tant pour la construction des maisons que des routes. Comme Prem Saddul, il a cité l’inondation que le village de Terre-Rouge a connue. Selon lui, il y a eu la construction de maisons partout, avec des barrages sans aucune provision pour évacuer l’eau. C’est pourquoi, il y a eu des bassins un peu partout dans la région. «Dans les régions urbaines, des actions spontanées ont été prises au lieu de solutions à longs termes.» 

‘N’importe où n’importe comment’

À son avis, il faut des infrastructures qui répondent aux besoins actuels. Il a aussi préconisé un changement de mentalité de la population. «Certains ont tendance à défier les règlements en construisant n’importe où n’importe comment, sans penser au bien commun. Les autorités doivent sensibiliser la population afin de prévenir les inondations», a-t-il déclaré. Pour l’architecte-urbaniste, il faut des personnes qualifiées pour édicter des règles de développement appropriées et prévenir les laisser-aller. 

Vinesh Chintaram a aussi préconisé une meilleure gestion de l’espace de construction. Il s’est demandé s’il y a une planification de manière réfléchie et durable. Il a aussi affirmé que les torts sont partagés quand il y a un problème comme celui que le pays a connu durant le week-end. Il a fait appel à la responsabilité citoyenne pour un meilleur respect des lois, car il est trop facile, dit-il, de blâmer les autorités, alors qu’on est peut-être responsable d’une situation. 

« Certaines régions sont saturées par l’excès de développement », souligne-t-il. «Est-ce aue ces nouvelles constructions sont conformes aux normes?» 

Les sapeurs-pompiers manquent de ressources humaines et de matériel, devait affirmé Ashraf Buxoo président du syndicat des pompiers. Il déplore la mauvaise gestion du personnel, dimanche, alors qu’il y avait un manque cruel d’effectif sur le terrain. Il a indiqué que  sur les 934 sapeurs-pompiers que compte la Mauritius Rescue and Fire Services, seuls 200 étaient de service le dimanche 17 février. Pour lui, ceux qui étaient de garde auraient dû être appelés en renfort, afin d’épauler leurs collègues. « Ce n’était pas évident de répondre à tous les appels », a-t-il soutenu. Et d’affirmer que les sapeurs-pompiers ont effectué 88 interventions. « Nous avons fait le maximum pour aider le public et nous avons atteint notre but », a-t-il affirmé. 

Toutefois, il a souligné que ce département manque de personnel et qu’il faudrait doubler les effectifs. Il en est de même pour la Swift Water Rescue Unit qui a été très sollicitée. Ashraf  Buxoo a plaidé pour plus d’équipements et de matériels adéquats pour que les pompiers puissent intervenir lors des inondations. 

Dharmendra Ellayah, Disaster Response Officer au National Disaster Risk Reduction Centre, a affirmé que tout a été mis en œuvre pour répondre aux appels du public. Des dispositions ont été prises dans diverses régions en fonction des prévisions de la station météorologique. 

«Cependant, les grosses pluies qui se sont abattues sur l’île en peu de temps dans diverses régions ont quelque peu gêné les opérations», a-t-il expliqué. «Les éléments de la Special Mobile Force et les sapeurs-pompiers ont travaillé en étroite collaboration pour porter secours aux automobilistes coincés dans leur véhicule. Il y a aussi eu des interventions chez des particuliers dont les maisons avaient été envahies par l’eau.» 

Ashan Purmessur, spécialiste en Flood Management, a, pour sa part, soutenu que d’autres alternatives devraient être trouvées pour protéger la population. Selon lui, les drains qui ont été aménagés n’ont pas donné les résultats escomptés. Il a préconisé l’installation de barrières mobiles dans les zones à risque, aussitôt que cela s’avère nécessaire. Il estime que cela pourrait contribuer à protéger la population de la furie des eaux lors des fortes averses. 

 

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